Interview par Manuel Piolat Soleymat
"L’Origine du monde" Sébastien Thiéry
"Une comédie, c’est une tragédie juste un peu décalée, non ?"
Sébastien Thiéry présente sa nouvelle pièce au Théâtre du Rond-Point, dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes. L'auteur à succès interprète lui-même le rôle principal de cette comédie loufoque aux accents existentiels. Interview.
Quelle est l'intrigue de L'Origine du monde ?
C'est l'histoire d'un homme dont le cœur s'arrête de battre et qui a sept jours pour échapper à cette malédiction. Pour cela, il devra prendre en photo le sexe de sa mère, à qui il ne parle plus depuis longtemps...
A travers cette pièce, quel regard portez-vous sur les rapports mère/fils ?
Je connais surtout ma mère, ça m'est difficile de répondre pour celle des autres. Je ne développe pas de thèse quand j'écris une pièce. J'essaie surtout de faire avancer une situation.
Quel rapport vous lie au genre de la comédie ? Pourriez-vous écrire une tragédie ?
En tant que spectateur, je suis plus attiré par les pièces tragiques, mais quand il s'agit de les écrire, je suis obsédé à l'idée de faire rire. Cette obsession remonte à mes débuts d'acteur. J'avais le sentiment que les spectateurs me trouvaient très mauvais sur scène. S'ils restaient silencieux, cela voulait dire qu'ils s'ennuyaient, que je ne les intéressais pas. Les entendre rire me rassurait, me confirmait que j'avais un peu de talent. Cette sensation ne m'a pas complètement quitté. Et puis, une comédie, c'est une tragédie juste un peu décalée, non ?
A quelle famille d'auteurs dramatiques pensez-vous appartenir ?
Quand j'ai commencé à prendre des cours de théâtre, je ne voulais travailler que des scènes de vaudevilles : Feydeau, Labiche ou Jean Poiret. Pour moi le théâtre se résumait à ça, faire rire en jouant des quiproquos. Et puis j'ai découvert le théâtre de l'absurde, Beckett, Pinter, Dubillard ou Ribes... Ces auteurs sont des modèles pour moi aujourd'hui. J'ai le sentiment d'être un petit bâtard, écartelé entre ces deux familles, et qui écrit des vaudevilles mâtinés d'absurde. Pierre Arditi, qui a interprété ma pièce précédente, avait parlé de « boulevard kafkaïen » pour définir le style de mes pièces. Je crois que ça résume bien mon travail.
Comment écrivez-vous ?
Avant de me lancer dans l'écriture d'une pièce, j'essaie de trouver une situation forte. Le thème, ce que cela racontera aux spectateurs, je m'en fiche un peu. Ce qui m'obsède, c'est de voir un bourgeois banal et innocent, sur qui s'abat une malédiction totalement injuste. Les seules choses qui m'importent sont la situation du personnage et la cohérence de l'action. Comment le héros va se sortir de ce cauchemar, je ne le sais pas en me lançant dans l'écriture de la pièce. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qui va se passer, mais plutôt comment cela va se passer. Quand un innocent se débat dans une situation absurde, les gens sont tentés d'y mettre de la pensée et du sens, libre à eux. Moi je n'écris pas de pièces à thèses. Je n'ai rien à dire, juste des choses à taire.
C'est l'histoire d'un homme dont le cœur s'arrête de battre et qui a sept jours pour échapper à cette malédiction. Pour cela, il devra prendre en photo le sexe de sa mère, à qui il ne parle plus depuis longtemps...
A travers cette pièce, quel regard portez-vous sur les rapports mère/fils ?
Je connais surtout ma mère, ça m'est difficile de répondre pour celle des autres. Je ne développe pas de thèse quand j'écris une pièce. J'essaie surtout de faire avancer une situation.
Quel rapport vous lie au genre de la comédie ? Pourriez-vous écrire une tragédie ?
En tant que spectateur, je suis plus attiré par les pièces tragiques, mais quand il s'agit de les écrire, je suis obsédé à l'idée de faire rire. Cette obsession remonte à mes débuts d'acteur. J'avais le sentiment que les spectateurs me trouvaient très mauvais sur scène. S'ils restaient silencieux, cela voulait dire qu'ils s'ennuyaient, que je ne les intéressais pas. Les entendre rire me rassurait, me confirmait que j'avais un peu de talent. Cette sensation ne m'a pas complètement quitté. Et puis, une comédie, c'est une tragédie juste un peu décalée, non ?
A quelle famille d'auteurs dramatiques pensez-vous appartenir ?
Quand j'ai commencé à prendre des cours de théâtre, je ne voulais travailler que des scènes de vaudevilles : Feydeau, Labiche ou Jean Poiret. Pour moi le théâtre se résumait à ça, faire rire en jouant des quiproquos. Et puis j'ai découvert le théâtre de l'absurde, Beckett, Pinter, Dubillard ou Ribes... Ces auteurs sont des modèles pour moi aujourd'hui. J'ai le sentiment d'être un petit bâtard, écartelé entre ces deux familles, et qui écrit des vaudevilles mâtinés d'absurde. Pierre Arditi, qui a interprété ma pièce précédente, avait parlé de « boulevard kafkaïen » pour définir le style de mes pièces. Je crois que ça résume bien mon travail.
Comment écrivez-vous ?
Avant de me lancer dans l'écriture d'une pièce, j'essaie de trouver une situation forte. Le thème, ce que cela racontera aux spectateurs, je m'en fiche un peu. Ce qui m'obsède, c'est de voir un bourgeois banal et innocent, sur qui s'abat une malédiction totalement injuste. Les seules choses qui m'importent sont la situation du personnage et la cohérence de l'action. Comment le héros va se sortir de ce cauchemar, je ne le sais pas en me lançant dans l'écriture de la pièce. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qui va se passer, mais plutôt comment cela va se passer. Quand un innocent se débat dans une situation absurde, les gens sont tentés d'y mettre de la pensée et du sens, libre à eux. Moi je n'écris pas de pièces à thèses. Je n'ai rien à dire, juste des choses à taire.
Paru le 23/09/2013
(51 notes) THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mercredi 11 septembre au samedi 2 novembre 2013
COMÉDIE DRAMATIQUE. L'Origine du monde raconte les états de Jean-Louis, quarante ans, qui réalise en rentrant chez lui que son cœur ne bat plus. Est-il en vie? Est-il mort? Comment interpréter ce singulier signe du destin ? En sursis, il enquête, s’inquiète.
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