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© Bruno Perroud
Interview par Alain Bugnard
José Paul

Double actualité pour José Paul en cette rentrée théâtrale : sa mise en scène à L'Œuvre d'"Entre deux ils" et sa participation, en tant que comédien, à la nouvelle création d'Éric Assous au Tristan-Bernard, "Les Conjoints", sous la direction de Jean-Luc Moreau.
En quoi le projet d'Isabelle Cote a-t-il retenu votre attention de metteur en scène ?

J'ai trouvé cette pièce qui parle de blessures enfouies, de traumatismes, absolument troublante. Isabelle sait tenir son lecteur en apnée ! Chaque réplique a un sens et nous porte vers le dénouement. Pour moi, un auteur a émergé avec cette pièce comparable à nulle autre. Et il y a dans l'écriture ce qui me séduit dans la comédie moderne : cet art de mettre en relief les fils qui relient les êtres entre eux, mâtiné de sentiment, d'humour et d'ironie... En fait, je ne me considère pas comme un metteur en scène professionnel ! Je ne mets en scène que des coups de cœur - comme Le Gai Mariage - avec des gens que j'aime et qui considèrent le théâtre comme une aventure collective et non individuelle. Continuer à faire vivre cette conception originelle du théâtre est aussi une manière de refuser un système où les ambitions personnelles et les impératifs financiers parasitent souvent la création. En abusant du name dropping, les directeurs de théâtre font une erreur colossale, misant sur une rentabilité extrêmement périssable.

Dans quel univers avez-vous placé les personnages d'Isabelle Cote ?

L'essentiel de l'action se déroule dans la librairie de David. Le premier décor - un appartement froid, high-tech, moderne - constitue une fausse piste formidable et contraste avec le cadre chaleureux de la vieille librairie qui lui succède. L'écriture est très cinématographique avec des séquences de trois à dix minutes éparpillées sur un an. Pour les transitions, nous avons détourné des standards de la chanson qui se fondent parfaitement dans cette comédie dramatique où ces trois personnages vont finir par former trois couples...

Il est encore et toujours question du couple dans "Les Conjoints" !

Oui, je remets le couvert avec Éric Assous et sa nouvelle création dans la mouvance de son Illusion conjugale, avec une écriture extrêmement raffinée et une construction particulière. L'arrivée d'une somme d'argent colossale gagnée au loto va bouleverser le quotidien et les certitudes de deux couples. Il y a celui que je forme avec Anne Loiret. Du second couple, on ne voit que l'homme, incarné par Jean-Luc Moreau. Sa femme est l'arlésienne du spectacle, tandis qu'une jeune femme, Anne-Sophie Germanaz, fait son apparition... La dimension vénale n'est pas la seule explorée, un autre élément aurait pu déclencher les mêmes situations et mettre en porte-à-faux les personnages avec leur éthique, leur intérêt et leurs émotions. Car chacun a des choses à revendiquer et à cacher par souci des apparences. Mon personnage est prof de maths. Il n'a pas une personnalité très forte : frileux, modéré, gagne-petit, il est prêt à sacrifier un immense bonheur par lâcheté. Il se laisse un peu manipuler par tous les personnages !
Paru le 17/10/2011

(174 notes)
CONJOINTS (LES)
THÉÂTRE TRISTAN BERNARD
Du mercredi 31 août 2011 au samedi 7 avril 2012

COMÉDIE. Dans un couple, la vérité est toujours mise à rude épreuve, tandis que le mensonge ne demande qu’à s’installer. "Les Conjoints" nous rappelle que le bonheur n’est pas un état permanent mais un équilibre précaire. Fertile en rebondissements, l’intrigue, qui mêle le pouvoir ravageur de l’argent et l...

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