Interview par François Varlin
Damien Thévenot
Sincérité et spontanéité
Passionné de théâtre et de chanson française, Damien Thévenot n'est pas devenu comédien, ni chanteur. Il a choisi d'approcher les artistes d'une autre manière. Journaliste, animateur de télévision et de radio, ses chroniques n'ont qu'un but, donner envie d'aller au spectacle.
Diplômé de Sciences Po et spécialisé en économie-finance, vous sembliez promis à un autre type de journalisme...
J'ai en fait toujours baigné dans le milieu du spectacle, mon père est depuis quarante ans directeur d'une troupe de théâtre amateur. Gamin, j'étais déjà sur les planches, comme d'autres font de la chorale ou du judo... Mais je n'ai jamais cherché à en faire mon métier ; je voulais être journaliste. J'ai donc suivi pas mal d'études pour le devenir mais avec, dans un coin de ma tête, l'envie d'évoluer dans le milieu du théâtre. C'était une passion, et maintenant, c'est devenu mon travail. Avec ma formation, on m'a affecté logiquement au service économie de France 2. J'y ai appris à travailler vite, à aller à l'essentiel, mais je m'y ennuyais royalement. William Leymergie m'a offert la chance d'animer une chronique culturelle quotidienne. Je ne me considère pas comme un acteur raté dans le sens où je n'ai jamais cherché à être acteur.
Peut-on mesurer l'impact de la promotion télé en faveur du théâtre ?
En télé, il y a tout : le son, l'image, l'ambiance. C'est immédiat... Je ne peux que me référer à l'émission pour laquelle je travaille C'est au programme. Si beaucoup d'attachés de presse tiennent à ce que leurs artistes, et pas les plus petits, viennent chez nous bien qu'il faille se lever tôt le matin, c'est que l'impact est réel et ils le savent. Il y a, bien sûr, le pouvoir de l'image, mais surtout la conviction avec laquelle on parle d'un spectacle. Lorsque je m'engage, que je regarde la caméra en disant "allez-y, j'ai adoré", il paraît qu'un résultat se fait sentir. C'est la sincérité.
Quelle est la particularité de votre émission ?
Notre émission, avec Télématin, est une de celles qui fait la part la plus belle au théâtre. Dans d'autres programmes, on invite des comédiens, on les fait participer à tout et n'importe quoi et en fin d'émission, on montre vite leur affiche, mais au bout du compte, on n'a pas parlé de théâtre. Chez nous, les acteurs ont le temps de parler de leur métier. Georges Terrey - directeur des théâtres privés - me dit toujours que nous sommes ses meilleurs alliés : nous avons un public qui sort. Dans le jargon, nous sommes une émission "qui donne envie d'aller au théâtre" sans toutefois et j'insiste, être des VRP bêtes et disciplinés. On aime, on le dit, on n'aime pas, on n'invite pas. Sophie Davant et moi avons souvent les mêmes goûts... En direct, elle ne sait pas ce que je vais dire exactement, je ne sais pas comment elle va réagir... Ça donne beaucoup de spontanéité, on ne répète pas à l'avance, nous n'avons pas de prompteur. Je sais que les artistes apprécient...
Est-ce difficile de faire passer le théâtre à la télé ?
Le théâtre, c'est au théâtre qu'il faut le vivre. J'ai quelques souvenirs de comédiens qui avaient des craintes lors des tournages et qui ont été dithyrambiques en plateau ! Oui il est possible de montrer du théâtre à la télévision, sans pour autant tout dévoiler. Évidemment, si l'on ne diffuse qu'un pauvre extrait mal filmé, sans rythme, c'est sûr que cela desservira la pièce, mais je ne suis pas de ceux qui disent que la télé assassine le théâtre. J'essaie de faire des reportages construits qui mettent en valeur l'œuvre. Une heure d'images et une journée de montage sont nécessaires pour un résultat de trois minutes !
Vous êtes aussi dans l'équipe de Stéphane Bern sur France Inter dans l'émission Le Fou du roi.
Stéphane adore aussi le théâtre et le met également en valeur. Sur Inter, j'écoute, je réagis, je donne mon avis... Là pour le coup, il n'y a pas d'images, mais c'est la conviction qui doit traverser les ondes. Joëlle Goron et moi sommes tellement habités lorsque nous défendons un spectacle qu'on s'enflamme comme des gamins. Jamais on ne me verra dire que j'ai adoré parce que c'est un copain qui participe au spectacle. Lorsque je m'investis, je suis sincère. À France Inter, je suis peut-être plus critique qu'à France 2 parce que c'est le style de l'émission. Mais si la mode dans certaines émissions est de casser l'invité, je ne me situe jamais dans cette perspective.
Votre regard de journaliste télé sur la Nuit des Molière ?
J'ai trouvé cette soirée triste et ennuyeuse. On a eu une soirée poussive, avec des discours interminables, des intermèdes mortels et l'éternel intermittent qui vient interpeller le ministre... Bien sûr, il y a des problèmes, mais ce soir-là, ce doit être une fête. Dans les mariages, le prêtre ne vient pas au milieu de la cérémonie parler des problèmes de fuite du toit de l'église ! C'est dommage car le service public offre une soirée entière sur le théâtre, à 20 h 50... Il faut montrer au public combien cet art est vecteur d'émotions... J'ai des tonnes d'idées et je veux bien mettre en scène les prochains Molière. Cette année, j'ai trouvé l'idée du duo Leymergie-Ruquier très bonne, ils se complètent, ils ont tous les deux une excellente culture mais le public était froid et dénué d'humour. D'autre part, on remet parfois des prix à des spectacles dont on a à peine entendu parler, tandis que ceux qui font des cartons n'ont même pas une nomination... J'ai le sentiment que le choix du public semble, comme aux César, parfois éloigné de celui de la profession. Il faudrait un juste milieu entre spectacle populaire et spectacle plus intello. Je suis peiné de voir la direction que certains font prendre à cette soirée.
J'ai en fait toujours baigné dans le milieu du spectacle, mon père est depuis quarante ans directeur d'une troupe de théâtre amateur. Gamin, j'étais déjà sur les planches, comme d'autres font de la chorale ou du judo... Mais je n'ai jamais cherché à en faire mon métier ; je voulais être journaliste. J'ai donc suivi pas mal d'études pour le devenir mais avec, dans un coin de ma tête, l'envie d'évoluer dans le milieu du théâtre. C'était une passion, et maintenant, c'est devenu mon travail. Avec ma formation, on m'a affecté logiquement au service économie de France 2. J'y ai appris à travailler vite, à aller à l'essentiel, mais je m'y ennuyais royalement. William Leymergie m'a offert la chance d'animer une chronique culturelle quotidienne. Je ne me considère pas comme un acteur raté dans le sens où je n'ai jamais cherché à être acteur.
Peut-on mesurer l'impact de la promotion télé en faveur du théâtre ?
En télé, il y a tout : le son, l'image, l'ambiance. C'est immédiat... Je ne peux que me référer à l'émission pour laquelle je travaille C'est au programme. Si beaucoup d'attachés de presse tiennent à ce que leurs artistes, et pas les plus petits, viennent chez nous bien qu'il faille se lever tôt le matin, c'est que l'impact est réel et ils le savent. Il y a, bien sûr, le pouvoir de l'image, mais surtout la conviction avec laquelle on parle d'un spectacle. Lorsque je m'engage, que je regarde la caméra en disant "allez-y, j'ai adoré", il paraît qu'un résultat se fait sentir. C'est la sincérité.
Quelle est la particularité de votre émission ?
Notre émission, avec Télématin, est une de celles qui fait la part la plus belle au théâtre. Dans d'autres programmes, on invite des comédiens, on les fait participer à tout et n'importe quoi et en fin d'émission, on montre vite leur affiche, mais au bout du compte, on n'a pas parlé de théâtre. Chez nous, les acteurs ont le temps de parler de leur métier. Georges Terrey - directeur des théâtres privés - me dit toujours que nous sommes ses meilleurs alliés : nous avons un public qui sort. Dans le jargon, nous sommes une émission "qui donne envie d'aller au théâtre" sans toutefois et j'insiste, être des VRP bêtes et disciplinés. On aime, on le dit, on n'aime pas, on n'invite pas. Sophie Davant et moi avons souvent les mêmes goûts... En direct, elle ne sait pas ce que je vais dire exactement, je ne sais pas comment elle va réagir... Ça donne beaucoup de spontanéité, on ne répète pas à l'avance, nous n'avons pas de prompteur. Je sais que les artistes apprécient...
Est-ce difficile de faire passer le théâtre à la télé ?
Le théâtre, c'est au théâtre qu'il faut le vivre. J'ai quelques souvenirs de comédiens qui avaient des craintes lors des tournages et qui ont été dithyrambiques en plateau ! Oui il est possible de montrer du théâtre à la télévision, sans pour autant tout dévoiler. Évidemment, si l'on ne diffuse qu'un pauvre extrait mal filmé, sans rythme, c'est sûr que cela desservira la pièce, mais je ne suis pas de ceux qui disent que la télé assassine le théâtre. J'essaie de faire des reportages construits qui mettent en valeur l'œuvre. Une heure d'images et une journée de montage sont nécessaires pour un résultat de trois minutes !
Vous êtes aussi dans l'équipe de Stéphane Bern sur France Inter dans l'émission Le Fou du roi.
Stéphane adore aussi le théâtre et le met également en valeur. Sur Inter, j'écoute, je réagis, je donne mon avis... Là pour le coup, il n'y a pas d'images, mais c'est la conviction qui doit traverser les ondes. Joëlle Goron et moi sommes tellement habités lorsque nous défendons un spectacle qu'on s'enflamme comme des gamins. Jamais on ne me verra dire que j'ai adoré parce que c'est un copain qui participe au spectacle. Lorsque je m'investis, je suis sincère. À France Inter, je suis peut-être plus critique qu'à France 2 parce que c'est le style de l'émission. Mais si la mode dans certaines émissions est de casser l'invité, je ne me situe jamais dans cette perspective.
Votre regard de journaliste télé sur la Nuit des Molière ?
J'ai trouvé cette soirée triste et ennuyeuse. On a eu une soirée poussive, avec des discours interminables, des intermèdes mortels et l'éternel intermittent qui vient interpeller le ministre... Bien sûr, il y a des problèmes, mais ce soir-là, ce doit être une fête. Dans les mariages, le prêtre ne vient pas au milieu de la cérémonie parler des problèmes de fuite du toit de l'église ! C'est dommage car le service public offre une soirée entière sur le théâtre, à 20 h 50... Il faut montrer au public combien cet art est vecteur d'émotions... J'ai des tonnes d'idées et je veux bien mettre en scène les prochains Molière. Cette année, j'ai trouvé l'idée du duo Leymergie-Ruquier très bonne, ils se complètent, ils ont tous les deux une excellente culture mais le public était froid et dénué d'humour. D'autre part, on remet parfois des prix à des spectacles dont on a à peine entendu parler, tandis que ceux qui font des cartons n'ont même pas une nomination... J'ai le sentiment que le choix du public semble, comme aux César, parfois éloigné de celui de la profession. Il faudrait un juste milieu entre spectacle populaire et spectacle plus intello. Je suis peiné de voir la direction que certains font prendre à cette soirée.
Paru le 19/08/2005