Interview par François Varlin
Aure Atika & Natacha Régnier
Rencontrées juste avant une répétition, à quinze jours de la première de leur pièce, les deux comédiennes confient leurs impressions. Elles partagent, avec Robert Plagnol et Thomas Chabrol, l'affiche du "Plan B" d'Andrew Payne, au Studio des Champs-Élysées.
Aure Atika
Pourquoi vous voit-on si peu au théâtre ?
J'ai commencé par le cinéma, le théâtre est une autre famille dans laquelle il n'est pas facile d'entrer si l'on n'a pas fait le Conservatoire, ce qui est normal. Moi qui étais un peu autodidacte, je débarquais dans le cinéma, je n'avais pas forcément les contacts, la culture, l'attrait pour la scène. J'ai eu l'occasion d'en faire l'année dernière avec Sylvie Testud. Au théâtre, il y a toutes ces strates de travail qui sont merveilleuses, l'espace, le texte, le public, des moments que l'on s'approprie. Bien plus qu'au cinéma où il y a tellement de critères qui entrent en ligne de compte.
Les rapports avec un metteur en scène diffèrent-ils de ceux instaurés avec un réalisateur ?
Au cinéma, le réalisateur demande un résultat, tandis qu'au théâtre, comme les choses se font sur la longueur, il y a une plus grande liberté donnée à l'acteur. On sait qu'il va mûrir son personnage. La direction d'acteur y est plus sinueuse, se fait par couches successives, plus doucement, plus finement. C'est le work in progress. C'est vraiment de l'art brut. Une pièce peut évoluer au fil des représentations, parfois sans que l'on s'en rende compte... Parce que la veille on était un peu fatiguée, le lendemain on a la pêche, et on joue trop vite... Ce sont comme des sables mouvants ; on trouve un effet et on ne peut le refaire le lendemain. Cela peut évoluer dans le bon comme dans le mauvais, et le metteur en scène parfois doit recadrer.
Que trouvez-vous de si particulier dans ce théâtre des auteurs anglo-saxons ?
C'est un théâtre où le spectateur se sent intelligent, fouille les situations et comprend ce qui n'est pas joué. Tout n'est pas livré. Dans cette pièce, sous les rapports d'amitié, il y a la possession, sous les rapports d'aide, il y a la dépendance. Les personnages sont dans un équilibre instable fait de frustrations, où tout est ambigu, mais ça leur convient très bien ; l'arrivée du personnage joué par Natacha Régnier, va bousculer tout cela, et équilibrer les choses contre leur volonté. C'est une pièce sur la frustration et sur la dépendance
Natacha Régnier
Nous vous voyons pour la première fois au théâtre, n'est-ce pas ?
C'est la première fois que je suis sur scène avec des partenaires. J'ai besoin d'être rassurée, je suis un peu superstitieuse, et Michel Fagadau me met en confiance. J'ai ressenti son envie profonde de travailler avec moi, bien que je ne pourrai pas aller au bout des représentations ayant un engagement pour le cinéma en avril. Je lui en suis très reconnaissante.
Quel directeur d'acteur est-il ?
Il est parti de mouvements, d'une humeur globale, très observateur il accompagne tout ce que l'on amène. Il travaille particulièrement sur les petits moments où nous ne sommes pas au sommet de ce que nous pourrions donner. Toujours dans le respect, d'une manière très douce. Cela me convient beaucoup. J'ai vu en répétition, comment il amenait les autres à faire éclore leur jeu. C'est un travail très beau à regarder.
Quelles sont vos préférences au théâtre ?
J'aime beaucoup ce que fait Luc Bondy, il y a dans les mouvements des corps, les respirations, les rythmes quelque chose qui me fait penser à une chorégraphie et qui me touche profondément. Du reste, j'aime beaucoup la danse contemporaine, les chorégraphies d'Anne Teresa de Keersmaeker par exemple. Je suis aussi très touchée par le théâtre d'André Engel, Ariane Mnouchkine, Claude Régy, et le travail de Denis Podalydès...
Vous aimez aussi le chant...
La musique a toujours fait partie de ma vie, mon père était DJ, donc il y a toujours eu beaucoup de musique à la maison. En clin d'œil, j'ai participé à des clips, et lorsque Yann Tiersen m'a proposé de participer à son album, cela m'a paru évident. Il voulait utiliser ma voix, dans ce côté chanté-parlé. Puis Jeanne Cherhal m'a invitée à participer à ses concerts pour des duos, des reprises... J'aimerais continuer cela, mais je ne sais pas encore sous quelle forme. Ce qui m'anime c'est l'interprétation.
Pourquoi vous voit-on si peu au théâtre ?
J'ai commencé par le cinéma, le théâtre est une autre famille dans laquelle il n'est pas facile d'entrer si l'on n'a pas fait le Conservatoire, ce qui est normal. Moi qui étais un peu autodidacte, je débarquais dans le cinéma, je n'avais pas forcément les contacts, la culture, l'attrait pour la scène. J'ai eu l'occasion d'en faire l'année dernière avec Sylvie Testud. Au théâtre, il y a toutes ces strates de travail qui sont merveilleuses, l'espace, le texte, le public, des moments que l'on s'approprie. Bien plus qu'au cinéma où il y a tellement de critères qui entrent en ligne de compte.
Les rapports avec un metteur en scène diffèrent-ils de ceux instaurés avec un réalisateur ?
Au cinéma, le réalisateur demande un résultat, tandis qu'au théâtre, comme les choses se font sur la longueur, il y a une plus grande liberté donnée à l'acteur. On sait qu'il va mûrir son personnage. La direction d'acteur y est plus sinueuse, se fait par couches successives, plus doucement, plus finement. C'est le work in progress. C'est vraiment de l'art brut. Une pièce peut évoluer au fil des représentations, parfois sans que l'on s'en rende compte... Parce que la veille on était un peu fatiguée, le lendemain on a la pêche, et on joue trop vite... Ce sont comme des sables mouvants ; on trouve un effet et on ne peut le refaire le lendemain. Cela peut évoluer dans le bon comme dans le mauvais, et le metteur en scène parfois doit recadrer.
Que trouvez-vous de si particulier dans ce théâtre des auteurs anglo-saxons ?
C'est un théâtre où le spectateur se sent intelligent, fouille les situations et comprend ce qui n'est pas joué. Tout n'est pas livré. Dans cette pièce, sous les rapports d'amitié, il y a la possession, sous les rapports d'aide, il y a la dépendance. Les personnages sont dans un équilibre instable fait de frustrations, où tout est ambigu, mais ça leur convient très bien ; l'arrivée du personnage joué par Natacha Régnier, va bousculer tout cela, et équilibrer les choses contre leur volonté. C'est une pièce sur la frustration et sur la dépendance
Natacha Régnier
Nous vous voyons pour la première fois au théâtre, n'est-ce pas ?
C'est la première fois que je suis sur scène avec des partenaires. J'ai besoin d'être rassurée, je suis un peu superstitieuse, et Michel Fagadau me met en confiance. J'ai ressenti son envie profonde de travailler avec moi, bien que je ne pourrai pas aller au bout des représentations ayant un engagement pour le cinéma en avril. Je lui en suis très reconnaissante.
Quel directeur d'acteur est-il ?
Il est parti de mouvements, d'une humeur globale, très observateur il accompagne tout ce que l'on amène. Il travaille particulièrement sur les petits moments où nous ne sommes pas au sommet de ce que nous pourrions donner. Toujours dans le respect, d'une manière très douce. Cela me convient beaucoup. J'ai vu en répétition, comment il amenait les autres à faire éclore leur jeu. C'est un travail très beau à regarder.
Quelles sont vos préférences au théâtre ?
J'aime beaucoup ce que fait Luc Bondy, il y a dans les mouvements des corps, les respirations, les rythmes quelque chose qui me fait penser à une chorégraphie et qui me touche profondément. Du reste, j'aime beaucoup la danse contemporaine, les chorégraphies d'Anne Teresa de Keersmaeker par exemple. Je suis aussi très touchée par le théâtre d'André Engel, Ariane Mnouchkine, Claude Régy, et le travail de Denis Podalydès...
Vous aimez aussi le chant...
La musique a toujours fait partie de ma vie, mon père était DJ, donc il y a toujours eu beaucoup de musique à la maison. En clin d'œil, j'ai participé à des clips, et lorsque Yann Tiersen m'a proposé de participer à son album, cela m'a paru évident. Il voulait utiliser ma voix, dans ce côté chanté-parlé. Puis Jeanne Cherhal m'a invitée à participer à ses concerts pour des duos, des reprises... J'aimerais continuer cela, mais je ne sais pas encore sous quelle forme. Ce qui m'anime c'est l'interprétation.
Paru le 17/04/2008
(12 notes) STUDIO DES CHAMPS-ELYSEES Du vendredi 15 février au dimanche 27 avril 2008
COMÉDIE DRAMATIQUE. Qu'est-ce qui réunit Sarah, Graig, Thomas, Annie? Le sexe? L'amour? L'argent? Le pouvoir? La drogue? Le besoin d'exister? Le besoin d'être aimé? À travers quatre personnages, l'auteur nous dresse avec humour et une étonnante simplicité le miroir reflet d'une société et d'une époque désolée et déso...
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