Interview par Manuel Piolat Soleymat
François Bégaudeau
signe son premier texte de théâtre : “Le Problème”
Sur la scène du théâtre du Rond-Point, Jacques Bonnaffé, Anaïs Demoustier, Emmanuelle Devos et Alexandre Lecroc interprètent "Le Problème", dans une mise en scène d'Arnaud Meunier. Le romancier et scénariste François Bégaudeau revient sur cette première expérience d'écriture théâtrale.
Comment est née votre envie d'écrire pour le théâtre ?
Cette envie s'inscrit dans un désir, plus général, de m'éprouver à un maximum de supports. Mais le théâtre m'offre surtout une sorte de quintessence de ce que j'aime au cinéma, à savoir le jeu d'acteur, la comédie, au sens le plus classique.
Quelle relation entreteniez-vous avec l'art dramatique ?
Je suis un enfant des années 1980 et j'ai grandi en province, à Nantes, dans une famille qui n'allait que très peu au théâtre. Ma vie de spectateur de théâtre n'a donc pas été très dense, et je n'ai pas souvenir de grands éblouissements théâtraux d'adolescent. Je dois même confesser avoir parfois pris part aux sarcasmes "antithéâtre" de la sphère cinéphile où j'ai évolué. Et puis, peu à peu, la question de l'acteur devenant centrale pour moi, il m'a semblé de plus en plus intéressant d'aller voir comment elle se négociait dans la matrice, à savoir la scène. Dans ce cadre, à la fin des années 1990, les mises en scène des textes d'Olivier Cadiot, avec Laurent Poitrenaux, m'ont beaucoup marqué.
Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans la représentation théâtrale ?
Je me méfie beaucoup des mythologies liées au théâtre comme lieu d'exception, et à la représentation comme temps privilégié. Il reste cette chose indéniable : la simplicité enfantine du processus. Des gens se dressent sur un plateau, se mettent à jouer et on y croit. C'est dans ce sens que j'aime les mises en scène épurées, parce qu'alors le principe enfantin, fragile et miraculeux, apparaît à nu. Aller au théâtre, c'est voir des gens jouer et, en soi, cela me bouleverse.
De quoi traite "Le Problème" ?
Le Problème expose une situation que l'heure de représentation se propose de déplier : une femme a laissé le matin un mot informant son mari et ses deux enfants qu'elle part habiter avec celui qui est son amant depuis quelques mois. À 17 heures, elle revient à l'appartement et les quatre membres de la famille vont délibérer sur ce "problème". La femme va faire valoir que l'écoute de son désir lui semble un impératif premier. Dans cette pièce, le temps de la représentation correspond au temps de l'action, et le principe d'unité de lieu est pris au pied de la lettre. J'ai aussi voulu conférer un aspect très naturaliste aux dialogues. Je voulais, sur ce plan, m'inscrire dans une politique de la justesse - ce qui ne signifie pas que la pièce soit réaliste car, à vrai dire, je connais peu de familles qui délibéreraient de la sorte. Disons, pour synthétiser, que j'ai essayé de traiter de façon réaliste une situation qui ne l'est pas.
Cette envie s'inscrit dans un désir, plus général, de m'éprouver à un maximum de supports. Mais le théâtre m'offre surtout une sorte de quintessence de ce que j'aime au cinéma, à savoir le jeu d'acteur, la comédie, au sens le plus classique.
Quelle relation entreteniez-vous avec l'art dramatique ?
Je suis un enfant des années 1980 et j'ai grandi en province, à Nantes, dans une famille qui n'allait que très peu au théâtre. Ma vie de spectateur de théâtre n'a donc pas été très dense, et je n'ai pas souvenir de grands éblouissements théâtraux d'adolescent. Je dois même confesser avoir parfois pris part aux sarcasmes "antithéâtre" de la sphère cinéphile où j'ai évolué. Et puis, peu à peu, la question de l'acteur devenant centrale pour moi, il m'a semblé de plus en plus intéressant d'aller voir comment elle se négociait dans la matrice, à savoir la scène. Dans ce cadre, à la fin des années 1990, les mises en scène des textes d'Olivier Cadiot, avec Laurent Poitrenaux, m'ont beaucoup marqué.
Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans la représentation théâtrale ?
Je me méfie beaucoup des mythologies liées au théâtre comme lieu d'exception, et à la représentation comme temps privilégié. Il reste cette chose indéniable : la simplicité enfantine du processus. Des gens se dressent sur un plateau, se mettent à jouer et on y croit. C'est dans ce sens que j'aime les mises en scène épurées, parce qu'alors le principe enfantin, fragile et miraculeux, apparaît à nu. Aller au théâtre, c'est voir des gens jouer et, en soi, cela me bouleverse.
De quoi traite "Le Problème" ?
Le Problème expose une situation que l'heure de représentation se propose de déplier : une femme a laissé le matin un mot informant son mari et ses deux enfants qu'elle part habiter avec celui qui est son amant depuis quelques mois. À 17 heures, elle revient à l'appartement et les quatre membres de la famille vont délibérer sur ce "problème". La femme va faire valoir que l'écoute de son désir lui semble un impératif premier. Dans cette pièce, le temps de la représentation correspond au temps de l'action, et le principe d'unité de lieu est pris au pied de la lettre. J'ai aussi voulu conférer un aspect très naturaliste aux dialogues. Je voulais, sur ce plan, m'inscrire dans une politique de la justesse - ce qui ne signifie pas que la pièce soit réaliste car, à vrai dire, je connais peu de familles qui délibéreraient de la sorte. Disons, pour synthétiser, que j'ai essayé de traiter de façon réaliste une situation qui ne l'est pas.
Paru le 25/04/2011
(17 notes) THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mercredi 23 février au dimanche 3 avril 2011
TEXTE(S). Elle rompt. Annie, la quarantaine, vient chercher ses affaires. Deux adolescents bacheliers, son fils et sa fille, l’interrogent, la jugent ou la soutiennent. Écrivain, ses cinquante ans scotchés à son canapé, Alban conteste et se contient. Homme tassé, cassé, il fait des phrases pour retrouver un...
|