Interview par Manuel Piolat Soleymat
Ladislas Chollat
met en scène L’Ouest solitaire au théâtre Marigny
L'Irlande. Deux frères ennemis. Une jeune fille dont la présence ne fait qu'attiser les haines. Un prêtre incapable d'empêcher le drame... C'est "L'Ouest solitaire",
du dramaturge britannique Martin McDonagh. Sous la direction de Ladislas Chollat, Pierre Berriau, Dominique Pinon, Elsa Rozenknop et Bruno Solo donnent corps à cette "tragédie où l'on rit".
du dramaturge britannique Martin McDonagh. Sous la direction de Ladislas Chollat, Pierre Berriau, Dominique Pinon, Elsa Rozenknop et Bruno Solo donnent corps à cette "tragédie où l'on rit".
Quelle relation unit les deux personnages centraux de L'Ouest solitaire ?
Les frères Connor sont unis par une relation complexe, qui fait en grande partie l'intérêt de la pièce de Martin McDonagh. Leur relation s'est construite sur des fautes d'enfant inavouées, et donc jamais pardonnées, sur une jalousie profonde, mais aussi, paradoxalement, sur de l'amour. Ces deux personnages se ressemblent dans leur solitude, leurs frustrations, l'absence d'avenir qui est le leur.
Quels sont les principaux enjeux humains et sociaux de cette pièce ?
L'Ouest solitaire s'inscrit dans la réalité sociale d'un petit village irlandais. Ce pays a souvent dû baisser la tête face aux Anglais, tout en essayant de défendre sa langue, sa religion, sa culture. La pièce de Martin McDonagh est imprégnée d'une forme de désespoir irlandais. Mais il ne s'agit pas seulement d'une pièce "exotique". Chacun peut se reconnaître dans ces deux personnages de frères qui ne trouvent d'autres moyens que la violence pour exprimer leur amour. Lorsque la religion a échoué, que reste-t-il aux hommes pour donner du sens à leur vie ? Voilà une question qui devrait toucher de nombreux spectateurs.
Vous définissez cette œuvre comme une "tragédie comique", "une tragédie où l'on rit". Comment se manifeste cette ambivalence ?
L'Ouest solitaire est construit comme une tragédie : des héros se battent avec leur destin sans parvenir à éviter une fin inéluctable, un personnage de prêtre représente la transcendance, un autre joue un rôle de messager... Mais là où la tragédie classique fait appel à des figures nobles, Martin McDonagh choisit des protagonistes sans culture, si ce n'est celle de la télévision et des "magazines people". Des protagonistes qui parlent une langue approximative, une langue ne leur permettant pas réellement d'exprimer leurs sentiments. Alors que les héros tragiques se battent par passion amoureuse, nos deux frères se battent pour un paquet de chips. Ici, la tragédie devient dérisoire, comique. On est sur un fil... À tout moment, là où on devrait pleurer, on rit.
Comment pourriez-vous caractériser votre univers artistique ?
Les spectateurs qui suivent mes créations aiment souvent leur aspect cinématographique. J'attache beaucoup d'importance à la qualité des images, aux transitions d'une scène à l'autre... Je crois que plus j'avance, plus j'essaie de me faire confiance et de faire confiance au public. Alors qu'auparavant je remplissais tout, aujourd'hui, je laisse des vides pour que les spectateurs puissent les remplir avec leur imagination. J'essaie de faire en sorte que mes spectacles soient aussi un peu les leurs.
Les frères Connor sont unis par une relation complexe, qui fait en grande partie l'intérêt de la pièce de Martin McDonagh. Leur relation s'est construite sur des fautes d'enfant inavouées, et donc jamais pardonnées, sur une jalousie profonde, mais aussi, paradoxalement, sur de l'amour. Ces deux personnages se ressemblent dans leur solitude, leurs frustrations, l'absence d'avenir qui est le leur.
Quels sont les principaux enjeux humains et sociaux de cette pièce ?
L'Ouest solitaire s'inscrit dans la réalité sociale d'un petit village irlandais. Ce pays a souvent dû baisser la tête face aux Anglais, tout en essayant de défendre sa langue, sa religion, sa culture. La pièce de Martin McDonagh est imprégnée d'une forme de désespoir irlandais. Mais il ne s'agit pas seulement d'une pièce "exotique". Chacun peut se reconnaître dans ces deux personnages de frères qui ne trouvent d'autres moyens que la violence pour exprimer leur amour. Lorsque la religion a échoué, que reste-t-il aux hommes pour donner du sens à leur vie ? Voilà une question qui devrait toucher de nombreux spectateurs.
Vous définissez cette œuvre comme une "tragédie comique", "une tragédie où l'on rit". Comment se manifeste cette ambivalence ?
L'Ouest solitaire est construit comme une tragédie : des héros se battent avec leur destin sans parvenir à éviter une fin inéluctable, un personnage de prêtre représente la transcendance, un autre joue un rôle de messager... Mais là où la tragédie classique fait appel à des figures nobles, Martin McDonagh choisit des protagonistes sans culture, si ce n'est celle de la télévision et des "magazines people". Des protagonistes qui parlent une langue approximative, une langue ne leur permettant pas réellement d'exprimer leurs sentiments. Alors que les héros tragiques se battent par passion amoureuse, nos deux frères se battent pour un paquet de chips. Ici, la tragédie devient dérisoire, comique. On est sur un fil... À tout moment, là où on devrait pleurer, on rit.
Comment pourriez-vous caractériser votre univers artistique ?
Les spectateurs qui suivent mes créations aiment souvent leur aspect cinématographique. J'attache beaucoup d'importance à la qualité des images, aux transitions d'une scène à l'autre... Je crois que plus j'avance, plus j'essaie de me faire confiance et de faire confiance au public. Alors qu'auparavant je remplissais tout, aujourd'hui, je laisse des vides pour que les spectateurs puissent les remplir avec leur imagination. J'essaie de faire en sorte que mes spectacles soient aussi un peu les leurs.
Paru le 27/09/2011
(27 notes) THÉÂTRE MARIGNY Du mardi 13 septembre au samedi 31 décembre 2011
COMÉDIE DRAMATIQUE. L’Irlande. Deux frères liés par un pacte. Entre eux, une haine quotidienne. Une jeune fille dont les attitudes provocantes ne font qu’attiser la situation. Un prêtre incapable d’empêcher le drame.
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