Interview par Caroline Fabre
Manuel Pratt
Des horreurs et le rire en exutoire !
Qui est manuel Pratt, pour ceux qui ne vous connaissent pas ? Le dernier rebelle scénique selon votre flyer ?
Ça ce n'est pas de moi mais ça m'amuse. Il y a quelques années, j'avais un côté donneur de leçons. Aujourd'hui, j'ai deux gamines, j'ai 50 balais, la gloire ne m'intéresse pas, l'argent non plus, bref, je n'ai rien à prouver. Je continue à dire ce que je veux comme je le veux en étant maintenant capable de dialoguer. D'ailleurs, si je balance autant sur scène, c'est pour faire rire bien sûr, mais aussi pour ouvrir un débat.
Vous considérez la scène comme une tribune ?
Non, plutôt comme un espace de liberté et de rencontre. Je ne suis le porte-parole de personne. Je dis ce que je pense dans la liberté la plus totale. C'est ma soupape contre ce qui m'énerve dans notre société et ce qui me fait horreur, comme la Shoah, Émile Louis... des horreurs... et le rire en exutoire !
C'est parfois un rire méchant, non ?
Mais l'Homme est méchant ! S'il ne naît pas méchant, il le devient... à part les pauvres peut-être : s'ils étaient méchants, les SDF feraient des braquages ! Cela dit, je fais attention à ne pas blesser les gens mais encore faut-il, par exemple, discerner le regard des valides sur les handicapés de celui des personnes concernées et capables d'autodérision, elles.
Quelles sont vos autres limites ?
Aucune sinon la haine. Je ne pourrais pas non plus jouer devant Sarko, Le Pen ou Besson, entre autres, ce serait me salir... ils ne me méritent pas !
Êtes-vous vraiment interdit de télé et radio ou vous êtes-vous interdit vous-mêmes ?
Je me suis vraiment fait virer de France Inter il y a dix-sept ans et suis parti entre deux vigiles d'un plateau de Jean-Pierre Foucault. Mais, quand on m'a demandé de passer chez Arthur, j'ai refusé, je n'aimais pas son émission. OK, j'en ai fait une carte de visite : le seul moyen de m'entendre, c'est de me voir sur scène ! De toute manière, on ne me laisserait pas dire ce que j'ai envie de dire !
Vous ne croyez pas que ça a changé ? Stéphane Guillon, Didier Porte par exemple arrivent à se faire entendre, même avec des remous...
Que ce soit clair, pour moi il faut être dans la vie comme sur scène. Alors, oui Didier Porte c'est un pur, un vrai, mais Guillon rime avec bidon. Bobo, gauchiste à deux balles, il roule en Porsche, travaille avec un royaliste... et son humour est pétainiste, ça me fait chier mais je suis d'accord avec Besson sur ce coup. Bon, admettons. Si l'on vient me proposer une chronique, j'irai... à la condition sine qua non qu'on ne touche ni à mes textes ni à ce que je suis... mais je doute que l'on fasse cet effort !
Dernière question : vous parlez toujours aussi vite pendant votre spectacle ?
Il paraît, oui. Mais j'ai tellement de choses à dire !
Ça ce n'est pas de moi mais ça m'amuse. Il y a quelques années, j'avais un côté donneur de leçons. Aujourd'hui, j'ai deux gamines, j'ai 50 balais, la gloire ne m'intéresse pas, l'argent non plus, bref, je n'ai rien à prouver. Je continue à dire ce que je veux comme je le veux en étant maintenant capable de dialoguer. D'ailleurs, si je balance autant sur scène, c'est pour faire rire bien sûr, mais aussi pour ouvrir un débat.
Vous considérez la scène comme une tribune ?
Non, plutôt comme un espace de liberté et de rencontre. Je ne suis le porte-parole de personne. Je dis ce que je pense dans la liberté la plus totale. C'est ma soupape contre ce qui m'énerve dans notre société et ce qui me fait horreur, comme la Shoah, Émile Louis... des horreurs... et le rire en exutoire !
C'est parfois un rire méchant, non ?
Mais l'Homme est méchant ! S'il ne naît pas méchant, il le devient... à part les pauvres peut-être : s'ils étaient méchants, les SDF feraient des braquages ! Cela dit, je fais attention à ne pas blesser les gens mais encore faut-il, par exemple, discerner le regard des valides sur les handicapés de celui des personnes concernées et capables d'autodérision, elles.
Quelles sont vos autres limites ?
Aucune sinon la haine. Je ne pourrais pas non plus jouer devant Sarko, Le Pen ou Besson, entre autres, ce serait me salir... ils ne me méritent pas !
Êtes-vous vraiment interdit de télé et radio ou vous êtes-vous interdit vous-mêmes ?
Je me suis vraiment fait virer de France Inter il y a dix-sept ans et suis parti entre deux vigiles d'un plateau de Jean-Pierre Foucault. Mais, quand on m'a demandé de passer chez Arthur, j'ai refusé, je n'aimais pas son émission. OK, j'en ai fait une carte de visite : le seul moyen de m'entendre, c'est de me voir sur scène ! De toute manière, on ne me laisserait pas dire ce que j'ai envie de dire !
Vous ne croyez pas que ça a changé ? Stéphane Guillon, Didier Porte par exemple arrivent à se faire entendre, même avec des remous...
Que ce soit clair, pour moi il faut être dans la vie comme sur scène. Alors, oui Didier Porte c'est un pur, un vrai, mais Guillon rime avec bidon. Bobo, gauchiste à deux balles, il roule en Porsche, travaille avec un royaliste... et son humour est pétainiste, ça me fait chier mais je suis d'accord avec Besson sur ce coup. Bon, admettons. Si l'on vient me proposer une chronique, j'irai... à la condition sine qua non qu'on ne touche ni à mes textes ni à ce que je suis... mais je doute que l'on fasse cet effort !
Dernière question : vous parlez toujours aussi vite pendant votre spectacle ?
Il paraît, oui. Mais j'ai tellement de choses à dire !
Paru le 02/06/2010
(10 notes) THÉÂTRE FUNAMBULE MONTMARTRE Du lundi 5 avril au mardi 22 juin 2010
SKETCHES. Religion, politique, amour, actualité, tout est décortiqué, condamné, égratigné par le rire. Toujours aussi caustique, drôle, mordant, irrévérencieux, sans tabous, bref: libre! L’humour sans limites du dernier rebelle scénique.
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