Interview par Manuel Piolat Soleymat
Jean-François Sivadier
met en scène “Le Roi Lear” au Théâtre Nanterre-Amandiers
Après "La Mort de Danton" de Georg Büchner, Jean-François Sivadier met en scène "Le Roi Lear" de Shakespeare dans une nouvelle traduction signée par Pascal Collin. Un spectacle tourné vers le public qui investit les nombreuses mises en abyme suggérées par la pièce.
Le Roi Lear donne à entendre une multitude de sujets. À travers quelle porte d'entrée thématique vous êtes-vous approprié cette pièce luxuriante ?
Le Roi Lear est sans doute l'œuvre au sein de laquelle Shakespeare parle le plus de l'humain. Il me semble que toute la pièce se décline à travers deux thématiques centrales : l'identité et les territoires. Dès la première scène, le roi décide en effet de changer non seulement de place, mais d'identité, ce qui revient à appréhender et dissocier ses deux corps : son corps politique et son corps naturel.
Pourquoi avez-vous souhaité confier le rôle de Lear à Nicolas Bouchaud, un comédien quadragénaire ?
Je crois que je n'aurais pas eu le désir de mettre en scène Le Roi Lear sans lui. Tout d'abord parce qu'il s'agit d'un comédien avec lequel j'entretiens une relation amicale et artistique rare. D'une certaine façon, je pense que c'est lui qui a façonné le metteur en scène que je suis et que c'est moi qui ai façonné le comédien qu'il est. Sur le plateau, il m'apparaît comme le prolongement évident et naturel de mon geste de metteur en scène. L'un face à l'autre, nous avons l'impression d'être deux artistes qui regardent dans la même direction, qui avancent ensemble avec une même envie, une même idée du théâtre. Ensuite, placer un acteur de son âge dans le rôle du Roi Lear correspondait au désir d'interroger davantage la maturité que la vieillesse, de se laver des a priori pour faire résonner la pièce autrement. Car, j'ai eu envie de lutter contre l'idée que Lear, dès le début de la pièce, est déjà vieux et fou. Un trajet doit s'accomplir. Et il me semble qu'un acteur plus jeune met cette évolution en perspective de façon beaucoup plus intéressante.
Quelles sont les caractéristiques de la nouvelle traduction réalisée par Pascal Collin ?
Il s'agit d'un texte qui fait appel à une langue très organique, très vivante, réellement faite pour les acteurs, un texte qui fait ressortir tout ce qui peut induire l'idée de théâtre dans le théâtre au sein de la pièce de Shakespeare. Car, j'ai voulu construire un spectacle à travers lequel le public voie toujours non pas le personnage, mais le comédien en train de se frotter au texte. C'est également une façon de faire en sorte que les spectateurs soient aussi les acteurs de la représentation, à travers leur pensée, qu'ils aient vraiment l'impression que le spectacle a lieu parce qu'ils sont là. J'aime beaucoup l'idée d'avancer dans la pièce avec le public, comme si, finalement, les comédiens n'en savaient pas plus que lui, comme si le plus important était l'instant de théâtre en train de s'inventer.
Le Roi Lear est sans doute l'œuvre au sein de laquelle Shakespeare parle le plus de l'humain. Il me semble que toute la pièce se décline à travers deux thématiques centrales : l'identité et les territoires. Dès la première scène, le roi décide en effet de changer non seulement de place, mais d'identité, ce qui revient à appréhender et dissocier ses deux corps : son corps politique et son corps naturel.
Pourquoi avez-vous souhaité confier le rôle de Lear à Nicolas Bouchaud, un comédien quadragénaire ?
Je crois que je n'aurais pas eu le désir de mettre en scène Le Roi Lear sans lui. Tout d'abord parce qu'il s'agit d'un comédien avec lequel j'entretiens une relation amicale et artistique rare. D'une certaine façon, je pense que c'est lui qui a façonné le metteur en scène que je suis et que c'est moi qui ai façonné le comédien qu'il est. Sur le plateau, il m'apparaît comme le prolongement évident et naturel de mon geste de metteur en scène. L'un face à l'autre, nous avons l'impression d'être deux artistes qui regardent dans la même direction, qui avancent ensemble avec une même envie, une même idée du théâtre. Ensuite, placer un acteur de son âge dans le rôle du Roi Lear correspondait au désir d'interroger davantage la maturité que la vieillesse, de se laver des a priori pour faire résonner la pièce autrement. Car, j'ai eu envie de lutter contre l'idée que Lear, dès le début de la pièce, est déjà vieux et fou. Un trajet doit s'accomplir. Et il me semble qu'un acteur plus jeune met cette évolution en perspective de façon beaucoup plus intéressante.
Quelles sont les caractéristiques de la nouvelle traduction réalisée par Pascal Collin ?
Il s'agit d'un texte qui fait appel à une langue très organique, très vivante, réellement faite pour les acteurs, un texte qui fait ressortir tout ce qui peut induire l'idée de théâtre dans le théâtre au sein de la pièce de Shakespeare. Car, j'ai voulu construire un spectacle à travers lequel le public voie toujours non pas le personnage, mais le comédien en train de se frotter au texte. C'est également une façon de faire en sorte que les spectateurs soient aussi les acteurs de la représentation, à travers leur pensée, qu'ils aient vraiment l'impression que le spectacle a lieu parce qu'ils sont là. J'aime beaucoup l'idée d'avancer dans la pièce avec le public, comme si, finalement, les comédiens n'en savaient pas plus que lui, comme si le plus important était l'instant de théâtre en train de s'inventer.
Paru le 14/09/2007
(6 notes) THÉÂTRE NANTERRE-AMANDIERS Du samedi 15 septembre au samedi 27 octobre 2007
COMÉDIE DRAMATIQUE. Le Roi Lear décide de diviser son royaume en trois parts égales qui correspondent au nombre de ses filles, Régane, Goneril et Cordélia. Mais avant de léguer sa terre, le vieil homme demande à sa descendance de lui exprimer son amour. Alors que les deux premières n'hésitent pas à jouer la carte de...
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