Zoom par Manuel Piolat Soleymat
Passion selon Jean
quand la schizophrénie mène à la poésie
Sous la direction de Jean-Yves Ruf, Olivier Cruveiller et Paul Minthe interprètent "Passion selon Jean" d'Antonio Tarantino. Une pièce prenant place au sein du monde psychiatrique qui, loin de tout théâtre documentaire sur la folie, tend à faire œuvre de poésie.
L'Italie des années 1970, à l'heure où les asiles de fous se transforment en hôpitaux psychiatriques. Moi-Lui (Paul Minthe, un schizophrène se prenant pour Jésus-Christ) et son infirmier (Jean, Olivier Cruveiller) passent toute une journée dans la salle d'attente d'une Caisse de pensions et de retraites. À travers la relation de ces deux personnages, Antonio Tarantino tente de comprendre le phénomène de la schizophrénie de l'intérieur, créant pour cela une "langue déformée, inventive, truculente...". "Tarantino, qui a beaucoup fréquenté les hôpitaux psychiatriques, écrit 'à partir de" ou 'à la place de', comme dirait Deleuze", explique Jean-Yves Ruf. "J'imagine qu'il a été troublé, intrigué, remué, par le caractère si particulier de la parole de certains patients atteints de schizophrénie. Par ces apparentes approximations grammaticales, ces ellipses, hiatus, sautes, coq-à-l'âne, cette structure contrapuntique où toutes les voix semblent se mêler et s'entrecroiser pour former une grande fresque, où le 'je' devient multiple." Une fresque qui, dans Passion selon Jean (texte français de Jean-Paul Manganaro, édité aux Solitaires Intempestifs), se rapproche de "nombreuses tentatives [ayant] traversé la poésie contemporaine".
Paru le 31/03/2010
(2 notes) MALAKOFF SCÈNE NATIONALE Du vendredi 26 mars au vendredi 16 avril 2010
TEXTE(S). Italie, années 70. Les asiles de fous deviennent hôpitaux psychiatriques et les droits civiques sont enfin reconnus aux "patients". Moi-lui s’identifie au Christ et, avec son infirmier Jean, franchit les démarches administratives telles les étapes de la Passion. Antonio Tarantino sonde le langage ...
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