Interview par Philippe Escalier
Stéphan Druet met en scène “Toi c’est moi”
À l’Athénée
Stéphan Druet et le chef d'orchestre Benjamin Levy travaillent de concert dans la compagnie Les Brigands depuis plusieurs années. Après avoir monté trois Offenbach et "Ta Bouche", ils sont à nouveau réunis pour présenter "Toi c'est moi", leur nouvelle comédie musicale.
Stéphan Druet
Ce travailleur infatigable est l'un des metteurs en scène les plus doués de sa génération. Imaginatif, baroque, impertinent, homme de troupe rivé à son indépendance, Stéphan Druet a l'art de rendre formidablement limpides et divertissantes les œuvres auxquelles il s'attaque. Interview d'un homme très attaché au mélange des genres.
Je sais que c'est ardu, mais comment pourrait-on résumer vos débuts ?
Après le bac, j'ai été à l'École du Passage chez Niels Arestrup. Ma formation a continué ensuite avec Véra Gregh. J'ai appris le travail des clowns avec la troupe des Octavios que j'ai contribuée à fonder. J'ai suivi d'autres cours, croisé d'autres profs, monté la compagnie Mélocotton en 1993. Puis, j'ai fait le Conservatoire du 10e où, pour les copains qui m'avaient accompagné - car je ne peux travailler qu'avec des gens que j'aime -, j'ai écrit mon propre spectacle, Le Retour sans retard de Martin Tammart. Est venue ensuite la rencontre avec Loïc Boissier et l'équipe qui forme les Brigands. Barbe-Bleue a été notre premier enfant !
Revenons au tout dernier : que peut-on dire de Toi c'est moi ?
L'œuvre a été écrite en 1934 par Moïse Simons, un compositeur cubain venu travailler en France. Les lyrics sont d'Albert Willemetz. Elle est étonnante à plus d'un titre : airs de rumba, de conga - on retrouve le fameux duo des Palétuviers chanté par Pauline Carton à la création -, un livret bien écrit, et enfin, le sexe omniprésent. Comme dans Ta Bouche, on constate que l'époque ne connaissait pas de tabous et l'on entend, toujours sous forme d'allusions, des choses incroyablement osées. Pour finir, je dirais que nous l'avons créée dans un festival à Montreuil-sur-Mer et que l'immense travail d'adaptation musicale est signé par Thibault Perrine qui est un vrai petit génie.
Régulièrement vous abandonnez Les Brigands pour aller travailler de votre côté. Cette alternance vous enrichit ?
Oui, avec Les Brigands nous formons une équipe soudée, on se connaît très bien (on a monté ensemble plusieurs opérettes) et chacun sait ce que veut l'autre. C'est très agréable. Mais j'ai aussi besoin de travailler de mon côté, sur autre chose que la comédie musicale. Cet été, j'ai monté le Don Juan de Montherlant. En ce moment je travaille sur la mise en scène du prochain concert de Tancrède un chanteur que je trouve extraordinaire (il vient de sortir un nouvel album, voir www.tancrede.com, ndlr). Je m'intéresse à la pièce d'un très jeune auteur, Ariel Kenig. Et puis, j'ai aussi en tête un projet de long-métrage... sans parler du reste !
J'ai pu remarquer que perfectionniste, vous étiez sur vos spectacles en permanence ! Cela me semble indispensable. Je suis présent tous les soirs, je prends des notes, le lendemain on se réunit pour corriger le tir, éviter la routine, le décalage ou le cabotinage. Et puis une mise en scène, c'est vivant, cela s'adapte en permanence, c'est un travail de tous les jours !
Pour vous, le verbe divertir n'a rien de péjoratif ?
Non, tout au contraire. Je vois beaucoup de spectacles et souvent je m'ennuie. Il faut se rendre compte de ce qu'est notre tâche. Il ne s'agit pas seulement de se faire plaisir ou de satisfaire une petite minorité. Les gens qui viennent nous voir ont bossé, ils ont payé, tout doit être parfait afin que le public passe le meilleur moment possible. Chez moi, cela se traduit par un souci constant du rythme. Inlassablement, je répète aux comédiens "la patate, la patate !", il faut que ça décolle !
Benjamin Levy,
chef d'orchestre
Né en 1974, ce musicien décroche le premier prix de percussion du Conservatoire national supérieur de Musique de Lyon en 1997. Rejoignant celui de Paris, il intègre la classe de Michael Levinas, puis suit des cours de direction d'orchestre avant de partir compléter sa formation à Sienne avec l'Academia Chigiana. Assistant de Marc Minkowski à partir de 2000, il travaille avec lui Pelléas et Mélisande à l'Opéra de Leipzig, Leonore au Théâtre des Champs-Élysées, Mitridate à Salzbourg en 2005 et l'an prochain, Iphigénie en Tauride programmée par l'Opéra de Paris. Sa rencontre avec Loïc Boissier et Stéphan Druet l'amène à diriger toutes les créations musicales des Brigands depuis Barbe-Bleue. Conjointement à ses concerts en province et à l'étranger, il trouve le temps de participer à la fondation de l'Orchestre de chambre Pelléas. Cette formation au fonctionnement différent, foncièrement collégiale s'est produite à quatre reprises lors des Folles Journées de Nantes en 2005. Autre événement, Benjamin Levy va faire ses débuts à l'Opéra de Lyon dans Monsieur Choufleuri d'Offenbach mis en scène par Laurent Pelly.
Ce travailleur infatigable est l'un des metteurs en scène les plus doués de sa génération. Imaginatif, baroque, impertinent, homme de troupe rivé à son indépendance, Stéphan Druet a l'art de rendre formidablement limpides et divertissantes les œuvres auxquelles il s'attaque. Interview d'un homme très attaché au mélange des genres.
Je sais que c'est ardu, mais comment pourrait-on résumer vos débuts ?
Après le bac, j'ai été à l'École du Passage chez Niels Arestrup. Ma formation a continué ensuite avec Véra Gregh. J'ai appris le travail des clowns avec la troupe des Octavios que j'ai contribuée à fonder. J'ai suivi d'autres cours, croisé d'autres profs, monté la compagnie Mélocotton en 1993. Puis, j'ai fait le Conservatoire du 10e où, pour les copains qui m'avaient accompagné - car je ne peux travailler qu'avec des gens que j'aime -, j'ai écrit mon propre spectacle, Le Retour sans retard de Martin Tammart. Est venue ensuite la rencontre avec Loïc Boissier et l'équipe qui forme les Brigands. Barbe-Bleue a été notre premier enfant !
Revenons au tout dernier : que peut-on dire de Toi c'est moi ?
L'œuvre a été écrite en 1934 par Moïse Simons, un compositeur cubain venu travailler en France. Les lyrics sont d'Albert Willemetz. Elle est étonnante à plus d'un titre : airs de rumba, de conga - on retrouve le fameux duo des Palétuviers chanté par Pauline Carton à la création -, un livret bien écrit, et enfin, le sexe omniprésent. Comme dans Ta Bouche, on constate que l'époque ne connaissait pas de tabous et l'on entend, toujours sous forme d'allusions, des choses incroyablement osées. Pour finir, je dirais que nous l'avons créée dans un festival à Montreuil-sur-Mer et que l'immense travail d'adaptation musicale est signé par Thibault Perrine qui est un vrai petit génie.
Régulièrement vous abandonnez Les Brigands pour aller travailler de votre côté. Cette alternance vous enrichit ?
Oui, avec Les Brigands nous formons une équipe soudée, on se connaît très bien (on a monté ensemble plusieurs opérettes) et chacun sait ce que veut l'autre. C'est très agréable. Mais j'ai aussi besoin de travailler de mon côté, sur autre chose que la comédie musicale. Cet été, j'ai monté le Don Juan de Montherlant. En ce moment je travaille sur la mise en scène du prochain concert de Tancrède un chanteur que je trouve extraordinaire (il vient de sortir un nouvel album, voir www.tancrede.com, ndlr). Je m'intéresse à la pièce d'un très jeune auteur, Ariel Kenig. Et puis, j'ai aussi en tête un projet de long-métrage... sans parler du reste !
J'ai pu remarquer que perfectionniste, vous étiez sur vos spectacles en permanence ! Cela me semble indispensable. Je suis présent tous les soirs, je prends des notes, le lendemain on se réunit pour corriger le tir, éviter la routine, le décalage ou le cabotinage. Et puis une mise en scène, c'est vivant, cela s'adapte en permanence, c'est un travail de tous les jours !
Pour vous, le verbe divertir n'a rien de péjoratif ?
Non, tout au contraire. Je vois beaucoup de spectacles et souvent je m'ennuie. Il faut se rendre compte de ce qu'est notre tâche. Il ne s'agit pas seulement de se faire plaisir ou de satisfaire une petite minorité. Les gens qui viennent nous voir ont bossé, ils ont payé, tout doit être parfait afin que le public passe le meilleur moment possible. Chez moi, cela se traduit par un souci constant du rythme. Inlassablement, je répète aux comédiens "la patate, la patate !", il faut que ça décolle !
Benjamin Levy,
chef d'orchestre
Né en 1974, ce musicien décroche le premier prix de percussion du Conservatoire national supérieur de Musique de Lyon en 1997. Rejoignant celui de Paris, il intègre la classe de Michael Levinas, puis suit des cours de direction d'orchestre avant de partir compléter sa formation à Sienne avec l'Academia Chigiana. Assistant de Marc Minkowski à partir de 2000, il travaille avec lui Pelléas et Mélisande à l'Opéra de Leipzig, Leonore au Théâtre des Champs-Élysées, Mitridate à Salzbourg en 2005 et l'an prochain, Iphigénie en Tauride programmée par l'Opéra de Paris. Sa rencontre avec Loïc Boissier et Stéphan Druet l'amène à diriger toutes les créations musicales des Brigands depuis Barbe-Bleue. Conjointement à ses concerts en province et à l'étranger, il trouve le temps de participer à la fondation de l'Orchestre de chambre Pelléas. Cette formation au fonctionnement différent, foncièrement collégiale s'est produite à quatre reprises lors des Folles Journées de Nantes en 2005. Autre événement, Benjamin Levy va faire ses débuts à l'Opéra de Lyon dans Monsieur Choufleuri d'Offenbach mis en scène par Laurent Pelly.
Paru le 30/12/2005
TOI C'EST MOI L'ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUIS-JOUVET Du mercredi 7 décembre 2005 au samedi 14 janvier 2006
MUSIQUE. Les Brigands sont de retour à l'Athénée. Ils nous offrent, pour la quatrième saison, musique, joie et bonne humeur durant les fêtes de fin d’année, avec une comédie musicale de la même veine que "Ta Bouche" qui fit triomphe en décembre 2004 ! Sur les foisonnantes années de l’Entre-Deux-Guerres, le...
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