Interview par Alain Bugnard
Jules-Edouard Moustic
Le présentateur du Groland investira la salle Jean-Tardieu, du 3 au 31 décembre, pour nous présenter son premier one-man show, "Moustic en gros", récit d'expériences prétexte à une critique amusée du jeunisme forcené !
Qui est à l'initiative de ce spectacle ?
Jean-Michel Ribes - que je ne connaissais pas - m'a convoqué au Rond-Point pour me proposer de présenter un one-man show et j'ai dit "oui", mais depuis je ne dors plus ! À cause du texte, d'une part, qui évolue sans cesse - heureusement ma compagne est habituée aux émissions de rire nocturnes et aux moments d'absence lors des repas ! Et du trac, d'autre part : quand je suis à la télé, j'évolue dans un décor, tout est écrit, les sketches tournés, des techniciens m'entourent, un public est en face de moi... bref, j'évolue dans un cocon. Je comprends mieux pourquoi les comédiens disent qu'ils sont à poil quand ils se retrouvent seuls en scène.
Quels sujets abordez-vous à travers ce monologue ?
Le personnage que j'interprète, Christian Borde, n'est autre que moi-même. Son monologue est prétexte à faire un peu de socio-ethnologie en étudiant la façon dont l'être humain vieillit. Je suis parti d'une anecdote : je me suis vexé le jour où je n'ai pas réussi à lire les titres d'un CD de rap que j'écoutais. J'ai d'abord mis ça sur le compte de la fatigue, puis j'ai bien dû me faire à l'idée que j'avais besoin de lunettes ! Finalement, la vie c'est comme une cuite : on fait le crétin au début, puis on se réveille avec des chaussons aux pieds et un homme dans la maison qui est votre fils ! Je me demande alors à partir de quand on vieillit - dès la naissance en fait. Le monologue est ponctué de sketches à partir de photos que je montre au public et qui correspondent à différents âges de ma vie : l'insouciance, l'école, mes relations avec les profs, mes 20 ans, 30 ans... Autant de prétextes à bêtises, pas toujours totalement autobiographiques et, surtout, une manière d'aborder les questions sur le jeunisme et celles sur le refus de vieillir, terribles pour le cerveau, et qui peuvent nous embarquer dans des trucs incroyables comme la chirurgie esthétique.
On nous dit que les jeunes sont à l'honneur dans notre société, mais dans la pratique, il semblerait qu'ils soient plutôt exploités !
Le drame de notre société est de prôner le "younger-better-cheaper" comme valeur. Toutes les professions s'en ressentent : je suis dans un domaine où même en sortant d'une très bonne école, il faut tomber sur un vieux qui nous apprenne les raccourcis, les erreurs à ne pas commettre. J'aime cette idée de passation qui existait avant en télé. Maintenant, on a viré les vieux - soi-disant parce qu'ils coûtaient trop cher alors que la télé gagne beaucoup d'argent - et on prend des jeunes qui sortent de l'école et qui vont dans le mur parce qu'ils n'ont plus de vieux pour les encadrer. De ce point de vue, je ne trouve pas cette société vraiment intéressante. On pressurise des jeunes malléables et on garde en vitrine des indéboulonnables qui gagnent en cheveux au fil du temps...
Jean-Michel Ribes - que je ne connaissais pas - m'a convoqué au Rond-Point pour me proposer de présenter un one-man show et j'ai dit "oui", mais depuis je ne dors plus ! À cause du texte, d'une part, qui évolue sans cesse - heureusement ma compagne est habituée aux émissions de rire nocturnes et aux moments d'absence lors des repas ! Et du trac, d'autre part : quand je suis à la télé, j'évolue dans un décor, tout est écrit, les sketches tournés, des techniciens m'entourent, un public est en face de moi... bref, j'évolue dans un cocon. Je comprends mieux pourquoi les comédiens disent qu'ils sont à poil quand ils se retrouvent seuls en scène.
Quels sujets abordez-vous à travers ce monologue ?
Le personnage que j'interprète, Christian Borde, n'est autre que moi-même. Son monologue est prétexte à faire un peu de socio-ethnologie en étudiant la façon dont l'être humain vieillit. Je suis parti d'une anecdote : je me suis vexé le jour où je n'ai pas réussi à lire les titres d'un CD de rap que j'écoutais. J'ai d'abord mis ça sur le compte de la fatigue, puis j'ai bien dû me faire à l'idée que j'avais besoin de lunettes ! Finalement, la vie c'est comme une cuite : on fait le crétin au début, puis on se réveille avec des chaussons aux pieds et un homme dans la maison qui est votre fils ! Je me demande alors à partir de quand on vieillit - dès la naissance en fait. Le monologue est ponctué de sketches à partir de photos que je montre au public et qui correspondent à différents âges de ma vie : l'insouciance, l'école, mes relations avec les profs, mes 20 ans, 30 ans... Autant de prétextes à bêtises, pas toujours totalement autobiographiques et, surtout, une manière d'aborder les questions sur le jeunisme et celles sur le refus de vieillir, terribles pour le cerveau, et qui peuvent nous embarquer dans des trucs incroyables comme la chirurgie esthétique.
On nous dit que les jeunes sont à l'honneur dans notre société, mais dans la pratique, il semblerait qu'ils soient plutôt exploités !
Le drame de notre société est de prôner le "younger-better-cheaper" comme valeur. Toutes les professions s'en ressentent : je suis dans un domaine où même en sortant d'une très bonne école, il faut tomber sur un vieux qui nous apprenne les raccourcis, les erreurs à ne pas commettre. J'aime cette idée de passation qui existait avant en télé. Maintenant, on a viré les vieux - soi-disant parce qu'ils coûtaient trop cher alors que la télé gagne beaucoup d'argent - et on prend des jeunes qui sortent de l'école et qui vont dans le mur parce qu'ils n'ont plus de vieux pour les encadrer. De ce point de vue, je ne trouve pas cette société vraiment intéressante. On pressurise des jeunes malléables et on garde en vitrine des indéboulonnables qui gagnent en cheveux au fil du temps...
Paru le 23/12/2008
MOUSTIC EN GROS THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mercredi 3 décembre au mercredi 31 décembre 2008
TEXTE(S). Il lui en arrive de belles, des histoires pas ordinaires… À force de regarder autour de lui Moustic voit le monde autrement. Autrement, c’est-à-dire tel qu’il est dans la vie de tous les jours–celle qu’on ne voit pas justement parce qu’on l’a devant les yeux. Jules-Édouard Moustic a le don de l’ob...
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