Interview par Manuel Piolat Soleymat
Anne-Laure Liégeois
met en scène La Place Royale de Corneille
Après sa mise en scène d'"Une puce, épargnez-la" la saison dernière, l'ancienne directrice du Centre dramatique national de Montluçon revient à la Comédie-Française avec "La Place Royale" de Corneille. Dans la salle du Vieux-Colombier.
"Ce sont mes propres douleurs, mes propres interrogations que j'ai eu envie de raconter à travers ces personnages."
La Place Royale est la première pièce en alexandrins que vous mettez en scène. Comment est née l'idée de créer cette œuvre de Corneille ?
D'une proposition de Muriel Mayette. Je suis très heureuse qu'elle m'ait demandé de réfléchir à cette pièce, car ce n'est pas le genre d'œuvre vers lequel je me serais dirigée naturellement. Or le propos sur la liberté que développe Corneille me touche particulièrement: comment on s'impose des cadres de vie, quelle place on accepte de laisser à la passion, est-ce qu'on permet à l'amour de bouleverser notre existence... Tout cela me parle beaucoup et m'interroge. Je trouve très intéressant d'explorer ces thèmes avec des comédiens, de creuser avec eux les rapports hommes-femmes, la question du désir, de la rencontre amoureuse, des rapports de pouvoir, de l'intégrisme de l'amour... Et puis, c'est quelque chose de formidable de travailler l'alexandrin, c'est un bonheur des mots incroyable !
Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène la seconde version de la pièce, qui date de 1682, plutôt que la première, publiée en 1637 ?
Corneille a écrit cette seconde version deux ans avant de mourir. C'est un texte d'une grande maturité. La première version est, au contraire, une œuvre de jeunesse. Lorsqu'on compare ces deux versions, on passe d'une langue un peu archaïque à une langue plus classique, plus fluide. Près de cinquante ans séparent ces deux textes. On a l'impression que toutes ces années ont permis à Corneille d'envisager son rapport aux femmes de façon plus sereine, plus joyeuse, plus généreuse.
Au sein de quel univers esthétique avez-vous choisi d'immerger les acteurs de la Comédie-Française ?
Au sein d'un univers contemporain, même si je crée un petit décalage permettant d'échapper au réalisme pur, de faire naître une forme de poésie. Au XVIIe siècle, Corneille jouait d'un effet de miroir qui renvoyait directement les spectateurs de l'époque à ce qui se passait sur scène. Je suis le même principe. Une autre particularité de ma mise en scène est de ne pas avoir choisi des comédiens de vingt ans pour interpréter cette pièce.
Pourquoi cela ?
Parce que je vis le théâtre dans ma chair et que j'ai quarante-cinq ans. Ce sont mes propres douleurs, mes propres interrogations que j'ai envie de raconter à travers les personnages de La Place Royale, et non les douleurs et les interrogations de jeunes gens de vingt ans. J'ai donc demandé à Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Alain Lenglet, Florence Viala, Denis Podalydès, Elsa Lepoivre, Clément Hervieu-Léger et Benjamin Lavernhe de m'accompagner dans cette belle aventure.
La Place Royale est la première pièce en alexandrins que vous mettez en scène. Comment est née l'idée de créer cette œuvre de Corneille ?
D'une proposition de Muriel Mayette. Je suis très heureuse qu'elle m'ait demandé de réfléchir à cette pièce, car ce n'est pas le genre d'œuvre vers lequel je me serais dirigée naturellement. Or le propos sur la liberté que développe Corneille me touche particulièrement: comment on s'impose des cadres de vie, quelle place on accepte de laisser à la passion, est-ce qu'on permet à l'amour de bouleverser notre existence... Tout cela me parle beaucoup et m'interroge. Je trouve très intéressant d'explorer ces thèmes avec des comédiens, de creuser avec eux les rapports hommes-femmes, la question du désir, de la rencontre amoureuse, des rapports de pouvoir, de l'intégrisme de l'amour... Et puis, c'est quelque chose de formidable de travailler l'alexandrin, c'est un bonheur des mots incroyable !
Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène la seconde version de la pièce, qui date de 1682, plutôt que la première, publiée en 1637 ?
Corneille a écrit cette seconde version deux ans avant de mourir. C'est un texte d'une grande maturité. La première version est, au contraire, une œuvre de jeunesse. Lorsqu'on compare ces deux versions, on passe d'une langue un peu archaïque à une langue plus classique, plus fluide. Près de cinquante ans séparent ces deux textes. On a l'impression que toutes ces années ont permis à Corneille d'envisager son rapport aux femmes de façon plus sereine, plus joyeuse, plus généreuse.
Au sein de quel univers esthétique avez-vous choisi d'immerger les acteurs de la Comédie-Française ?
Au sein d'un univers contemporain, même si je crée un petit décalage permettant d'échapper au réalisme pur, de faire naître une forme de poésie. Au XVIIe siècle, Corneille jouait d'un effet de miroir qui renvoyait directement les spectateurs de l'époque à ce qui se passait sur scène. Je suis le même principe. Une autre particularité de ma mise en scène est de ne pas avoir choisi des comédiens de vingt ans pour interpréter cette pièce.
Pourquoi cela ?
Parce que je vis le théâtre dans ma chair et que j'ai quarante-cinq ans. Ce sont mes propres douleurs, mes propres interrogations que j'ai envie de raconter à travers les personnages de La Place Royale, et non les douleurs et les interrogations de jeunes gens de vingt ans. J'ai donc demandé à Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Alain Lenglet, Florence Viala, Denis Podalydès, Elsa Lepoivre, Clément Hervieu-Léger et Benjamin Lavernhe de m'accompagner dans cette belle aventure.
Paru le 15/11/2012
(9 notes) THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER Du mercredi 28 novembre 2012 au dimanche 13 janvier 2013
COMÉDIE DRAMATIQUE. Angélique et Alidor sont unis par une passion réciproque qui ne connaît ni entrave sociale, ni interdit familial. Tout va pour le mieux pour les deux amants. C’est sans compter l’extravagance d’Alidor qui aime, plus encore que sa maîtresse, sa liberté. Animé par un projet retors, le jeune héros ro...
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