Dossier par Manuel Piolat Soleymat
Un garçon impossible au théâtre du Rond-Point
Jean-Michel Ribes met en scène Éric Berger, Isabelle Carré, Jean-Yves Chatelais, Micha Lescot et Hélène Viaux dans "Un garçon impossible". Une rêverie familiale de l'auteur norvégien Petter S. Rosenlund qui zigzague entre cauchemar, burlesque et pamphlet sociologique.
Interview Jean-Michel Ribes : "La dislocation du monde"
Quel sens donnez-vous au thème "Familles, mafias et autres tribus" qui fédère la saison 2008-2009 du théâtre du Rond-Point ?
Ce thème s'inscrit dans l'axe général du rire de résistance, axe qui correspond à la ligne directrice que je souhaite donner à la programmation du théâtre du Rond-Point. Les familles, les mafias et toutes les formes de tribus recouvrent des champs d'exploration dramatique très vastes, extrêmement riches. Depuis la nuit des temps, ces espaces de rassemblement et d'influences sont les lieux de toutes les tragédies et de toutes les comédies.
Comment pourriez-vous caractériser l'écriture de Petter S. Rosenlund ?
Il s'agit d'une écriture à la fois cocasse, burlesque et très profonde, par certains aspects particulièrement obscure. On est à mille lieues des éternelles pièces psychologiques qui
illustrent les problématiques familiales. Aborder un thème aussi grave de façon aussi drôle est finalement la meilleure façon de dénoncer le chaos, les dysfonctionnements des sociétés contemporaines.
Quel éclairage Un garçon impossible porte-t-il sur ces dysfonctionnements ?
Au fond, cette pièce raconte, à travers la vision d'une famille disloquée, la dislocation du monde. Petter S. Rosenlund a construit un huis clos métaphorique qui installe des rapports de tension effroyables entre les êtres. En fait, c'est le monde que nous montre l'auteur qui est impossible et non le personnage de Jim. La véritable question qui se pose n'est pas comment supporter l'étrangeté de ce garçon de 8 ans, mais bien comment un enfant qui débarque sur Terre peut supporter cette société impossible...
Une société dans laquelle les cinq personnages de la pièce vont vivre une sorte de cauchemar burlesque...
C'est ça. On est entre Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac et Elephant de Gus Van Sant. Chaque personnage est comme un oignon que l'on découvre au fur et à mesure que l'histoire avance. Il s'agit d'une vraie comédie, mais d'une comédie noire, une comédie qui emprunte des chemins à multiples rebondissements. D'une certaine façon, il y a quelque chose de l'ordre du dadaïsme dans Un garçon impossible.
Au sein de quel univers, de quel climat, votre mise en scène vise-t-elle à placer le public ?
Dans un état de surprise permanent, sans installer de ligne de partage entre le comique et le tragique. Dans Un garçon impossible, le non-sens remplace le sens et finit par dire les choses de façon beaucoup plus forte que le sens. On passe sans arrêt du rire à l'effroi, de l'effroi au fou rire. Mais, au-delà des aventures grotesques qu'ils sont amenés à vivre, les personnages de Rosenlund possèdent une dimension très émouvante. Ils incarnent de façon extrêmement sensible leurs tentatives désespérées de lutter contre la solitude qui les dévore.
Isabelle Carré interprète le rôle de Cécilie
"'Un garçon impossible' prend place dans un cabinet de consultation d'hôpital. Une mère et son fils de 8 ans sont venus voir un médecin. J'interprète le rôle de Cécilie, une infirmière. C'est une femme qui cherche l'amour, mais qui a beaucoup de mal à le trouver... Elle porte d'ailleurs sur le couple un regard un peu enfantin : elle attend le prince charmant. Alors, forcément, la réalité la déçoit, elle est totalement désabusée. Le jour où elle rencontre ce jeune garçon elle se met à lui raconter des contes, elle le fait entrer dans son monde, dans ses rêves. Ce sont tous les deux des personnages solitaires et décalés. Tout comme leur entourage, d'ailleurs : la mère a des problèmes avec les morts et les vivants, le grand-père fait couple avec sa propre fille... Une forme d'opacité très intéressante se dégage de ce texte qui est un peu comme une traversée en eaux troubles, une traversée à la folie acide et complètement déjantée. Toutes les valeurs sont bousculées. On ne sait plus qui sont les enfants, qui sont les adultes, quel âge ont les gens, quelles fonctions ils remplissent... Cette pièce parle d'une société qui a perdu tous ses repères. Mais elle le fait sans didactisme, à travers un humour décapant, un humour qui va au-delà de la réalité concrète pour s'aventurer sur les terres du trouble et de l'étrangeté."
Quel sens donnez-vous au thème "Familles, mafias et autres tribus" qui fédère la saison 2008-2009 du théâtre du Rond-Point ?
Ce thème s'inscrit dans l'axe général du rire de résistance, axe qui correspond à la ligne directrice que je souhaite donner à la programmation du théâtre du Rond-Point. Les familles, les mafias et toutes les formes de tribus recouvrent des champs d'exploration dramatique très vastes, extrêmement riches. Depuis la nuit des temps, ces espaces de rassemblement et d'influences sont les lieux de toutes les tragédies et de toutes les comédies.
Comment pourriez-vous caractériser l'écriture de Petter S. Rosenlund ?
Il s'agit d'une écriture à la fois cocasse, burlesque et très profonde, par certains aspects particulièrement obscure. On est à mille lieues des éternelles pièces psychologiques qui
illustrent les problématiques familiales. Aborder un thème aussi grave de façon aussi drôle est finalement la meilleure façon de dénoncer le chaos, les dysfonctionnements des sociétés contemporaines.
Quel éclairage Un garçon impossible porte-t-il sur ces dysfonctionnements ?
Au fond, cette pièce raconte, à travers la vision d'une famille disloquée, la dislocation du monde. Petter S. Rosenlund a construit un huis clos métaphorique qui installe des rapports de tension effroyables entre les êtres. En fait, c'est le monde que nous montre l'auteur qui est impossible et non le personnage de Jim. La véritable question qui se pose n'est pas comment supporter l'étrangeté de ce garçon de 8 ans, mais bien comment un enfant qui débarque sur Terre peut supporter cette société impossible...
Une société dans laquelle les cinq personnages de la pièce vont vivre une sorte de cauchemar burlesque...
C'est ça. On est entre Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac et Elephant de Gus Van Sant. Chaque personnage est comme un oignon que l'on découvre au fur et à mesure que l'histoire avance. Il s'agit d'une vraie comédie, mais d'une comédie noire, une comédie qui emprunte des chemins à multiples rebondissements. D'une certaine façon, il y a quelque chose de l'ordre du dadaïsme dans Un garçon impossible.
Au sein de quel univers, de quel climat, votre mise en scène vise-t-elle à placer le public ?
Dans un état de surprise permanent, sans installer de ligne de partage entre le comique et le tragique. Dans Un garçon impossible, le non-sens remplace le sens et finit par dire les choses de façon beaucoup plus forte que le sens. On passe sans arrêt du rire à l'effroi, de l'effroi au fou rire. Mais, au-delà des aventures grotesques qu'ils sont amenés à vivre, les personnages de Rosenlund possèdent une dimension très émouvante. Ils incarnent de façon extrêmement sensible leurs tentatives désespérées de lutter contre la solitude qui les dévore.
Isabelle Carré interprète le rôle de Cécilie
"'Un garçon impossible' prend place dans un cabinet de consultation d'hôpital. Une mère et son fils de 8 ans sont venus voir un médecin. J'interprète le rôle de Cécilie, une infirmière. C'est une femme qui cherche l'amour, mais qui a beaucoup de mal à le trouver... Elle porte d'ailleurs sur le couple un regard un peu enfantin : elle attend le prince charmant. Alors, forcément, la réalité la déçoit, elle est totalement désabusée. Le jour où elle rencontre ce jeune garçon elle se met à lui raconter des contes, elle le fait entrer dans son monde, dans ses rêves. Ce sont tous les deux des personnages solitaires et décalés. Tout comme leur entourage, d'ailleurs : la mère a des problèmes avec les morts et les vivants, le grand-père fait couple avec sa propre fille... Une forme d'opacité très intéressante se dégage de ce texte qui est un peu comme une traversée en eaux troubles, une traversée à la folie acide et complètement déjantée. Toutes les valeurs sont bousculées. On ne sait plus qui sont les enfants, qui sont les adultes, quel âge ont les gens, quelles fonctions ils remplissent... Cette pièce parle d'une société qui a perdu tous ses repères. Mais elle le fait sans didactisme, à travers un humour décapant, un humour qui va au-delà de la réalité concrète pour s'aventurer sur les terres du trouble et de l'étrangeté."
Paru le 12/02/2009
(36 notes) THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mardi 20 janvier au samedi 28 février 2009
COMÉDIE DRAMATIQUE. Existe-t-il une différence entre être sourd et entendre des voix? Bon, ça se discute. Une chose est sûre, cependant, c’est qu’un problème d’oreille peut en cacher un autre. Qu’un jeune enfant, par exemple, n’entende pas la voix de son grand-père mort il y a plusieurs années n’est peut-être pas si ...
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