Interview par Manuel Piolat Soleymat
Philippe Minyana :“Explorer ce grand paysage qu’est le théâtre”
“Je travaille, depuis quelques années, à des épopées intimes qui ouvrent sur le merveilleux.”
Inventaires au Théâtre de Poche-Montparnasse ; "Cri et Ga cherchent la paix" au Théâtre du Rond-Point : l'actualité parisienne de l'auteur Philippe Minyana est double. Toujours en recherche, cet expérimentateur exigeant revient avec nous sur les fondements de son théâtre et de son écriture.
Quelle vision du monde donnez-vous à percevoir à travers vos pièces ?
Avant tout, il faut dire que, fondamentalement, mon projet d'écriture revient à interroger, à explorer ce grand paysage qu'est le théâtre. Je suis sans arrêt en recherche, comme un artisan à son établi, cherchant à savoir ce qu'est l'écriture, quelle forme on peut lui donner. à travers mes fables, j'essaie de parler des dysfonctionnements du monde. Pas d'un point de vue moral, plutôt d'un point de vue métaphorique. J'essaie de montrer comment une société est en plein dysfonctionnement, comment des êtres sont au bord du gouffre.
Cela en traitant du réel...
Oui, en travaillant à un théâtre de l'existence. Comment on parle, comment on vit : voilà les questions que je me pose. Sur scène, j'essaie de donner naissance à des personnages qui nous ressemblent. Je pars toujours du réel, de faits divers, et je transforme ce réel et ces faits divers en allégories. Je construis des fresques qui, chaque fois de manière différente, racontent la mélancolie, un empêchement, un drame, le tressaillement d'une rencontre... à l'époque où j'ai écrit Inventaires [NDLR, texte créé en 1987, dans une mise en scène de Robert Cantarella, avec édith Scob, Florence Giorgetti et Judith Magre, repris aujourd'hui avec les mêmes comédiennes], ce qui m'intéressait le plus, c'était la langue, reconstituer la langue orale de sorte qu'elle soit juste, qu'elle soit vraie.
Cri et Ga cherchent la paix appartient à une autre période d'écriture...
En effet. Après cette première période [NDLR, à laquelle appartient Inventaires, période composée de pièces proches de la logorrhée], après une deuxième période plus minimaliste, je travaille depuis quelques années à des épopées intimes, des fables qui ouvrent sur le merveilleux, sur le fantastique. C'est à cette dernière période plus optimiste qu'appartient Cri et Ga cherchent la paix, une fable initiatique sur la fraternité dans laquelle deux garçons errent à la recherche du bien-être. Dans les années 1990, j'étais dans le deuil de plein de choses... Mes textes étaient plus sombres. à présent, je me situe davantage dans la réconciliation. En vieillissant, on devient soit plus tendre, soit complètement amer. Moi, je suis devenu plus tendre. Aujourd'hui, l'amitié, la réconciliation, les perspectives de joie, sont beaucoup plus présentes dans mon écriture.
Avant tout, il faut dire que, fondamentalement, mon projet d'écriture revient à interroger, à explorer ce grand paysage qu'est le théâtre. Je suis sans arrêt en recherche, comme un artisan à son établi, cherchant à savoir ce qu'est l'écriture, quelle forme on peut lui donner. à travers mes fables, j'essaie de parler des dysfonctionnements du monde. Pas d'un point de vue moral, plutôt d'un point de vue métaphorique. J'essaie de montrer comment une société est en plein dysfonctionnement, comment des êtres sont au bord du gouffre.
Cela en traitant du réel...
Oui, en travaillant à un théâtre de l'existence. Comment on parle, comment on vit : voilà les questions que je me pose. Sur scène, j'essaie de donner naissance à des personnages qui nous ressemblent. Je pars toujours du réel, de faits divers, et je transforme ce réel et ces faits divers en allégories. Je construis des fresques qui, chaque fois de manière différente, racontent la mélancolie, un empêchement, un drame, le tressaillement d'une rencontre... à l'époque où j'ai écrit Inventaires [NDLR, texte créé en 1987, dans une mise en scène de Robert Cantarella, avec édith Scob, Florence Giorgetti et Judith Magre, repris aujourd'hui avec les mêmes comédiennes], ce qui m'intéressait le plus, c'était la langue, reconstituer la langue orale de sorte qu'elle soit juste, qu'elle soit vraie.
Cri et Ga cherchent la paix appartient à une autre période d'écriture...
En effet. Après cette première période [NDLR, à laquelle appartient Inventaires, période composée de pièces proches de la logorrhée], après une deuxième période plus minimaliste, je travaille depuis quelques années à des épopées intimes, des fables qui ouvrent sur le merveilleux, sur le fantastique. C'est à cette dernière période plus optimiste qu'appartient Cri et Ga cherchent la paix, une fable initiatique sur la fraternité dans laquelle deux garçons errent à la recherche du bien-être. Dans les années 1990, j'étais dans le deuil de plein de choses... Mes textes étaient plus sombres. à présent, je me situe davantage dans la réconciliation. En vieillissant, on devient soit plus tendre, soit complètement amer. Moi, je suis devenu plus tendre. Aujourd'hui, l'amitié, la réconciliation, les perspectives de joie, sont beaucoup plus présentes dans mon écriture.
Paru le 16/04/2013
(8 notes) THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mercredi 20 mars au dimanche 28 avril 2013
COMÉDIE DRAMATIQUE. Deux gugusses on the road again. Ils sont frères, probablement. Cri et Ga, amis en voyage, cherchent un lieu où se poser, leur havre de paix. Seul projet: être au monde, et ensemble. Et s’y trouver bien. Ils boivent, fument, éternuent, chantent, font un petit caca en riant dans les champs.
|