Dossier par Alain Bugnard
L’Épreuve
Les sentiments d'une jeune provinciale mis à l'épreuve par un prétendant s'imaginant n'être courtisé que pour sa fortune : tel est le sujet de cette pièce de Marivaux mise en scène par Agathe Alexis et interprétée notamment par Marie Delmarès.
Agathe Alexis
Après Loth et son Dieu d'Howard Barker ou Le Pain dur de Paul Claudel, Agathe Alexis a choisi de mettre en scène ce texte de Marivaux "qui est, dit-on, l'une de ses courtes pièces les plus parfaites, que ce soit pour le développement inattendu de l'intrigue jusqu'à sa conclusion ou le traitement particulièrement abouti du thème central. On y trouve par ailleurs un dépouillement et une vérité proches du théâtre contemporain. J'ai situé la pièce dans un XVIIIe siècle réinventé, sans références historiques. J'ai tenté de donner aux acteurs, grâce au travail du sous-texte, la sincérité, la spontanéité et la liberté que l'on peut trouver chez Tchekhov qui est le maître incontesté de ce travail du sous-texte. Chez Marivaux, ce travail d'intériorité permet aussi de trouver le sentiment juste pour illustrer les quêtes désespérées qu'il met en scène, souvent comiques avec les quiproquos qui en résultent et qui font le charme et l'intelligence frémissante de son œuvre." Le rôle de Lucidor, le bourgeois quelque peu cynique et manipulateur, est ici campé par Robert Bouvier qui, dans la même soirée, met ensuite Agathe Alexis en scène dans Les Acteurs de bonne foi. "Cette proposition est venue de Robert après notre collaboration sur Le Pain dur. Naturellement, c'est un challenge pour deux metteurs en scène de jouer chacun dans la mise en scène de l'autre. Le partage de ces deux textes convient bien à nos tempéraments. Avec Les Acteurs de bonne foi, pièce ludique et carnavalesque, Robert déploie son tempérament italianisant. L'Épreuve, qui n'est pas sans rappeler les thèmes philosophiques et poétiques de Lessing sur la tolérance, est proche de mes sujets de prédilection."
Marie Delmarès
Marie Delmarès, que l'on a pu voir récemment dans Soudain l'été dernier, mise en scène par René Loyon au théâtre de La Tempête, ou dans son solo Sentier de dépendance au Lucernaire, incarne ici le personnage de la jeune fille suspectée de convoitise. "Le théâtre de Marivaux est fin, subtil, sur le fil, exigeant. J'aime son ambiguïté, sa férocité. Il nécessite un engagement total de la part du comédien, une grande implication s'il ne veut pas paraître mièvre... Angélique est un personnage extrêmement moderne, une femme libre qui ne se soumet ni à l'autorité maternelle, ni masculine. Ce qui était exceptionnel au XVIIIe siècle ! Je la perçois comme une jeune fille vive, spontanée, entière. Ce qu'elle vit au cours de la pièce se révèle un rude apprentissage où elle perd son innocence mais pas sa dignité. Ce qui est important pour moi est de défendre avant tout le sens du texte et de rendre l'œuvre intemporelle. Je ne suis pas pour le classicisme mais pour l'intelligence du sens. J'aime les frottements anachroniques que peuvent constituer la vidéo, la danse contemporaine ou des accords de guitare électrique sur un texte classique !"
Paru le 04/12/2011
(16 notes) THÉÂTRE DE L'ATALANTE Du vendredi 18 novembre au jeudi 29 décembre 2011
COMÉDIE. Jeune campagnarde au cœur de L'épreuve, Angélique s'est éprise de Lucidor, un riche citadin en villégiature. Craigant d'être aimé pour ses biens, le gentilhomme ordonne à son valet, Frontin, de jouer le rôle d'un homme très fortuné et de faire la cour à la jeune fille. Dans Les acteurs de bonne fo...
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