Des personnages très bien cernés y sont l'expression de ce qui le dérange dans ce monde d'ultra-libéralisme. Hormis un chasseur qui tente de séduire les médias, ce sont surtout des privilégiés (homme politique, P.-D.G., écrivain à succès et autres nantis) dont l'arrogance nous rappelle bien des choses réellement vues. Ils aiment piétiner les autres avec délice et portent avec fierté l'assurance de leur supériorité. Tests de recrutement humiliant, langue de bois ou encore parfaite mauvaise foi, les exemples ne manquent pas pour fustiger un état d'esprit détestable. On apprécie au fil des sketches un regard d'une grande acuité sur la société, une écriture léchée et un savoir-faire de comédien mais, paradoxe, Fred Trémège colle tellement à la réalité qu'il est difficile de rire aux éclats. Pourtant, de bons moments sont au rendez-vous, dont un exercice périlleux sur la position d'un père ex-soixante-huitard face à son fils, adolescent en pleine prise de conscience politique. Là encore, il est indéniable que certains pourraient bien s'y reconnaître.