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Andréa Ferréol et Tom Novembre
© Laurencine Lot
Interview par Xavier Leherpeur
Andréa Ferréol
dans « Transferts » au théâtre Montparnasse

Depuis la mi-janvier, Andréa Ferréol interprète auprès d'André Falcon et Tom Novembre Transferts, une pièce qui conjugue humour et suspens autour d'un dîner où l'imprévu va provoquer la psychanalyse express de trois couples.
Au cours d'une carrière de près de trente ans, Andréa Ferréol a joué sous la direction des plus grands metteurs en scène, passant avec aisance et bonheur des planches au grand écran. Ferreri, Greenaway, Fassbinder ou Truffaut au cinéma, Ribes, Wilson ou Meldegg pour le théâtre ont su tirer parti de cette actrice impétueuse, entière, à l'énergie débordante. Rencontre dans sa loge, dans les instants précédant la représentation. À une heure où d'autres s'angoissent, Andréa Ferréol affiche une sérénité non feinte et savoure par avance le plaisir qu'elle aura une fois sur scène.

Starter Plus : Transferts, une pièce " psychanalytique " ?

Andréa Ferréol : Avec beaucoup de guillemets (rires). Non, je dirais plutôt une pièce comique populaire où le public, comme les protagonistes de la pièce, peut opérer des transferts et se reconnaître dans tel ou tel caractère. Les relations décrites (épouse-mari, mère-fils et mère-belle-fille) sont celles de bon nombre de familles. L'arrivée inopinée d'un homme (Tom Novembre) va faire exploser les secrets et les non-dits de plus de trente ans. Et Christine, que j'interprète, finira par apprendre quelque chose qu'elle n'a jamais su de sa vie et qui lui permettra de " vider son sac ".

S P : Épouse autocrate, mère envahissante, belle-mère impitoyable, qu'avez-vous à dire pour sa défense ?

A F : C'est vrai que c'est une emmerdeuse. Mais elle est surtout humaine. Elle adore son mari et l'on devine, en dépit d'un passé difficile, qu'il existe entre eux une réelle tendresse. Ses valeurs sont classiques : une femme se doit à un destin un peu rigide d'épouse et de mère. Pourtant, elle est capable de moments de pure folie au cours desquels elle ose tout. C'est ce que je trouve sympathique.

S P : Cette alternance cinéma/théâtre vous procure-t-elle toujours autant de plaisir ?

A F : Ce sont deux métiers différents. Le cinéma est technique. Il faut, en trente secondes, donner le maximum. Le théâtre me ressource. Il faut y aller, être dans les sentiments, oublier sa fatigue, ses soucis. Être attentive, se poser beaucoup de questions, se critiquer en même temps que l'on joue. Savoir accélérer, réactiver la machine... Au cinéma, une fois en boîte, le rôle ne vous appartient plus. Au théâtre, il vous appartient tous les soirs.
Paru le 20/03/2001