Interview par Manuel Piolat Soleymat
Cécile Backès et Anne Benoît
pour “Shitz”, au théâtre La Pépinière
Pour leur première saison à la tête de La Pépinière, Antoine Coutrot, Emmanuel de Dietrich et Caroline Verdu ont choisi d'entamer leur programmation avec "Shitz" (pièce sous-titrée "Guerre, amour et saucisson"), du dramaturge israélien Hanokh Levin (1943-1999). La metteure en scène Cécile Backès et la comédienne Anne Benoît éclairent le mordant mais aussi la tendresse de cette farce musicale et politique.
Cécile Backès :
métaphysique et chansons
Shitz a été écrite après le conflit du Kippour. S'agit-il, pour vous, d'une pièce de guerre ?
Non. Il s'agit d'une pièce qui se déroule dans un cadre de guerre, mais pas d'une pièce de guerre. Ce qui m'intéresse dans Shitz, c'est ce qui se passe à l'intérieur de cette famille, c'est le conflit des générations qui s'exprime à travers les parents Shitz. Souhaitant absolument avoir des petits-enfants, ils font tout pour marier leur fille. Les situations qui découlent de cette mise sous pression nuptiale sont à la fois drôles et extrêmement violentes.
Quelle est la fonction du comique dans le théâtre d'Hanokh Levin ?
Levin utilisait le burlesque et le cabaret pour faire passer plus facilement les critiques très virulentes qu'il émettait à l'encontre de la société israélienne. Cet auteur a toujours été un militant de gauche, un citoyen engagé pour la paix et pour la libération des territoires occupés.
Qu'est-ce qui vous touche le plus dans son écriture ?
Au-delà du contexte israélien, Levin parle plus généralement de l'être humain et de sa condition. Il le fait avec brutalité, en mettant dans la bouche des personnages des propos que l'on ne peut prononcer que dans sa tête. Car, la langue qu'il déploie ne se situe dans aucun réel social. Parallèlement à cette forme d'outrance, il pose un regard résolument tendre sur l'humanité. Levin mélange constamment grâce et grossièreté, laissant apparaître entre ces deux modes une métaphysique très touchante. Certains monologues font se succéder des séries de questions adressées à un "en haut". N'obtenant aucune réponse, les personnages se mettent alors à chanter. Je trouve cela très beau.
Anne Benoît
interprète le rôle de la mère
"Ce que j'aime particulièrement dans le théâtre de Levin, ce sont les contrastes entre la vulgarité et une forme d'élévation, la méchanceté et l'humanité, la laideur et la beauté. J'interprète le rôle de la mère, une femme qui passe ses journées devant la télévision à regarder des soap-opéras américains. Elle est fascinée par l'Amérique, qui représente pour elle un ailleurs magnifique, une réponse à l'enfermement de sa vie en Israël. Car, à travers 'Shitz', Levin stigmatise les problèmes de vie qui se posent aux Israéliens. Il le fait avec excès, comme s'il préférait en rire qu'en pleurer. Et puis, cette grossièreté est aussi une façon de ne pas se placer au-dessus de la mêlée, de ne pas se transformer en donneur de leçons. Il semble vouloir dire : 'Je suis aussi vulgaire que toi, mon frère !' Le théâtre de Levin est un mélange incroyable d'audace et d'élégance."
métaphysique et chansons
Shitz a été écrite après le conflit du Kippour. S'agit-il, pour vous, d'une pièce de guerre ?
Non. Il s'agit d'une pièce qui se déroule dans un cadre de guerre, mais pas d'une pièce de guerre. Ce qui m'intéresse dans Shitz, c'est ce qui se passe à l'intérieur de cette famille, c'est le conflit des générations qui s'exprime à travers les parents Shitz. Souhaitant absolument avoir des petits-enfants, ils font tout pour marier leur fille. Les situations qui découlent de cette mise sous pression nuptiale sont à la fois drôles et extrêmement violentes.
Quelle est la fonction du comique dans le théâtre d'Hanokh Levin ?
Levin utilisait le burlesque et le cabaret pour faire passer plus facilement les critiques très virulentes qu'il émettait à l'encontre de la société israélienne. Cet auteur a toujours été un militant de gauche, un citoyen engagé pour la paix et pour la libération des territoires occupés.
Qu'est-ce qui vous touche le plus dans son écriture ?
Au-delà du contexte israélien, Levin parle plus généralement de l'être humain et de sa condition. Il le fait avec brutalité, en mettant dans la bouche des personnages des propos que l'on ne peut prononcer que dans sa tête. Car, la langue qu'il déploie ne se situe dans aucun réel social. Parallèlement à cette forme d'outrance, il pose un regard résolument tendre sur l'humanité. Levin mélange constamment grâce et grossièreté, laissant apparaître entre ces deux modes une métaphysique très touchante. Certains monologues font se succéder des séries de questions adressées à un "en haut". N'obtenant aucune réponse, les personnages se mettent alors à chanter. Je trouve cela très beau.
Anne Benoît
interprète le rôle de la mère
"Ce que j'aime particulièrement dans le théâtre de Levin, ce sont les contrastes entre la vulgarité et une forme d'élévation, la méchanceté et l'humanité, la laideur et la beauté. J'interprète le rôle de la mère, une femme qui passe ses journées devant la télévision à regarder des soap-opéras américains. Elle est fascinée par l'Amérique, qui représente pour elle un ailleurs magnifique, une réponse à l'enfermement de sa vie en Israël. Car, à travers 'Shitz', Levin stigmatise les problèmes de vie qui se posent aux Israéliens. Il le fait avec excès, comme s'il préférait en rire qu'en pleurer. Et puis, cette grossièreté est aussi une façon de ne pas se placer au-dessus de la mêlée, de ne pas se transformer en donneur de leçons. Il semble vouloir dire : 'Je suis aussi vulgaire que toi, mon frère !' Le théâtre de Levin est un mélange incroyable d'audace et d'élégance."
Paru le 15/09/2008
(26 notes) PÉPINIÈRE THÉÂTRE (LA) Du mardi 26 août au samedi 29 novembre 2008
COMÉDIE DRAMATIQUE. Shitz ou l’histoire d’un mariage entre une fille boulimique et un entrepreneur sans scrupule. Un couple improbable qui s’unit pour s’enrichir par tous les moyens, au dépend des parents de la mariée. Le combat joyeusement cruel de la jeune génération contre les vieux. Une comédie en chanson, féroce...
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