Interview par Manuel Piolat Soleymat
Adel Hakim
“Chaque spectacle représente, pour moi, un combat visant à défendre des regards sans concession sur la condition humaine"
Le metteur en scène Adel Hakim présente deux spectacles respectivement créés en 2008 et 1994 : "La Cagnotte" d'Eugène Labiche (repris au Théâtre des Quartiers d'Ivry) et "François d'Assise" d'après Joseph Delteil (sur la scène du théâtre Artistic-Athévains). Deux spectacles qui portent un regard critique sur le monde.
Quels liens est-il possible d'établir entre ces deux spectacles créés à près de quinze ans d'intervalle ?
La Cagnotte et François d'Assise ont, tout d'abord, pour point commun de se fonder sur des textes à la langue foisonnante et jubilatoire, des textes écrits par de véritables amoureux du langage. Et puis, même s'ils investissent des constructions et des problématiques diamétralement opposées, Eugène Labiche et Joseph Delteil écrivent tous les deux sur la vie, portent l'un et l'autre des regards critiques sur le monde.
Des regards qui se fixent sur le domaine du matériel, pour La Cagnotte, et sur le domaine du spirituel, pour François d'Assise...
Comme je viens de le dire, ces deux textes représentent, à bien des égards, deux contrepoints absolus. L'un est un monologue (ndlr, François d'Assise, interprété par Robert Bouvier) qui rejette la petitesse et l'égoïsme de l'homme, qui érige le dépouillement total en modèle et propose une conception de la vie dépassant l'idée de confort matériel pour se situer dans une vision spirituelle de l'existence. La Cagnotte, au contraire, présente un tourbillon de personnages à travers lesquels Eugène Labiche explore la dimension du matériel pour stigmatiser l'aveuglement et la bêtise de l'humain. Il va jusqu'au bout d'une biomécanique du rire qui sous-tend, tout comme François d'Assise, mais par le biais d'un chemin différent, un point de vue sans concession sur la condition humaine.
Ces deux spectacles ouvrent sur différents aspects du monde contemporain...
Oui, le personnage de Joseph Delteil peut être à la fois vu comme le François d'Assise du XIIIe siècle et comme un clochard d'aujourd'hui qui se prendrait pour lui, cela en dénonçant un monde qui n'est plus en rapport avec la nature. Quant à La Cagnotte, au-delà de sa dimension comique, il s'agit d'une pièce qui raconte la crise de la petite-bourgeoisie, qui rejoint nos préoccupations contemporaines sur la fragilité des classes moyennes.
Ces mises en perspective contemporaines représentent-elles, pour vous, une façon de vous situer dans une vision politique du théâtre ?
Certainement. J'ai toujours pensé que le théâtre devait apporter une pierre de réflexion sociale et politique aux spectateurs, tout en les divertissant. Chaque spectacle représente ainsi, pour moi, un combat visant à défendre des idées. C'est la raison pour laquelle je crois que le théâtre doit être subventionné par de l'argent public et non par des dons de mécènes privés. Le théâtre possède une grande responsabilité vis-à-vis de la société. Il faut assurer sa liberté et son indépendance.
La Cagnotte et François d'Assise ont, tout d'abord, pour point commun de se fonder sur des textes à la langue foisonnante et jubilatoire, des textes écrits par de véritables amoureux du langage. Et puis, même s'ils investissent des constructions et des problématiques diamétralement opposées, Eugène Labiche et Joseph Delteil écrivent tous les deux sur la vie, portent l'un et l'autre des regards critiques sur le monde.
Des regards qui se fixent sur le domaine du matériel, pour La Cagnotte, et sur le domaine du spirituel, pour François d'Assise...
Comme je viens de le dire, ces deux textes représentent, à bien des égards, deux contrepoints absolus. L'un est un monologue (ndlr, François d'Assise, interprété par Robert Bouvier) qui rejette la petitesse et l'égoïsme de l'homme, qui érige le dépouillement total en modèle et propose une conception de la vie dépassant l'idée de confort matériel pour se situer dans une vision spirituelle de l'existence. La Cagnotte, au contraire, présente un tourbillon de personnages à travers lesquels Eugène Labiche explore la dimension du matériel pour stigmatiser l'aveuglement et la bêtise de l'humain. Il va jusqu'au bout d'une biomécanique du rire qui sous-tend, tout comme François d'Assise, mais par le biais d'un chemin différent, un point de vue sans concession sur la condition humaine.
Ces deux spectacles ouvrent sur différents aspects du monde contemporain...
Oui, le personnage de Joseph Delteil peut être à la fois vu comme le François d'Assise du XIIIe siècle et comme un clochard d'aujourd'hui qui se prendrait pour lui, cela en dénonçant un monde qui n'est plus en rapport avec la nature. Quant à La Cagnotte, au-delà de sa dimension comique, il s'agit d'une pièce qui raconte la crise de la petite-bourgeoisie, qui rejoint nos préoccupations contemporaines sur la fragilité des classes moyennes.
Ces mises en perspective contemporaines représentent-elles, pour vous, une façon de vous situer dans une vision politique du théâtre ?
Certainement. J'ai toujours pensé que le théâtre devait apporter une pierre de réflexion sociale et politique aux spectateurs, tout en les divertissant. Chaque spectacle représente ainsi, pour moi, un combat visant à défendre des idées. C'est la raison pour laquelle je crois que le théâtre doit être subventionné par de l'argent public et non par des dons de mécènes privés. Le théâtre possède une grande responsabilité vis-à-vis de la société. Il faut assurer sa liberté et son indépendance.
Paru le 21/06/2010
(2 notes) ARTISTIC THÉÂTRE (L') Du vendredi 4 juin au dimanche 11 juillet 2010
COMÉDIE DRAMATIQUE. Ici pas de prêche ni de message, juste un moment de vie, fou et joyeux, entre coups de foudre et révoltes, un hymne à la liberté, l'histoire d'un homme, tour à tour poète, guerrier, philosophe, amoureux, un "françoisier qui ensainte les hommes". Un spectacle qui donne corps et âme aux mots jubilat...
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