Créée il y a quatre ans, la compagnie Eulalie, dirigée par Sophie Lecarpentier, nous invite à pénétrer l'intimité du processus de création théâtrale avec Le Jour de l'italienne : "Très vite, la troupe a manifesté l'envie de créer une pièce de Marivaux, et notamment L'Épreuve. Je suis fascinée par l'efficacité, la précision et l'épure de Marivaux : on ne peut enlever une phrase, chaque mot ayant son effet... Mais nous nous sommes vite rendu compte que monter un classique sans moyens revenait à faire n'importe quoi ! En répétant certaines scènes, nous nous sommes aperçus qu'il pourrait être passionnant pour le public d'être invité dans les coulisses d'un spectacle et de découvrir ce qui présidait à son élaboration. L'Épreuve restait un point de départ idéal puisque l'exercice réclamait une partition simple, claire, connue, permettant de basculer d'un langage soutenu à un langage quotidien. Nous avons donc écrit collectivement un scénario en nous regardant travailler. Nous sommes partis de ce que nous étions pour donner vie aux comédiens que nous incarnons en tirant sur un fil précis de chacune de nos personnalités. Comme je suis très littéraire et que j'aime expliquer les formules stylistiques de par mon cursus universitaire, je développe un côté prof chiant sur scène !" La motivation principale étant de montrer que la création d'un spectacle exige temps, moyens et travail de fond, aspects quelque peu négligés par les programmateurs. Parmi les projets de la troupe, figure un travail de la même envergure autour du personnage de Figaro, "saltimbanque usé ayant tout vu, tout fait, devenu révolutionnaire prêt à tout pour changer le monde mais très vite récupéré et transformé par le pouvoir en petit-bourgeois ! Il est aujourd'hui fondamental de parler de la chute des utopies car une société sans idéaux est vouée à périr".