Zoom par Manuel Piolat Soleymat
La Nuit de l’iguane
quand Georges Lavaudant part à la rencontre de Tennessee Williams
Georges Lavaudant met en scène "La Nuit de l'iguane", de Tennessee Williams, à la MC93. Pour cette avancée en terres mexicaines, l'ancien directeur du Théâtre national de l'Odéon s'est entouré d'une troupe de quatorze comédiens, parmi lesquels Astrid Bas, Tcheky Karyo et Dominique Reymond.
Pour Georges Lavaudant, aborder le théâtre de Tennessee Williams revient en quelque sorte à rejoindre une terre inconnue. Une terre qui se situe à mille lieues des continents littéraires que le metteur en scène fréquente habituellement. Shakespeare, Brecht, Pirandello, Tchekhov, Eschyle, Sophocle, Euripide... Avouant volontiers une prédilection pour les textes denses, les écritures essentiellement fondées sur la langue, Georges Lavaudant a pourtant aujourd'hui choisi d'en venir à La Nuit de l'iguane, une pièce appartenant à un théâtre d'inspiration psychologique, une dramaturgie au sein de laquelle, dit-il, "la langue a moins d'importance que ce qui se joue entre les personnages". Située en 1940 (l'action de l'adaptation cinématographique signée par John Huston se déroulait, elle, dans les années 1960), la pièce de Tennessee Williams prend place dans la moiteur du Mexique, entre mer et jungle, en pleine Bataille d'Angleterre, à un moment de l'histoire du monde où tout peut basculer. "Il s'agit d'un texte fondé sur une succession de déséquilibres, confie le metteur en scène, des déséquilibres géopolitiques mais aussi personnels. La Nuit de l'iguane présente Shannon (ndlr : Tcheky Karyo), un ancien pasteur tiraillé entre ses pulsions physiques et sa conscience morale, un homme en souffrance encerclé de femmes qui le harcèlent."
Un choc de solitudes
Parmi toutes les femmes entourant Shannon, se dessinent deux figures centrales - Maxine (Astrid Bas) et Hannah (Dominique Reymond) -, deux figures qui s'opposent en tentant l'une et l'autre d'affirmer leur emprise sur Shannon. "Shannon et Hannah sont tous les deux un peu perdus, explique Dominique Reymond. Il y a quelque chose de l'ordre de l'invisible qui relie leurs existences, leurs destins. Ce sont deux êtres ballottés par le monde, en quête de repères, deux êtres solitaires qui ont cherché toute leur vie des raisons à leur présence sur terre. Hannah, après de rudes épreuves, pense avoir trouvé une réponse à certaines de ses questions. Elle essaie donc de venir en aide à cet homme. Elle le fait à sa façon, avec toute la bonne volonté du monde mais aussi avec les limites qui sont les siennes. Car, comme chacun des personnages, elle agit à travers une grande complexité. C'est sans doute cela qui rend tous ces êtres aussi touchants : cette difficulté à trouver une structure solide, le mélange de naïveté et d'acuité dont ils font preuve." Souhaitant donner corps à ces êtres en désencombrant la pièce de ses scories psychologiques, Georges Lavaudant a élaboré un spectacle épuré, fantasmagorique. Un spectacle qui s'attache à investir le domaine de la névrose par le biais de la langue et de la pensée.
Un choc de solitudes
Parmi toutes les femmes entourant Shannon, se dessinent deux figures centrales - Maxine (Astrid Bas) et Hannah (Dominique Reymond) -, deux figures qui s'opposent en tentant l'une et l'autre d'affirmer leur emprise sur Shannon. "Shannon et Hannah sont tous les deux un peu perdus, explique Dominique Reymond. Il y a quelque chose de l'ordre de l'invisible qui relie leurs existences, leurs destins. Ce sont deux êtres ballottés par le monde, en quête de repères, deux êtres solitaires qui ont cherché toute leur vie des raisons à leur présence sur terre. Hannah, après de rudes épreuves, pense avoir trouvé une réponse à certaines de ses questions. Elle essaie donc de venir en aide à cet homme. Elle le fait à sa façon, avec toute la bonne volonté du monde mais aussi avec les limites qui sont les siennes. Car, comme chacun des personnages, elle agit à travers une grande complexité. C'est sans doute cela qui rend tous ces êtres aussi touchants : cette difficulté à trouver une structure solide, le mélange de naïveté et d'acuité dont ils font preuve." Souhaitant donner corps à ces êtres en désencombrant la pièce de ses scories psychologiques, Georges Lavaudant a élaboré un spectacle épuré, fantasmagorique. Un spectacle qui s'attache à investir le domaine de la névrose par le biais de la langue et de la pensée.
Paru le 19/03/2009
(18 notes) MC 93 BOBIGNY Du lundi 9 mars au dimanche 5 avril 2009
COMÉDIE DRAMATIQUE. Tennessee Williams avait le génie des titres. Les siens sont souvent inoubliables : La Chatte sur un toit brûlant, Un tramway nommé Désir, La Nuit de l’iguane suggèrent tout de suite une atmosphère trouble, violemment sensuelle.
|