Dossier par Philippe Escalier
“Les Vérités vraies”
Présentation de quatre fidèles parmi les fidèles
On aura rarement autant ri à un enterrement ! Pourtant, ce
ne sont pas les choses graves qui manquent. Réunie pour mettre en terre grand-père, une famille vit - l'espace d'une journée - à l'heure des règlements de comptes. Les langues se délient, tout y passe : parents, couple, frères et sœurs, amis et amants, la tornade "vérité" n'épargnera personne.
ne sont pas les choses graves qui manquent. Réunie pour mettre en terre grand-père, une famille vit - l'espace d'une journée - à l'heure des règlements de comptes. Les langues se délient, tout y passe : parents, couple, frères et sœurs, amis et amants, la tornade "vérité" n'épargnera personne.
À l'aise dans la comédie de mœurs, Didier Caron sait sonder les âmes. L'auteur éprouve pour son prochain une empathie certaine et les défauts de ses personnages sont autant d'atouts pour dérider le public. De sa première pièce, Un vrai bonheur - elle a fait un "tabac" -, il a tiré un premier film qui sort dans quelques semaines. Fidèle en amitié, l'homme s'est entouré d'une vraie famille de comédiens. Fait notable, les acteurs de la pièce sont aussi ceux du film. Ils constituent également l'épine dorsale des Vérités vraies à l'affiche du théâtre Fontaine depuis trois mois. Le public est à nouveau au rendez-vous, séduit par ce texte vivant, servi par une équipe de choc : Véronique Barrault, Jessica Borio, Catherine Eckerlé, Marie-Hélène Lentini, Françoise Lépine, Denis et Pierre-Jean Cherer, Pierre Chevallier, Thierry Heckendom.
Marie-Hélène Lentini
Le regard vif, un sourire toujours au coin des lèvres, elle allume une grande cigarette. Avant de retourner sur scène déclencher les rires, elle répond avec beaucoup de sérieux à quelques questions. Un nom d'origine sicilienne, née à Marseille, élevée à Perpignan, Marie-Hélène Lentini fait le conservatoire de Toulouse avant de suivre les cours d'Yves Pignot à Paris. Depuis, elle a participé à de belles aventures entre copains, sans craindre de se retrouver seule en scène, comme il y a six ans, au Point-Virgule puis au Trévise, avec La Reine de la nuit. Ce one-woman-show se révélera très instructif sur les recettes du comique. Un registre qu'elle maîtrise à la perfection mais où elle ne s'enferme pas : elle a aussi joué d'autres auteurs tels Racine ou Edouardo De Filippo. Si elle a délaissé la caméra par manque de temps, elle tourne néanmoins avec Élisabeth Rappeneau Un potager pour deux, et avec Gérard Jugnot Monsieur Batignole. Pour TF1, dans Mademoiselle Navarro, elle incarne la secrétaire du cabinet d'avocats. Marie-Hélène Lentini s'épanouit dans les rôles que lui écrit Didier Caron. "Je serais bien en peine de servir la soupe à des têtes d'affiche, cela m'énerverait. Il faut bien avouer que les femmes restent souvent au second plan au théâtre." Et d'ajouter qu'avec Didier, aucun personnage n'est subalterne. Après les habits d'une déprimée chronique, elle a revêtu ceux d'une mère juive qui exaspère son mari à longueur de journée. "L'humanité des autres est toujours intéressante, je ne joue pas seulement une femme agaçante !" La preuve ? L'auteur lui a rajouté une scène "de détente" où Marie-Hélène Lentini chante une chanson de Mike Brant. Un grand moment au cours duquel le plateau a bien du mal à ne pas rire avec le public.
Françoise Lépine
Ne surtout pas être cataloguée ! Françoise Lépine craint les étiquettes. Pour garder sa liberté, cette grande femme blonde a interrompu toute activité théâtrale pendant cinq ans. "En France, on vous met dans une boîte, ensuite, impossible d'en sortir !" C'est pourquoi elle se consacre au cinéma ou aux tournages de pubs. Elle apparaît notamment dans Arsène Lupin ; Belphégor ; Sept ans de mariage. À la télé, dans SOS 18, elle tient un rôle récurrent de bourge malheureuse, aigrie et odieuse qu'elle affectionne tout particulièrement. Les Montana de Benoît d'Aubert sont aussi "très sympas et très différents à faire". Depuis quelques jours, Françoise Lépine travaille avec Danièle Thompson - "un vrai régal !" -, qui lui a confié dans Fauteuils d'orchestre, le rôle d'une actrice (ratée), directrice de casting
chargée du film de Sydney Pollack "que je vais suivre comme un petit chien durant toutes
mes scènes !".
Didier Caron, elle le connaît depuis "des temps immémoriaux !". Ensemble, ils ont joué Le Bébé avec l'eau du bain au Mélo d'Amélie, puis en Avignon. Le hasard lui fait interpréter Zoé, jeune femme écolo et baba cool, l'actrice pressentie étant tombée enceinte. "Je suis nature, positive et bonne fille, cela me change de ce que je fais d'habitude !" Les personnages un peu complexes, difficiles à classer, ont toujours eu sa préférence. "Maintenant, j'aimerais beaucoup endosser un rôle vraiment tragique et aussi interprèter du Tchekhov», et d'ajouter : «Vous avez remarqué ? On prend moins au sérieux les acteurs de comédie !" Cela dit, Françoise Lépine a toujours été comblée par ses personnages. Et à l'instar de ses camarades, elle avoue une véritable faiblesse pour l'univers de Didier Caron : "On travaille dans une ambiance
exceptionnelle. Tourner Un vrai bonheur, c'était presque des vacances, même si l'on a travaillé jour et nuit pendant six semaines !"
Denis Cherer
La carrière de Denis Cherer a partie liée avec celle de son frère, Pierre-Jean. Entre 1993 et 1994, ils font l'affiche du Dix-Heures avec J'élève seul mon frère racontant la journée de deux sans-abri. L'un est un pur clochard, l'autre un peu plus stylé. Denis jouait le second, son allure de gendre idéal lui faisant souvent hériter des rôles en costume. Toujours avec son frère, il participe à une émission sur Europe 1 et à la quotidienne de La Classe au temps de sa splendeur. Leur duo a duré dix ans. Comme un couple, l'envie de se séparer est arrivée, "on en avait ras-le-bol !". Sachant qu'il s'agit là d'une vraie fausse zizanie, Didier Caron prend plaisir à les réunir et, depuis trois ans, ils travaillent de nouveau ensemble. Au Fontaine, ils interprètent deux frères, aussi opposés que possible.
Dans sa course en solitaire, Denis Cherer a joué Clerambard de Marcel Aymé avec Jean-Pierre Marielle. Il a aussi tourné des séries, des films comme Les gens qui s'aiment de Jean-Charles Tachella ou La Divine Poursuite de Michel Deville. Son goût pour le théâtre remonte à loin. "Quand on était frangins - gamins - (précise-t-il en corrigeant son lapsus), nous regardions 'Au théâtre ce soir'. Avant de pouvoir aller dans les salles, c'était nos premiers spectacles !" Pour ce qui est de l'avenir, il travaille sur un projet avec Claire Maurier retraçant la fin de la Belle Otero. Pièce tragi-comique à deux personnages, il y tient le rôle d'un sous-directeur des bains de mer de Monaco. Ce spectacle lui tient à cœur, tout comme Un dimanche de plomb qu'il a écrit avec Pierre-Jean et qu'il a envie de rejouer dans la mise en scène de Christophe Correia. L'histoire des frères Cherer est donc loin d'être terminée.
Véronique Barrault
Jeune comédienne, elle commence par le café-théâtre, avec la troupe du Café de la gare. «C'est une bonne école : on apprend à se débrouiller pour écrire et monter son spectacle. On se bagarre et l'on fait tout avec ses petites mains !» Connaissant Didier Caron depuis au moins quinze ans, c'est en 2000, que cette brune sensuelle entame avec lui un travail d'assistante à la mise en scène dans Plus vraie que nature. La direction d'acteurs, l'écriture et l'élaboration d'un spectacle l'ont toujours attirée : "Ma première pièce, je l'ai montée au CM2, c'était 'La Belle au bois bormant' !" On a vu Véronique Barrault dans L'Ex-Femme de ma vie de Josiane Balasko, Les Gens d'en face d'Hugues Whitmore à la Gaîté-Montparnasse ou encore Les Aventures de Dieu écrites par François Cavanna. Autre chose ? Quelques secondes d'hésitation, elle se tourne vers Marie-Hélène Lentini, assise à ses côtés qui vient à sa rescousse en lui rappelant L'Assemblée des femmes et Le Sexe faible mis en scène respectivement par Jean-Luc Tardieu et Jean-Claude Brialy. Au cinéma, elle vient de finir Palais royal ! de Valérie Lemercier qui sort en octobre, ainsi que L'Enfer de Danis Tanovic. Les Vérités vraies, en bonne comédie, sont parfaitement rythmées, ne laissant aucune place à l'improvisation. Véronique Barrault souligne que c'est la salle qui apporte parfois son lot de surprises. "Les gens commentent, ils font des réflexions sur certaines répliques ! Quand j'embrasse ma partenaire, il y a parfois quelques réactions... !" Mais dans l'ensemble, tout se passe bien. Didier Caron n'a pas voulu apporter un éclairage particulier sur l'homosexualité. Il montre juste deux êtres qui s'aiment !
Pour finir, retour sur Un vrai bonheur qui a durablement marqué cette troupe. "La tournée en province était géniale. Le public, content que l'on vienne vers lui, nous a réservé un accueil incroyable. On s'est régalé ! Vous savez, les gens se reconnaissent dans les pièces de Didier Caron."
Marie-Hélène Lentini
Le regard vif, un sourire toujours au coin des lèvres, elle allume une grande cigarette. Avant de retourner sur scène déclencher les rires, elle répond avec beaucoup de sérieux à quelques questions. Un nom d'origine sicilienne, née à Marseille, élevée à Perpignan, Marie-Hélène Lentini fait le conservatoire de Toulouse avant de suivre les cours d'Yves Pignot à Paris. Depuis, elle a participé à de belles aventures entre copains, sans craindre de se retrouver seule en scène, comme il y a six ans, au Point-Virgule puis au Trévise, avec La Reine de la nuit. Ce one-woman-show se révélera très instructif sur les recettes du comique. Un registre qu'elle maîtrise à la perfection mais où elle ne s'enferme pas : elle a aussi joué d'autres auteurs tels Racine ou Edouardo De Filippo. Si elle a délaissé la caméra par manque de temps, elle tourne néanmoins avec Élisabeth Rappeneau Un potager pour deux, et avec Gérard Jugnot Monsieur Batignole. Pour TF1, dans Mademoiselle Navarro, elle incarne la secrétaire du cabinet d'avocats. Marie-Hélène Lentini s'épanouit dans les rôles que lui écrit Didier Caron. "Je serais bien en peine de servir la soupe à des têtes d'affiche, cela m'énerverait. Il faut bien avouer que les femmes restent souvent au second plan au théâtre." Et d'ajouter qu'avec Didier, aucun personnage n'est subalterne. Après les habits d'une déprimée chronique, elle a revêtu ceux d'une mère juive qui exaspère son mari à longueur de journée. "L'humanité des autres est toujours intéressante, je ne joue pas seulement une femme agaçante !" La preuve ? L'auteur lui a rajouté une scène "de détente" où Marie-Hélène Lentini chante une chanson de Mike Brant. Un grand moment au cours duquel le plateau a bien du mal à ne pas rire avec le public.
Françoise Lépine
Ne surtout pas être cataloguée ! Françoise Lépine craint les étiquettes. Pour garder sa liberté, cette grande femme blonde a interrompu toute activité théâtrale pendant cinq ans. "En France, on vous met dans une boîte, ensuite, impossible d'en sortir !" C'est pourquoi elle se consacre au cinéma ou aux tournages de pubs. Elle apparaît notamment dans Arsène Lupin ; Belphégor ; Sept ans de mariage. À la télé, dans SOS 18, elle tient un rôle récurrent de bourge malheureuse, aigrie et odieuse qu'elle affectionne tout particulièrement. Les Montana de Benoît d'Aubert sont aussi "très sympas et très différents à faire". Depuis quelques jours, Françoise Lépine travaille avec Danièle Thompson - "un vrai régal !" -, qui lui a confié dans Fauteuils d'orchestre, le rôle d'une actrice (ratée), directrice de casting
chargée du film de Sydney Pollack "que je vais suivre comme un petit chien durant toutes
mes scènes !".
Didier Caron, elle le connaît depuis "des temps immémoriaux !". Ensemble, ils ont joué Le Bébé avec l'eau du bain au Mélo d'Amélie, puis en Avignon. Le hasard lui fait interpréter Zoé, jeune femme écolo et baba cool, l'actrice pressentie étant tombée enceinte. "Je suis nature, positive et bonne fille, cela me change de ce que je fais d'habitude !" Les personnages un peu complexes, difficiles à classer, ont toujours eu sa préférence. "Maintenant, j'aimerais beaucoup endosser un rôle vraiment tragique et aussi interprèter du Tchekhov», et d'ajouter : «Vous avez remarqué ? On prend moins au sérieux les acteurs de comédie !" Cela dit, Françoise Lépine a toujours été comblée par ses personnages. Et à l'instar de ses camarades, elle avoue une véritable faiblesse pour l'univers de Didier Caron : "On travaille dans une ambiance
exceptionnelle. Tourner Un vrai bonheur, c'était presque des vacances, même si l'on a travaillé jour et nuit pendant six semaines !"
Denis Cherer
La carrière de Denis Cherer a partie liée avec celle de son frère, Pierre-Jean. Entre 1993 et 1994, ils font l'affiche du Dix-Heures avec J'élève seul mon frère racontant la journée de deux sans-abri. L'un est un pur clochard, l'autre un peu plus stylé. Denis jouait le second, son allure de gendre idéal lui faisant souvent hériter des rôles en costume. Toujours avec son frère, il participe à une émission sur Europe 1 et à la quotidienne de La Classe au temps de sa splendeur. Leur duo a duré dix ans. Comme un couple, l'envie de se séparer est arrivée, "on en avait ras-le-bol !". Sachant qu'il s'agit là d'une vraie fausse zizanie, Didier Caron prend plaisir à les réunir et, depuis trois ans, ils travaillent de nouveau ensemble. Au Fontaine, ils interprètent deux frères, aussi opposés que possible.
Dans sa course en solitaire, Denis Cherer a joué Clerambard de Marcel Aymé avec Jean-Pierre Marielle. Il a aussi tourné des séries, des films comme Les gens qui s'aiment de Jean-Charles Tachella ou La Divine Poursuite de Michel Deville. Son goût pour le théâtre remonte à loin. "Quand on était frangins - gamins - (précise-t-il en corrigeant son lapsus), nous regardions 'Au théâtre ce soir'. Avant de pouvoir aller dans les salles, c'était nos premiers spectacles !" Pour ce qui est de l'avenir, il travaille sur un projet avec Claire Maurier retraçant la fin de la Belle Otero. Pièce tragi-comique à deux personnages, il y tient le rôle d'un sous-directeur des bains de mer de Monaco. Ce spectacle lui tient à cœur, tout comme Un dimanche de plomb qu'il a écrit avec Pierre-Jean et qu'il a envie de rejouer dans la mise en scène de Christophe Correia. L'histoire des frères Cherer est donc loin d'être terminée.
Véronique Barrault
Jeune comédienne, elle commence par le café-théâtre, avec la troupe du Café de la gare. «C'est une bonne école : on apprend à se débrouiller pour écrire et monter son spectacle. On se bagarre et l'on fait tout avec ses petites mains !» Connaissant Didier Caron depuis au moins quinze ans, c'est en 2000, que cette brune sensuelle entame avec lui un travail d'assistante à la mise en scène dans Plus vraie que nature. La direction d'acteurs, l'écriture et l'élaboration d'un spectacle l'ont toujours attirée : "Ma première pièce, je l'ai montée au CM2, c'était 'La Belle au bois bormant' !" On a vu Véronique Barrault dans L'Ex-Femme de ma vie de Josiane Balasko, Les Gens d'en face d'Hugues Whitmore à la Gaîté-Montparnasse ou encore Les Aventures de Dieu écrites par François Cavanna. Autre chose ? Quelques secondes d'hésitation, elle se tourne vers Marie-Hélène Lentini, assise à ses côtés qui vient à sa rescousse en lui rappelant L'Assemblée des femmes et Le Sexe faible mis en scène respectivement par Jean-Luc Tardieu et Jean-Claude Brialy. Au cinéma, elle vient de finir Palais royal ! de Valérie Lemercier qui sort en octobre, ainsi que L'Enfer de Danis Tanovic. Les Vérités vraies, en bonne comédie, sont parfaitement rythmées, ne laissant aucune place à l'improvisation. Véronique Barrault souligne que c'est la salle qui apporte parfois son lot de surprises. "Les gens commentent, ils font des réflexions sur certaines répliques ! Quand j'embrasse ma partenaire, il y a parfois quelques réactions... !" Mais dans l'ensemble, tout se passe bien. Didier Caron n'a pas voulu apporter un éclairage particulier sur l'homosexualité. Il montre juste deux êtres qui s'aiment !
Pour finir, retour sur Un vrai bonheur qui a durablement marqué cette troupe. "La tournée en province était géniale. Le public, content que l'on vienne vers lui, nous a réservé un accueil incroyable. On s'est régalé ! Vous savez, les gens se reconnaissent dans les pièces de Didier Caron."
Paru le 04/05/2005