Portrait par Didier Roth-Bettoni
Jean-Pierre Lorit
est En toute confiance à la Comédie des Champs-Élysées
Acteur discret et séduisant à la présence, sur scène et à l'écran, incontestable, Jean-Pierre Lorit devient un peintre juif new-yorkais partant à la rencontre d'un ancien amour et de son passé dans "En toute confiance" de Donald Margulies, mis en scène par Michel Fagadau à la Comédie des Champs-Élysées.
Le discret
"Je ne serai jamais un bon client pour les émissions de télé", répond Jean-Pierre Lorit quand on l'interroge sur sa discrétion médiatique. Trop pudique, trop réservé pour cela, trop soucieux d'un métier d'acteur débarrassé de ses paillettes. "J'étais d'une timidité maladive avant de faire du théâtre. Aujourd'hui, cela va mieux, mais il m'arrive encore de pouvoir être submergé par cette peur panique de me confronter aux autres. Tout ce qui crée cette timidité engendre un tempérament. Il y a une histoire derrière, une blessure qui fait qu'on se protège, et cette protection est parfois antinomique à ce métier. J'ai du mal à endosser le costume social de l'acteur, ce côté représentation perpétuelle. On peut s'améliorer, j'essaie, mais je ne crois pas qu'on puisse changer..." Le faut-il d'ailleurs ?, quand cette discrétion l'a autorisé, depuis vingt ans, à mener une jolie carrière sur les planches ou devant les caméras, avec notamment une nomination aux Molière l'an dernier pour Les Créanciers de Strindberg, et une pour le César du meilleur second rôle en 2000 pour Une affaire de goût de Bernard Rapp, où il était un impeccable goûteur-souffre-douleur attaché aux pas de Bernard Giraudeau. "Etre connu permet d'avoir des choix de rôles plus variés, reconnaît-il. Je rêve de jouer un vrai pourri qui soit un pourri, ou un personnage léger vraiment léger, alors qu'on me propose souvent des rôles d'hommes fragiles, ambigus, qui ne s'assument pas vraiment et deviennent un peu moyens. Je dis cela mais en même temps, au théâtre, j'ai fait un Arlequin très extraverti, des choses très différentes les unes des autres. Alors..."
C'est donc sans regrets et avec une préparation très précise ("Je suis assez lent, j'engrange, j'écoute, je me renseigne", explique-t-il) que Jean-Pierre Lorit aborde Jonathan, le rôle pivot de En toute confiance de Donald Margulies, l'auteur de Brooklyn Boy et de Dîner entre amis que la même troupe (acteurs et metteur en scène) devrait reprendre dans la foulée. "C'est une pièce subtile et d'une grande richesse, qui ne dévoile pas tout et laisse aux spectateurs la possibilité de prendre le relais, mais qui touche à l'universel dans ses questionnements liés à la création (le personnage que je joue est un peintre connu) ; à l'identité profonde et familiale (son père vient de mourir, il va lui-même devenir père), au poids de l'héritage culturel (il est juif, et même s'il a voulu s'en détacher, cela s'impose sans cesse à lui) ; à la façon dont une relation amoureuse à la fois construit et détruit ceux qui l'ont vécue, etc. Ces choses graves sont traitées d'une manière souvent amusante, légère, même s'il y a de la violence derrière. C'est ce qui est très séduisant ici."
"Je ne serai jamais un bon client pour les émissions de télé", répond Jean-Pierre Lorit quand on l'interroge sur sa discrétion médiatique. Trop pudique, trop réservé pour cela, trop soucieux d'un métier d'acteur débarrassé de ses paillettes. "J'étais d'une timidité maladive avant de faire du théâtre. Aujourd'hui, cela va mieux, mais il m'arrive encore de pouvoir être submergé par cette peur panique de me confronter aux autres. Tout ce qui crée cette timidité engendre un tempérament. Il y a une histoire derrière, une blessure qui fait qu'on se protège, et cette protection est parfois antinomique à ce métier. J'ai du mal à endosser le costume social de l'acteur, ce côté représentation perpétuelle. On peut s'améliorer, j'essaie, mais je ne crois pas qu'on puisse changer..." Le faut-il d'ailleurs ?, quand cette discrétion l'a autorisé, depuis vingt ans, à mener une jolie carrière sur les planches ou devant les caméras, avec notamment une nomination aux Molière l'an dernier pour Les Créanciers de Strindberg, et une pour le César du meilleur second rôle en 2000 pour Une affaire de goût de Bernard Rapp, où il était un impeccable goûteur-souffre-douleur attaché aux pas de Bernard Giraudeau. "Etre connu permet d'avoir des choix de rôles plus variés, reconnaît-il. Je rêve de jouer un vrai pourri qui soit un pourri, ou un personnage léger vraiment léger, alors qu'on me propose souvent des rôles d'hommes fragiles, ambigus, qui ne s'assument pas vraiment et deviennent un peu moyens. Je dis cela mais en même temps, au théâtre, j'ai fait un Arlequin très extraverti, des choses très différentes les unes des autres. Alors..."
C'est donc sans regrets et avec une préparation très précise ("Je suis assez lent, j'engrange, j'écoute, je me renseigne", explique-t-il) que Jean-Pierre Lorit aborde Jonathan, le rôle pivot de En toute confiance de Donald Margulies, l'auteur de Brooklyn Boy et de Dîner entre amis que la même troupe (acteurs et metteur en scène) devrait reprendre dans la foulée. "C'est une pièce subtile et d'une grande richesse, qui ne dévoile pas tout et laisse aux spectateurs la possibilité de prendre le relais, mais qui touche à l'universel dans ses questionnements liés à la création (le personnage que je joue est un peintre connu) ; à l'identité profonde et familiale (son père vient de mourir, il va lui-même devenir père), au poids de l'héritage culturel (il est juif, et même s'il a voulu s'en détacher, cela s'impose sans cesse à lui) ; à la façon dont une relation amoureuse à la fois construit et détruit ceux qui l'ont vécue, etc. Ces choses graves sont traitées d'une manière souvent amusante, légère, même s'il y a de la violence derrière. C'est ce qui est très séduisant ici."
Paru le 05/10/2007
(53 notes) COMÉDIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Du vendredi 14 septembre 2007 au dimanche 16 mars 2008
COMÉDIE DRAMATIQUE. Elle a été sa muse. Il était amoureux d'elle. Devenu peintre célèbre, on s'arrache ses toiles "en toute confiance". Il la retrouve quelques années plus tard mariée à un archéologue qui le déteste. Ces retrouvailles remettent tout en question. Sa gloire, sa richesse, l'authenticité de son art. Et e...
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