Interview par Manuel Piolat Soleymat
Anne-Marie Lazarini
“Le Mariage secret” : un opéra au théâtre Artistic-Athévains
Pour la seconde fois, Anne-Marie Lazarini donne corps à ses rêves d'opéra. Après "La Traviata", au printemps 2005, elle met aujourd'hui en scène "Le Mariage secret" de Domenico Cimarosa, sur un livret de Giovanni Bertati. Une œuvre limpide et allègre de laquelle émergent cependant des aspérités...
Quand vous est venue l'envie de mettre en scène un opéra ?
Je crois que c'est une envie de toujours. Enfant, j'ai été nourrie à l'opéra de Marseille. J'en ai gardé un véritable amour, une fascination très forte pour l'art lyrique. Il y a deux ans, lorsque le directeur de la Scène nationale L'Apostrophe, Jean-Joël Le Chapelain, m'a proposé de mettre en scène un opéra, il s'agissait vraiment pour moi d'un rêve qui se concrétisait. C'est à cette occasion que j'ai rencontré Andrée-Claude Brayer, la chef d'orchestre qui m'accompagne aujourd'hui dans l'aventure du Mariage secret.
C'est elle qui a transcrit l'œuvre de Cimarosa pour une formation de chambre ?
Oui. Les dimensions de notre théâtre ne nous permettant pas d'accueillir une formation orchestrale complète, Andrée-Claude Brayer a adapté la partition de Cimarosa pour huit instruments : deux violons, un alto, un hautbois, un cor, un violoncelle, une contrebasse et un clavecin. Collaborer avec elle a été pour moi une vraie rencontre artistique. Il me semble que chacune de nous deux a parfaitement compris l'univers de l'autre. Aucun rapport de force, aucun conflit n'est jamais venu troubler notre entente. Je crois qu'Andrée-Claude et moi-même avons beaucoup appris l'une de l'autre, ceci en décidant de réellement travailler ensemble, dans une totale ouverture d'esprit et une entière confiance.
"'Le Mariage secret' dévoile une musique très joyeuse, très belle, qui rejoint une forme de fluidité assez rare"
Qu'est-ce qui vous a séduite dans cet opéra ?
Tout d'abord, Le Mariage secret dévoile une musique très joyeuse, très belle, qui rejoint une forme de fluidité assez rare. J'avoue que je suis immédiatement tombée sous le charme de la partition. Mais le livret m'a également beaucoup intéressée. Car cette histoire de mariage secret (qui a failli mener l'héroïne derrière les murs d'un couvent), d'amour qui se négocie comme on discute d'un contrat commercial, cette mise en relation incessante des sentiments et de l'argent, s'oppose à l'élégance, à la délicatesse de la musique de Cimarosa.
Votre mise en scène s'attache-t-elle à dénoncer cette instrumentalisation des sentiments ?
Je ne dirais pas à la dénoncer, mais en tout cas elle veille à ne pas l'occulter. Il m'a ainsi semblé important de ne pas réduire Le Mariage secret à une œuvre sans aspérité. Car le livret de Bertati révèle des choses assez grinçantes sur l'amour et la tyrannie de la société au xviiie siècle. Cette double perspective musicale et dramaturgique, ce contraste entre les notes et les mots, m'ont semblé des enjeux passionnants à investir.
Je crois que c'est une envie de toujours. Enfant, j'ai été nourrie à l'opéra de Marseille. J'en ai gardé un véritable amour, une fascination très forte pour l'art lyrique. Il y a deux ans, lorsque le directeur de la Scène nationale L'Apostrophe, Jean-Joël Le Chapelain, m'a proposé de mettre en scène un opéra, il s'agissait vraiment pour moi d'un rêve qui se concrétisait. C'est à cette occasion que j'ai rencontré Andrée-Claude Brayer, la chef d'orchestre qui m'accompagne aujourd'hui dans l'aventure du Mariage secret.
C'est elle qui a transcrit l'œuvre de Cimarosa pour une formation de chambre ?
Oui. Les dimensions de notre théâtre ne nous permettant pas d'accueillir une formation orchestrale complète, Andrée-Claude Brayer a adapté la partition de Cimarosa pour huit instruments : deux violons, un alto, un hautbois, un cor, un violoncelle, une contrebasse et un clavecin. Collaborer avec elle a été pour moi une vraie rencontre artistique. Il me semble que chacune de nous deux a parfaitement compris l'univers de l'autre. Aucun rapport de force, aucun conflit n'est jamais venu troubler notre entente. Je crois qu'Andrée-Claude et moi-même avons beaucoup appris l'une de l'autre, ceci en décidant de réellement travailler ensemble, dans une totale ouverture d'esprit et une entière confiance.
"'Le Mariage secret' dévoile une musique très joyeuse, très belle, qui rejoint une forme de fluidité assez rare"
Qu'est-ce qui vous a séduite dans cet opéra ?
Tout d'abord, Le Mariage secret dévoile une musique très joyeuse, très belle, qui rejoint une forme de fluidité assez rare. J'avoue que je suis immédiatement tombée sous le charme de la partition. Mais le livret m'a également beaucoup intéressée. Car cette histoire de mariage secret (qui a failli mener l'héroïne derrière les murs d'un couvent), d'amour qui se négocie comme on discute d'un contrat commercial, cette mise en relation incessante des sentiments et de l'argent, s'oppose à l'élégance, à la délicatesse de la musique de Cimarosa.
Votre mise en scène s'attache-t-elle à dénoncer cette instrumentalisation des sentiments ?
Je ne dirais pas à la dénoncer, mais en tout cas elle veille à ne pas l'occulter. Il m'a ainsi semblé important de ne pas réduire Le Mariage secret à une œuvre sans aspérité. Car le livret de Bertati révèle des choses assez grinçantes sur l'amour et la tyrannie de la société au xviiie siècle. Cette double perspective musicale et dramaturgique, ce contraste entre les notes et les mots, m'ont semblé des enjeux passionnants à investir.
Paru le 12/03/2007
(11 notes) ARTISTIC THÉÂTRE (L') Du mardi 6 mars au dimanche 20 mai 2007
MUSIQUE. "Le Mariage secret", opéra bouffe (melodrama giocoso) pour six chanteurs de Domenico Cimarosa, à la musique que Stendhal qualifiait d’enchanteresse. Le livret du très célèbre Giovanni Bertati (1792) est une comédie aux minuscules aspérités, évoquant le meilleur de Goldoni ou Sheridan. Il raconte a...
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