Si la postérité n'a pas retenu son nom, ses mélodies, en revanche, peuplent notre imaginaire collectif, notamment deux titres emblématiques du répertoire d'Édith Piaf : Padam (vous l'aurez compris) et Mon manège à moi. Né en 1910 en Galicie, Norbert Glanzberg découvre à l'âge de 4 ans que la musique sera le fil conducteur de sa vie. Son arrivée sur le devant de la scène musicale allemande accompagne celle des nazis sur le devant de la scène politique, et Norbert se voit contraint de se réfugier en France où, dès 1940, il entame une longue traversée clandestine de la France occupée. La peur, les privations, illuminées de quelques rencontres avec l'âme de la Résistance artistique française (Éluard, Prévert, Aragon...) n'entament en rien sa soif de création. Puis vient le temps de sa revanche avec les vicissitudes de l'existence, où les artistes les plus prestigieux des Trente Glorieuses (Luis Mariano, Dalida, Mireille Mathieu...) font appel à ses talents. Comme elle l'avait fait pour Judy Garland, Isabelle Georges se propose ici de retracer en musique le parcours de cet artiste à la lumière de ses compositions. Elle nous entraîne, avec l'énergie, la fraîcheur et la spontanéité qui ont fait d'elle l'une des artistes les plus authentiques de la scène parisienne, dans près de quarante ans d'histoire de France, réveillant en nous quelques madeleines oubliées. Frédérik Steenbrink, son complice de longue date, l'accompagne aux côtés de Jérôme Sarfati et Édouard Pennes, et cette joyeuse équipée, tendre et attachante, offre une nouvelle vie aux compositions de Glanzberg, au gré de délicieux arrangements jazzy, et nous délivre, le temps de la représentation et, au-delà, de nos inquiétudes contemporaines, à la manière d'enfants