Celle d'Anna appartient à deux cents pour cent à la seconde catégorie. Mariée à un homme qui la trompe à tours de bras, y compris au sein de sa propre famille, elle trime dur pour, qui plus est, faire vivre une tribu de fainéants, autrement dit son mari, son père, son frère et la femme de ce dernier, tous plus rustres les uns que les autres, les hommes étant prêts à toutes les bassesses et toutes les entourloupes possibles... y compris envers Anna.

On ajoute au tableau une meilleure amie qui la dupe en beauté ainsi qu'un enfant en route mais encore inavoué et voici le portrait craché d'une pôvresse de première classe... Pourtant rien ici ne porte vraiment à pleurer de toutes ses larmes mais bien à rire !

Car cette tragédie humaine se transforme en tragicomédie burlesque, ce par le biais du grotesque. La Compagnie Carrozzone Teatro et son auteur, Fabio Marra -qui met en scène et endosse aussi superbement le rôle du mari- travaillent en effet à partir des principes d'écriture de la commedia dell'arte, sans masques mais avec un jeu néoréaliste... qui n'a rien de réaliste.

Menée tambours battants par six comédiens dont presque tous sont d'origine italienne (malgré leur accent, pas de problème de compréhension) et qui campent des personnages « monstrueux » de la plus belle exubérance à la plus grande discrétion, cette pièce amène alors un rire grinçant, pas très « politiquement correct » mais carrément délectable ! Cette fable nous invite également à réfléchir sur cette société qui voue un culte à l'individualisme poussant à profiter des faibles et ça non plus, ça ne fait pas de mal !