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© Quenneville
Interview par Manuel Piolat Soleymat
Michèle Simonnet
se plonge dans “Les Manuscrits du Déluge”

Après "Les Muses orphelines", l'auteur québécois Michel Marc Bouchard fait son retour au théâtre Tristan-Bernard avec "Les Manuscrits du Déluge". Histoire d'écritures et de destins bouleversés, cette nouvelle pièce, mise en scène par Laurence Renn, place six personnages sur les toits d'un village dévasté par les eaux. La comédienne Michèle Simonnet nous donne un avant-goût de ce spectacle chargé d'une "énergie de vie et d'espoir".
Qu'est-ce qui vous a immédiatement séduite dans Les Manuscrits du Déluge ?
Sans doute la lumière qui, tout comme l'eau, finit par inonder ce village et ses soixante-douze habitants. La forme d'humanité, de poésie, l'énergie de vie et d'espoir que révèle cette pièce m'ont tout de suite beaucoup touchée. Car, même si les personnages créés par Michel Marc Bouchard sont frappés par un drame terrible - celui d'une rivière qui déborde et emporte tout sur son passage -, ils s'appuient sur ce désastre pour renaître à eux-mêmes et faire évoluer leurs existences.

En quoi l'écriture occupe-t-elle une place essentielle dans cette pièce ?
Il s'agit de l'une des activités principales des retraités qui composent cette communauté villageoise. Réunis autour d'un instituteur, ils participent à un atelier d'écriture au cours duquel ils couchent sur le papier leur vie, leur quotidien. Évidemment, la quasi-totalité de leurs manuscrits est détruite par les eaux. Après ce "déluge", l'instituteur va donc réunir les quelques personnes qui le veulent bien pour tenter de les faire réécrire sur leur passé et ainsi combler les vides provoqués par la catastrophe. Mais eux vont préférer s'exprimer sur leur nouveau présent et le futur qui est
susceptible d'en découler.

Suite à ce drame, les personnages décident donc de faire table rase du passé...
Ce déluge représente une rupture à tous points de vue. La rupture d'un barrage, mais également une rupture dans leurs vies, dans leurs habitudes. Pour ces gens-là, c'est vraiment un renouveau qui s'opère. Certains d'entre eux vont tout à coup dépasser leurs tabous, aller vers une forme de liberté qu'ils ne s'étaient jamais autorisés. Et tout cela s'exprime, d'abord, à travers le refus de réécrire l'histoire telle qu'elle était écrite avant que l'eau ne surgisse.

Michel Marc Bouchard a-t-il inscrit ce texte dans une langue typiquement québécoise ?
Non. Il y a très peu d'expression de français québécois. En revanche, je dirais que, d'une certaine façon, cette pièce est assez caractéristique du théâtre canadien francophone. Il s'agit d'un théâtre qui, tout en s'ancrant résolument dans le réel et le quotidien, parvient à
atteindre les chemins de l'imaginaire, de la sensibilité, d'une profonde intelligence. D'ailleurs, c'est probablement cette dualité qui confère aux Manuscrits du Déluge autant de force et autant de justesse. Sans oublier le talent de mes partenaires, Anna Gaylor, Antoinette Moya, Henri Garcin, Philippe Laudenbach, Julien Cottereau, et de notre metteuse en scène, Laurence Renn, avec qui j'ai un immense plaisir à travailler !
Paru le 25/09/2006
MANUSCRITS DU DÉLUGE (LES)
THÉÂTRE TRISTAN BERNARD
Du jeudi 31 août au samedi 28 octobre 2006

COMÉDIE. Depuis longtemps les habitants du village se réunissent régulièrement dans la "salle d'écriture" et relatent scrupuleusement, à la main, sur des cahiers, les événements de leur vie. Les grands et les petits: l'arrivée de la minijupe, les ravages de la libido chez les jeunes bénévoles, la chasse au...

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