Interview par Manuel Piolat Soleymat
Julie Ferrier
“J’écris debout”
C'est la rentrée pour Julie Ferrier et ses personnages. Après son succès au Petit Palais des Glaces la saison dernière, direction place de Clichy pour la nouvelle coqueluche du one-woman-show. La comédienne prend ses quartiers d'automne à l'Européen et revient, avec nous, sur son parcours artistique.
Avant de faire de la comédie, vous avez été danseuse. Comment tout cela a-t-il commencé ?
J'ai débuté à l'âge de 9 ou 10 ans. Enfant, j'adorais jouer, me déguiser, je ne tenais pas en place. J'avais un surplus d'énergie qu'il me fallait extérioriser. La danse m'a d'abord servi à ça. Et puis, à 14 ans, après la rencontre d'un danseur professionnel, j'ai eu un flash total, un déclic. Je suis rentrée chez moi et j'ai dit à ma mère que je voulais devenir danseuse.
Comment a-t-elle réagi ?
Elle a tout de suite accepté. Il faut dire que ma mère était comédienne, elle-même enfant de comédiens. Je suis la septième génération d'acteurs dans la famille. Mon arrière-grand-père jouait avec Jouvet et mon arrière-grand-mère avec Max Linder. Ma mère a dû sentir que j'avais une vraie foi pour la danse, comme une foi religieuse. Je jubilais, le soir, à l'idée de danser le lendemain. Je suis entrée dans la danse comme on entre dans les ordres.
Et petit à petit, le théâtre a pris le dessus...
Oui. Dès que j'ai travaillé, vers 17 ans, j'ai eu la chance de faire des choses très différentes : des comédies musicales, de la danse-théâtre avec Decouflé, entre autres. J'ai fini par entrer au Conservatoire d'art dramatique et chez Jacques Lecoq, l'école de la vie ! Et puis ma plus belle rencontre : Alain Mollot, il y a quatre ans, qui m'a engagée dans sa compagnie, le Théâtre de la Jacquerie, collectif avec lequel j'ai adoré travailler.
Finalement, comment est né Aujourd'hui, c'est Ferrier ?
Parallèlement à la Jacquerie, je faisais des cabarets à l'espace Confluences, tous les dimanches. J'invitais des gens, on présentait des improvisations organisées. C'est là que j'ai créé quelques personnages que j'ai ensuite intégrés à mon spectacle. Et puis, un jour, on m'a demandé de monter un solo pour huit représentations. Un mois plus tard, mon one-woman-show était prêt. Isabelle Nanty est venue le voir et, par chance, a accepté de le mettre en scène. Quelle joie !
Vous créez donc vos personnages à partir d'improvisations ?
Oui, j'écris debout, comme Caubère, Mnouchkine, Shirley et Dino... J'improvise et j'ai quelqu'un qui relève ce que je fais. À la création, c'était Patrick de Valette. C'est une méthode de travail que je pratique depuis longtemps. Généralement, lorsqu'en sortant d'une improvisation je ne me souviens pas de ce que j'ai fait, c'est très bon signe. Ça veut dire que je me suis complètement laissée aller et qu'une sorte de magie a opéré. On est alors totalement immergé dans le jeu, c'est aussi intense que la plongée sous-marine...
L'une des originalités de votre spectacle tient dans les "fondus-enchaînés" grâce auxquels vous passez d'un personnage à l'autre. Est-ce un apport d'Isabelle Nanty ?
Tout à fait. Avant qu'on ne travaille ensemble, je faisais comme tout le monde : j'ouvrais des portes, je me mettais de dos, et hop ! je tournais la tête... Et là, Isabelle m'a dit : "Non, tu es de face, tu es Juliette et quand tu mets les lunettes, là tu deviens la mère !"
Juliette Ferrier, la protagoniste principale, c'est votre double ?
D'une certaine façon oui. Juliette, c'est à la fois moi et l'image que je pense avoir eue lorsque j'étais adolescente. J'ai grandi à Courbevoie, puis à Noisy-le-Grand. J'ai eu envie de lui donner une dimension très humaine, pour que le regard que l'on porte sur elle et la banlieue dépasse les clichés habituels.
Et le personnage de la mère, cette syndicaliste brut de décoffrage, c'est votre mère ?
(Rires) Non, pas du tout ! Ma mère a été mannequin chez Courrèges et Yves Saint Laurent ! C'est un canon ! Mais c'est vrai qu'elle a un côté écolo. Moi aussi d'ailleurs. Si je devais changer de vie, ce serait pour essayer de vivre en harmonie avec la nature...
J'ai débuté à l'âge de 9 ou 10 ans. Enfant, j'adorais jouer, me déguiser, je ne tenais pas en place. J'avais un surplus d'énergie qu'il me fallait extérioriser. La danse m'a d'abord servi à ça. Et puis, à 14 ans, après la rencontre d'un danseur professionnel, j'ai eu un flash total, un déclic. Je suis rentrée chez moi et j'ai dit à ma mère que je voulais devenir danseuse.
Comment a-t-elle réagi ?
Elle a tout de suite accepté. Il faut dire que ma mère était comédienne, elle-même enfant de comédiens. Je suis la septième génération d'acteurs dans la famille. Mon arrière-grand-père jouait avec Jouvet et mon arrière-grand-mère avec Max Linder. Ma mère a dû sentir que j'avais une vraie foi pour la danse, comme une foi religieuse. Je jubilais, le soir, à l'idée de danser le lendemain. Je suis entrée dans la danse comme on entre dans les ordres.
Et petit à petit, le théâtre a pris le dessus...
Oui. Dès que j'ai travaillé, vers 17 ans, j'ai eu la chance de faire des choses très différentes : des comédies musicales, de la danse-théâtre avec Decouflé, entre autres. J'ai fini par entrer au Conservatoire d'art dramatique et chez Jacques Lecoq, l'école de la vie ! Et puis ma plus belle rencontre : Alain Mollot, il y a quatre ans, qui m'a engagée dans sa compagnie, le Théâtre de la Jacquerie, collectif avec lequel j'ai adoré travailler.
Finalement, comment est né Aujourd'hui, c'est Ferrier ?
Parallèlement à la Jacquerie, je faisais des cabarets à l'espace Confluences, tous les dimanches. J'invitais des gens, on présentait des improvisations organisées. C'est là que j'ai créé quelques personnages que j'ai ensuite intégrés à mon spectacle. Et puis, un jour, on m'a demandé de monter un solo pour huit représentations. Un mois plus tard, mon one-woman-show était prêt. Isabelle Nanty est venue le voir et, par chance, a accepté de le mettre en scène. Quelle joie !
Vous créez donc vos personnages à partir d'improvisations ?
Oui, j'écris debout, comme Caubère, Mnouchkine, Shirley et Dino... J'improvise et j'ai quelqu'un qui relève ce que je fais. À la création, c'était Patrick de Valette. C'est une méthode de travail que je pratique depuis longtemps. Généralement, lorsqu'en sortant d'une improvisation je ne me souviens pas de ce que j'ai fait, c'est très bon signe. Ça veut dire que je me suis complètement laissée aller et qu'une sorte de magie a opéré. On est alors totalement immergé dans le jeu, c'est aussi intense que la plongée sous-marine...
L'une des originalités de votre spectacle tient dans les "fondus-enchaînés" grâce auxquels vous passez d'un personnage à l'autre. Est-ce un apport d'Isabelle Nanty ?
Tout à fait. Avant qu'on ne travaille ensemble, je faisais comme tout le monde : j'ouvrais des portes, je me mettais de dos, et hop ! je tournais la tête... Et là, Isabelle m'a dit : "Non, tu es de face, tu es Juliette et quand tu mets les lunettes, là tu deviens la mère !"
Juliette Ferrier, la protagoniste principale, c'est votre double ?
D'une certaine façon oui. Juliette, c'est à la fois moi et l'image que je pense avoir eue lorsque j'étais adolescente. J'ai grandi à Courbevoie, puis à Noisy-le-Grand. J'ai eu envie de lui donner une dimension très humaine, pour que le regard que l'on porte sur elle et la banlieue dépasse les clichés habituels.
Et le personnage de la mère, cette syndicaliste brut de décoffrage, c'est votre mère ?
(Rires) Non, pas du tout ! Ma mère a été mannequin chez Courrèges et Yves Saint Laurent ! C'est un canon ! Mais c'est vrai qu'elle a un côté écolo. Moi aussi d'ailleurs. Si je devais changer de vie, ce serait pour essayer de vivre en harmonie avec la nature...
Paru le 19/10/2005
JULIE FERRIER – " AUJOURD'HUI, C'EST FERRIER " THÉÂTRE DE L'EUROPÉEN Du mercredi 12 octobre 2005 au samedi 11 mars 2006
SKETCHES. De l’ado de banlieue à la prof de chant, de la gamine qui galère pour être vedette à l’éblouissante prof d’arts plastiques, chacun des personnages que Julie Ferrier fait vivre est juste, fin, tendre, drôle, grinçant, sans aucune retenue. Elle compose avec le destin, avec la pensée du personnage, e...
|