Zoom par Samuel Ganes
Les Liaisons dangereuses
… ou la fin d’un monde !
Après "La Musica deuxième" ou encore, plus récemment, "La Cuisine d'Elvis" au Lucernaire, Régis Mardon nous propose sa version des "Liaisons dangereuses" au Théâtre de l'Essaïon, avec dans le rôle de Madame de Rosemonde la comédienne Maria Laborit.
Régis Mardon
Pourquoi monter Les Liaisons dangereuses ?
C'était très ambitieux d'avoir la témérité de s'attaquer à un chef-d'œuvre comme celui-ci, mais toutes les adaptations que j'ai vues ou lues du roman de Choderlos de Laclos m'ont toujours déconcerté. Soit, comme dans le film de Stephen Frears, je ne me suffisais pas de cette psychologie de ces amants diaboliques qui n'étaient que méchants du début jusqu'à la fin, ou alors je m'ennuyais sur des adaptations très "fleur bleue". Cette nouvelle version que j'ai écrite avec Pascal E. Luneau, correspond plus à l'image que je me fais de cette œuvre : une écriture plus contemporaine, plus rythmée, et surtout avec du sens. On a retravaillé ces cinq cents pages de correspondance pour en faire une pièce piquante et incisive. Lors de mon travail de recherche, j'ai appris que c'était historiquement le dernier grand roman sur les mœurs de l'époque dans l'aristocratie avant la Révolution française. Il y a un rapport ici qui génère le sens qui manquait à l'histoire selon moi. Est-ce que finalement cette décadence morale n'aurait pas quelque chose à voir avec les origines de la Révolution française ? Des historiens me l'ont confirmé, c'est l'un des derniers témoignages avant la fin d'un monde. Notre adaptation consiste aussi à fondre cette histoire dans l'Histoire.
Maria Laborit
Qu'avez-vous pensé de cette œuvre "revisitée" ?
C'est ce qui m'a plu quand Régis m'a proposé ce projet. Rosemonde, que j'interprète, a été emprisonnée par les révolutionnaires. Elle est dans son cachot, dans les sous-sols de la Conciergerie, dehors la Révolution gronde. Elle échange alors des lettres avec la jeune Cécile, qui est au couvent, et lui raconte ce qui s'est passé entre Valmont, Merteuil et Madame de Tourvel. Il y a alors une alternance constante entre l'adresse des lettres et les dialogues, et c'est très habile. J'aime ce genre de pièces : rythmée, vivante et avec une grande qualité d'écriture. D'ailleurs avec un tout autre sujet mais dans la même veine, il y a À mon âge je me cache encore pour pleurer dans une mise en scène de Fabian Chapuis que je vais reprendre en janvier à la Maison des Métallos. Là encore, c'est une pièce forte et très bien écrite. Je suis très fière de participer à de si beaux spectacles, de belles pièces dramatiques, même si l'humour est présent et que j'aime aussi beaucoup la comédie. Mon professeur Andreas Voutsinas me disait souvent "toi, tu fonctionnes sur une image idéale de Maria Félix, mais en fait, tu es un clown beau", et c'est vrai, que ce soit en faisant la voix de Lola l'autruche dans Téléchat ou en jouant sur scène - j'aime aussi faire rire !
Pourquoi monter Les Liaisons dangereuses ?
C'était très ambitieux d'avoir la témérité de s'attaquer à un chef-d'œuvre comme celui-ci, mais toutes les adaptations que j'ai vues ou lues du roman de Choderlos de Laclos m'ont toujours déconcerté. Soit, comme dans le film de Stephen Frears, je ne me suffisais pas de cette psychologie de ces amants diaboliques qui n'étaient que méchants du début jusqu'à la fin, ou alors je m'ennuyais sur des adaptations très "fleur bleue". Cette nouvelle version que j'ai écrite avec Pascal E. Luneau, correspond plus à l'image que je me fais de cette œuvre : une écriture plus contemporaine, plus rythmée, et surtout avec du sens. On a retravaillé ces cinq cents pages de correspondance pour en faire une pièce piquante et incisive. Lors de mon travail de recherche, j'ai appris que c'était historiquement le dernier grand roman sur les mœurs de l'époque dans l'aristocratie avant la Révolution française. Il y a un rapport ici qui génère le sens qui manquait à l'histoire selon moi. Est-ce que finalement cette décadence morale n'aurait pas quelque chose à voir avec les origines de la Révolution française ? Des historiens me l'ont confirmé, c'est l'un des derniers témoignages avant la fin d'un monde. Notre adaptation consiste aussi à fondre cette histoire dans l'Histoire.
Maria Laborit
Qu'avez-vous pensé de cette œuvre "revisitée" ?
C'est ce qui m'a plu quand Régis m'a proposé ce projet. Rosemonde, que j'interprète, a été emprisonnée par les révolutionnaires. Elle est dans son cachot, dans les sous-sols de la Conciergerie, dehors la Révolution gronde. Elle échange alors des lettres avec la jeune Cécile, qui est au couvent, et lui raconte ce qui s'est passé entre Valmont, Merteuil et Madame de Tourvel. Il y a alors une alternance constante entre l'adresse des lettres et les dialogues, et c'est très habile. J'aime ce genre de pièces : rythmée, vivante et avec une grande qualité d'écriture. D'ailleurs avec un tout autre sujet mais dans la même veine, il y a À mon âge je me cache encore pour pleurer dans une mise en scène de Fabian Chapuis que je vais reprendre en janvier à la Maison des Métallos. Là encore, c'est une pièce forte et très bien écrite. Je suis très fière de participer à de si beaux spectacles, de belles pièces dramatiques, même si l'humour est présent et que j'aime aussi beaucoup la comédie. Mon professeur Andreas Voutsinas me disait souvent "toi, tu fonctionnes sur une image idéale de Maria Félix, mais en fait, tu es un clown beau", et c'est vrai, que ce soit en faisant la voix de Lola l'autruche dans Téléchat ou en jouant sur scène - j'aime aussi faire rire !
Paru le 02/12/2010
(25 notes) THÉÂTRE ESSAÏON Du jeudi 11 novembre 2010 au mardi 5 avril 2011
COMÉDIE DRAMATIQUE. Deux libertins cyniques, la marquise de Merteuil et son acolyte le vicomte de Valmont, orchestrent la perdition de leurs proies. À travers leurs correspondances, nous pénétrons leurs secrets d'alcôve pour en goûter l'Esprit. Quand l'art de la séduction devient un art raffiné du jeu et de la chas...
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