Interview par Manuel Piolat Soleymat
Anne-Marie Lazarini metteure en scène des “Serments indiscrets”
“Chez Marivaux, l’être se révèle à lui-même et révèle l’autre à travers le sentiment amoureux”
Anne-Marie Lazarini crée "Les Serments indiscrets" : une comédie vive et spirituelle, dans laquelle la directrice des Artistic-Athévains voit briller la quintessence du théâtre de Marivaux.
C'est la première fois que vous mettez en scène une pièce de Marivaux. Quelle relation vous lie à cet auteur ?
Marivaux (comme Michel Vinaver, ou encore Virginia Woolf...) fait partie des auteurs que j'aime particulièrement, qui appartiennent à mon histoire. Je lis régulièrement ses pièces depuis de nombreuses années. Je crois que le moment était venu, pour moi, d'enfin m'emparer de l'une d'entre elles. Il s'agit d'un théâtre passionnant, qui fait preuve d'une grande économie et d'une grande précision d'écriture, qui effectue un travail saisissant sur l'instant. Les personnages de Marivaux profèrent les choses qui arrivent au moment même où elles arrivent. C'est à travers cette instantanéité que ces êtres découvrent le monde et se découvrent eux-mêmes.
Des découvertes qui ont très souvent un rapport avec le cœur, avec l'amour...
Oui, chez Marivaux, tout passe par là : il invente la comédie du sentiment. L'être se révèle à lui-même et révèle l'autre à travers le sentiment amoureux. L'amour s'affirme ainsi comme le moteur du parcours intérieur des personnages, comme l'instrument fondamental d'une quête de la vérité. C'est vraiment un théâtre prodigieux, un théâtre d'escrimeurs, comme le disait Louis Jouvet, un théâtre qui met en œuvre des leurres, des manœuvres, des faux-semblants... Tout cela pour enfin se trouver au cœur de soi.
Pourquoi, parmi toutes les pièces de Marivaux, avoir choisi de mettre en scène Les Serments indiscrets ?
Parce que c'est une pièce que j'aime particulièrement, une pièce qui, d'une certaine façon, représente la quintessence du théâtre de Marivaux. La trame est assez simple : deux pères amis souhaitent marier leurs enfants l'un à l'autre. Mais, la jeune fille et le jeune homme, qui ne se sont jamais vus, s'opposent à toute idée de mariage. Lorsqu'ils se rencontrent pour se déclarer l'aversion qu'ils ressentent pour tout projet d'union, Lucile et Damis tombent subitement amoureux l'un de l'autre. Durant toute la pièce, chacun des deux va essayer d'amener l'autre à avouer son amour, afin de ne pas être le premier ou la première à revenir sur son serment de "non-mariage". Cette pièce est vraiment d'une intelligence et d'une drôlerie diaboliques !
Sur quels ressorts cette drôlerie repose-t-elle ?
Marivaux possède un sens de la comédie extrêmement singulier. Un sens de la comédie sans aucune épaisseur, qui passe par les interstices des situations pour entièrement s'intégrer à l'écriture. La drôlerie naît ainsi de façon très naturelle, sans jamais que l'on se rende compte des procédés
Marivaux (comme Michel Vinaver, ou encore Virginia Woolf...) fait partie des auteurs que j'aime particulièrement, qui appartiennent à mon histoire. Je lis régulièrement ses pièces depuis de nombreuses années. Je crois que le moment était venu, pour moi, d'enfin m'emparer de l'une d'entre elles. Il s'agit d'un théâtre passionnant, qui fait preuve d'une grande économie et d'une grande précision d'écriture, qui effectue un travail saisissant sur l'instant. Les personnages de Marivaux profèrent les choses qui arrivent au moment même où elles arrivent. C'est à travers cette instantanéité que ces êtres découvrent le monde et se découvrent eux-mêmes.
Des découvertes qui ont très souvent un rapport avec le cœur, avec l'amour...
Oui, chez Marivaux, tout passe par là : il invente la comédie du sentiment. L'être se révèle à lui-même et révèle l'autre à travers le sentiment amoureux. L'amour s'affirme ainsi comme le moteur du parcours intérieur des personnages, comme l'instrument fondamental d'une quête de la vérité. C'est vraiment un théâtre prodigieux, un théâtre d'escrimeurs, comme le disait Louis Jouvet, un théâtre qui met en œuvre des leurres, des manœuvres, des faux-semblants... Tout cela pour enfin se trouver au cœur de soi.
Pourquoi, parmi toutes les pièces de Marivaux, avoir choisi de mettre en scène Les Serments indiscrets ?
Parce que c'est une pièce que j'aime particulièrement, une pièce qui, d'une certaine façon, représente la quintessence du théâtre de Marivaux. La trame est assez simple : deux pères amis souhaitent marier leurs enfants l'un à l'autre. Mais, la jeune fille et le jeune homme, qui ne se sont jamais vus, s'opposent à toute idée de mariage. Lorsqu'ils se rencontrent pour se déclarer l'aversion qu'ils ressentent pour tout projet d'union, Lucile et Damis tombent subitement amoureux l'un de l'autre. Durant toute la pièce, chacun des deux va essayer d'amener l'autre à avouer son amour, afin de ne pas être le premier ou la première à revenir sur son serment de "non-mariage". Cette pièce est vraiment d'une intelligence et d'une drôlerie diaboliques !
Sur quels ressorts cette drôlerie repose-t-elle ?
Marivaux possède un sens de la comédie extrêmement singulier. Un sens de la comédie sans aucune épaisseur, qui passe par les interstices des situations pour entièrement s'intégrer à l'écriture. La drôlerie naît ainsi de façon très naturelle, sans jamais que l'on se rende compte des procédés
Paru le 03/03/2011
(26 notes) ARTISTIC THÉÂTRE (L') Du mardi 1 mars 2011 au dimanche 29 avril 2012
COMÉDIE. Lucile et Damis sont promis l'un à l'autre et tous deux manifestent une ferme réticence à l'engagement du mariage. Jusqu'au jour où ils se rencontrent et où le charme opère. Chacun se retrouve à la fois prisonnier de son serment et réfractaire à l'idée d'être le premier à le transgresser.
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