"Orphée et Eurydice aborde des questions fondamentales sur l'amour et la mort. En cherchant à exprimer les sentiments de manière honnête et sensible, sans s'encombrer d'effet superflu, Gluck a réformé l'opéra. Il a renoncé à l'exploitation de la vocalise - très utilisée par les castrats de l'époque - au profit d'une déclamation pure bien plus proche des accents de la parole. Par l'absence de décorum et une action simplifiée, Orphée et Eurydice a ainsi marqué le point de départ d'une nouvelle conception de l'art lyrique. Cette œuvre innovante impose encore, à notre époque, sa force et sa modernité. En mettant en scène ce drame du XVIIIe siècle, j'ai voulu faire ressentir au spectateur du XXIe siècle sa beauté bouleversante. En cela, mon travail est parfaitement emblématique de la ligne artistique que s'est fixée la compagnie Manque Pas d'Airs : déplacer l'opéra, l'amener là où on ne l'attend pas, dans des lieux qui permettent la proximité du spectateur avec le chanteur lyrique. Car, nous avons la conviction que cet art - dont les racines puisent dans la culture populaire - peut dépasser les clivages sociaux et générationnels qui, aujourd'hui, pèsent sur lui pour atteindre une dimension véritablement universelle." ?