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D.R.
Portrait par Caroline Fabre
Yvan Garouel

Tombé tout jeune dans les bras du théâtre (il est entré à 14 ans au cours Simon tout en suivant des études qui le mènent à la fac d'histoire), Yvan Garouel arpente les scènes quelque 300 jours par an depuis vingt-cinq ans, tout en trouvant le moyen de tourner films et téléfilms, de mettre en scène, de faire de l'improvisation, du théâtre de rue et d'écrire pour la télévision ! Il vient de jouer la comédie "Tout un cinéma" à la Comédie-Caumartin et signe la mise en scène d'une pièce de Lars Norén.
"Si j'ai des idées en tête, je ne les ai jamais couchées sur papier"

Je ne suis pas assez humble pour écrire. Je voudrais que le premier jet soit déjà impeccable. Et puis il y a tellement de beaux textes à jouer et à mettre en scène. C'est pour cela qu'est née la compagnie Théâtre Vivant dans laquelle je suis entouré de créateurs multidisciplinaires.

"Je me sens l'âme d'un missionnaire"

Je souhaite créer des spectacles dans lesquels chacun puisse se reconnaître, tout en défendant à la fois un sens et une qualité. J'ai d'abord monté plusieurs spectacles avant de me rendre compte que leur thème commun était l'incommunicabilité et la faculté de l'Homme à prendre son destin en main. Mais je ne cherche surtout pas à donner de message. J'aime raconter des histoires qui conduisent le spectateur à se poser des questions, pour mieux se comprendre, s'enrichir sur lui-même, en lui faisant ressentir des émotions, rires ou larmes, peu importe, et montrer l'homme à nu. Pour cela, le jeu de l'acteur est essentiel. Il faut aller chercher le naturel en soi, jouer avec son intériorité. C'est obligatoirement impudique et va à l'opposé du théâtre de distanciation.

"Par manque de temps, j'ai attendu dix ans avant de monter La nuit est mère du jour"

En 1995, Mattias Nilsson m'apporte cette pièce. Son auteur, le Suédois Lars Norén, encore parfait inconnu en France, y rend hommage au Long voyage vers la nuit, pièce phare d'O'Neill, mon auteur fétiche. Elle décrit le quotidien banal d'une famille. Chacun y veut le bien de tous. Pourtant, la situation se détériore petit à petit jusqu'à aboutir à une violence extrême. L'écriture est extraordinaire. Leurs rapports sont induits par des non-dits, mais tout est d'une clarté limpide. J'ai adapté le texte pour en extraire sa vérité profonde. Puis j'ai cherché le bon rythme, celui qui fait sens pour plonger les spectateurs dans une communion d'émotion. À cela s'ajoute la supervision d'une bande-son très complexe, des décors, des costumes et beaucoup de répétitions avec des acteurs dont je suis ravi. Et cela sans subventions, les institutionnels ne se mobilisant toujours pas. Pourtant je ne perds pas espoir, je me dis qu'un jour "ils" vont venir, se rendre compte ! Heureusement, l'équipe de l'Aktéon, sensée et dynamique, s'est mobilisée pour ce projet.
Paru le 08/02/2006
NUIT EST MÈRE DU JOUR (LA)
THÉÂTRE DE L'AKTÉON
Du mercredi 11 janvier au samedi 4 mars 2006

COMÉDIE DRAMATIQUE. Le quotidien banal d'une famille ordinaire, le père, la mère et leurs deux grands fils. Bon, le père boit, les fils trinquent et la mère est un petit peu névrotique et les quatre travaillent à leur faillite. L'ordinaire quoi.

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