Dossier par Frédéric Maurice
Seuls en scène
Quand on est tout seul, même sur scène,
on a parfois besoin de se rattacher à une famille. Nous en avons défini trois qui pourraient accueillir les spectacles de cet automne.
on a parfois besoin de se rattacher à une famille. Nous en avons défini trois qui pourraient accueillir les spectacles de cet automne.
Les poètes
Pour son retour sur la scène du théâtre de la Renaissance, François Morel change de registre. Il a remisé les chemises à carreaux des Deschiens pour endosser ses « habits du dimanche ». Il y interprète un petit Adrien vivant dans les années 60. Sorte de « Peter Pan de province » entouré de sa famille, il analyse le monde qui grandit autour de lui sans avoir l'impression de réussir à le suivre. Servi par un texte dont il est l'auteur, François Morel vit la vie de ce petit garçon comme un petit Pagnol en version normande. Et là où il touche au cœur, c'est lorsque, au détour de l'une de ses répliques, chacun d'entre nous peut s'identifier à ses expériences. Cette « chronique de l'enfance intérieure » est une performance d'acteur pour un François Morel tenant en haleine son public pendant près de deux heures.
Tom Novembre est un éternel touche-à-tout : comédien de théâtre, acteur de cinéma, chanteur, c'est dans ce dernier créneau qu'il fait son retour. Avec Faut faire avec, au Palais des Glaces, il organise un tour de chant dans son salon filmé par une webcam et retransmis sur Internet. Mais ne voulant pas enchaîner les chansons « comme on enfile des perles », il a décidé de créer ce personnage de l'artiste un peu bricolo qui fabrique son showcase de bric et de broc. Et le temps de cette fabrication, il se pose des questions sur l'alchimie du succès, la comparant à la magie de la création : « C'est comme les spermatozoïdes. Une perpétuelle compétition, un éternel recommencement. Des millions de gamètes de chanteurs pour un gros ovule de public et, au bout du voyage, parfois, et à quel prix, un heureux élu...
Un seul : Dany Brillant. » Petite taquinerie à l'égard d'artistes qui reviennent dans les hit-parades d'une manière pas forcément justifiée, mais... « faut faire avec ».
Les enfants de la télé
Même pas mal ! Michel Müller a raconté des immondices sur Canal+ pendant deux ans, il n'y a pas de raisons qu'il n'en assume pas d'autres au théâtre Déjazet. Il est conscient que « l'enculé est un peu en chacun de nous, mais si on apprend à le connaître, on va déjà mieux ». Il distille donc une thérapie par le glauque. Et si son spectacle s'intitule Pas tout blanc. Pas tout noir, c'est surtout le rire jaune qui l'emporte durant les premières minutes. Il affectionne particulièrement ces personnages abjects comme ce directeur de camping, inspiré d'un reportage où le témoin racontait « qu'accepter des handicapés n'était pas économiquement viable et que, depuis l'arrivée des mongols, il vendait moins de panini ». Michel Müller est un peu le Charles Gervais des salopards : il est odieux, mais c'est divin.
Il était temps de tourner la page Drucker de Virginie Lemoine. Huit ans qu'elle n'était pas montée seule sur scène. Telle une Cocotte-Minute sous pression, elle explose sur celle du petit Palais des Glaces. On y découvre une artiste complètement allumée qui peut enfin dévoiler l'univers de folie qui la caractérise. Et quand elle vous affirme qu'elle a fait la « School of actors of Puteaux », vous pouvez la croire sur parole. Elle emmène les spectateurs dans son monde : celui où l'on peut acheter des faux sketchs à Taiwan comme on achète des faux Lacoste, celui où il existe des femmes qui dévalisent les pharmacies comme des boutiques de vêtements, se demandant s'il est bien raisonnable de s'acheter un nouveau petit médicament aux couleurs aguichantes. Un univers absurde qui se termine avec un quasi-show du Paradis Latin, mais avec un succès complet.
Il ne faisait pas le malin Maxime il y a trois ans lorsqu'il venait pour la première fois devant le théâtre de Trévise pour l'enregistrement du premier numéro de « Fous d'humour », l'émission de TF1 qui donne sa chance aux jeunes talents. Mais son bombers orange de videur de boîte de nuit décérébré lui a porté chance. Son ascension a été rapide et son jeune public le plébiscite pour son retour sur les planches à la Comédie de Paris. Après un passage à l'Olympia, ce Lillois de 30 ans a toujours le sourire carnassier qui convient tellement à ce policier ch'ti, beau-frère du videur au bombers. Ce n'est pas le meilleur des prospectus pour la région Nord-Pas-de-Calais et ses fonctionnaires, mais ses personnages sont très attachants parce qu'on les a tous déjà croisés un jour.
L'inclassable
Inclassable Bernard Azimuth ? Et pourtant son spectacle Des équilibres est presque poétique tant il est absurde ; et pourtant il vient aussi de la télé, élevé à la Drucker. Mais un garçon qui s'affiche avec un œuf sur la tête, d'abord intact, puis éclaté sur sa veste, doit être un petit peu particulier. Le Ciné Théâtre 13 de Lelouch l'accueille en ce moment pour qu'il grille chaque soir un nouveau fusible. C'est sans doute son côté très angoissé qui fait que tout bascule. Vous le découvrirez à la recherche d'une baby-sitter : il ne confie pas ses enfants à n'importe qui. Vous le verrez aussi triturer ses propres textes en y enlevant progressivement toutes les consonnes. Il porte bien son nom d'artiste. Et dire qu'il ne connaissait même pas la signification du mot « azimuté » lorsqu'il l'a choisi... Inclassable !
Ils seront sur scène dès novembre...
Elie Semoun présentera son nouveau spectacle au Bataclan sur des textes cosignés avec son complice des « petites annonces », Franck Dubosc. Au programme, sont attendus plusieurs nouveaux sketchs, parmi lesquels un sondage réalisé par Toufik, Kevina, une adolescente amoureuse et le quotidien d'une maison de retraite.
Bernard Pinet fera sa rentrée parisienne au théâtre Trévise. Tous les lundis soir, ce comédien, véritable conteur des temps modernes, emplira de sa bonne humeur le plateau de ce théâtre devenu incontournable. Homme de théâtre à la truculence communicative, Bernard Pinet sera présent sur les écrans en 2002 avec le film Un chat dans la gorge, de Jacques Otmezguine, sur un scénario de Jean-Claude Grumberg aux côtés de Pierre Arditi et Roger Mirmont.
Merri, de son côté, revient sur scène dans un nouveau spectacle à l'Espace Jemmapes. Avec un humour décalé, cet homme-orchestre ponctuera ses sketchs des pensées d'un certain J.-C., qui vous rappellera certainement l'une de nos figures politiques.
Séance de rattrapage
Après un an de représentations, Christophe Alévêque au Trévise et Anne Roumanoff à Bobino terminent un parcours sans faute. Ces deux spectacles méritent un coup de chapeau tant pour les artistes que pour les productions qui ont tenu le pari de les soutenir.
Didier Bénureau, et son talent unique de comédien, joue les prolongations à la Gaîté-Montparnasse. Ce trublion du one-man show ravira les adeptes d'humour noir. Son sketch « Moralès » est devenu un standard, repris en cœur par les spectateurs.
À saluer, la performance de Romain Bouteille dans La Fusée porteuse, où le comédien interprète à tour de rôle Elvire, Sganarelle et Dom Juan, au théâtre Clavel.
Parmi les derniers venus, citons Sellig qui, avant de partir en tournée, termine un marathon de représentations au théâtre de Dix-Heures avec des
sketchs basés sur le quotidien.
Kamel au Montmartre-Galabru apporte son souffle méditerranéen où foot et voyages sont au programme.
Enfin, Lisa Bayou prolonge au Café de la Gare son « meuf show », où il est question de sexe. Avec aplomb, cette jeune comédienne ose parler de fellations et de tout ce qui a trait à l'univers sexuel. De quoi égayer les longues soirées d'hiver qui se préparent pour cette fin d'année.
Pour son retour sur la scène du théâtre de la Renaissance, François Morel change de registre. Il a remisé les chemises à carreaux des Deschiens pour endosser ses « habits du dimanche ». Il y interprète un petit Adrien vivant dans les années 60. Sorte de « Peter Pan de province » entouré de sa famille, il analyse le monde qui grandit autour de lui sans avoir l'impression de réussir à le suivre. Servi par un texte dont il est l'auteur, François Morel vit la vie de ce petit garçon comme un petit Pagnol en version normande. Et là où il touche au cœur, c'est lorsque, au détour de l'une de ses répliques, chacun d'entre nous peut s'identifier à ses expériences. Cette « chronique de l'enfance intérieure » est une performance d'acteur pour un François Morel tenant en haleine son public pendant près de deux heures.
Tom Novembre est un éternel touche-à-tout : comédien de théâtre, acteur de cinéma, chanteur, c'est dans ce dernier créneau qu'il fait son retour. Avec Faut faire avec, au Palais des Glaces, il organise un tour de chant dans son salon filmé par une webcam et retransmis sur Internet. Mais ne voulant pas enchaîner les chansons « comme on enfile des perles », il a décidé de créer ce personnage de l'artiste un peu bricolo qui fabrique son showcase de bric et de broc. Et le temps de cette fabrication, il se pose des questions sur l'alchimie du succès, la comparant à la magie de la création : « C'est comme les spermatozoïdes. Une perpétuelle compétition, un éternel recommencement. Des millions de gamètes de chanteurs pour un gros ovule de public et, au bout du voyage, parfois, et à quel prix, un heureux élu...
Un seul : Dany Brillant. » Petite taquinerie à l'égard d'artistes qui reviennent dans les hit-parades d'une manière pas forcément justifiée, mais... « faut faire avec ».
Les enfants de la télé
Même pas mal ! Michel Müller a raconté des immondices sur Canal+ pendant deux ans, il n'y a pas de raisons qu'il n'en assume pas d'autres au théâtre Déjazet. Il est conscient que « l'enculé est un peu en chacun de nous, mais si on apprend à le connaître, on va déjà mieux ». Il distille donc une thérapie par le glauque. Et si son spectacle s'intitule Pas tout blanc. Pas tout noir, c'est surtout le rire jaune qui l'emporte durant les premières minutes. Il affectionne particulièrement ces personnages abjects comme ce directeur de camping, inspiré d'un reportage où le témoin racontait « qu'accepter des handicapés n'était pas économiquement viable et que, depuis l'arrivée des mongols, il vendait moins de panini ». Michel Müller est un peu le Charles Gervais des salopards : il est odieux, mais c'est divin.
Il était temps de tourner la page Drucker de Virginie Lemoine. Huit ans qu'elle n'était pas montée seule sur scène. Telle une Cocotte-Minute sous pression, elle explose sur celle du petit Palais des Glaces. On y découvre une artiste complètement allumée qui peut enfin dévoiler l'univers de folie qui la caractérise. Et quand elle vous affirme qu'elle a fait la « School of actors of Puteaux », vous pouvez la croire sur parole. Elle emmène les spectateurs dans son monde : celui où l'on peut acheter des faux sketchs à Taiwan comme on achète des faux Lacoste, celui où il existe des femmes qui dévalisent les pharmacies comme des boutiques de vêtements, se demandant s'il est bien raisonnable de s'acheter un nouveau petit médicament aux couleurs aguichantes. Un univers absurde qui se termine avec un quasi-show du Paradis Latin, mais avec un succès complet.
Il ne faisait pas le malin Maxime il y a trois ans lorsqu'il venait pour la première fois devant le théâtre de Trévise pour l'enregistrement du premier numéro de « Fous d'humour », l'émission de TF1 qui donne sa chance aux jeunes talents. Mais son bombers orange de videur de boîte de nuit décérébré lui a porté chance. Son ascension a été rapide et son jeune public le plébiscite pour son retour sur les planches à la Comédie de Paris. Après un passage à l'Olympia, ce Lillois de 30 ans a toujours le sourire carnassier qui convient tellement à ce policier ch'ti, beau-frère du videur au bombers. Ce n'est pas le meilleur des prospectus pour la région Nord-Pas-de-Calais et ses fonctionnaires, mais ses personnages sont très attachants parce qu'on les a tous déjà croisés un jour.
L'inclassable
Inclassable Bernard Azimuth ? Et pourtant son spectacle Des équilibres est presque poétique tant il est absurde ; et pourtant il vient aussi de la télé, élevé à la Drucker. Mais un garçon qui s'affiche avec un œuf sur la tête, d'abord intact, puis éclaté sur sa veste, doit être un petit peu particulier. Le Ciné Théâtre 13 de Lelouch l'accueille en ce moment pour qu'il grille chaque soir un nouveau fusible. C'est sans doute son côté très angoissé qui fait que tout bascule. Vous le découvrirez à la recherche d'une baby-sitter : il ne confie pas ses enfants à n'importe qui. Vous le verrez aussi triturer ses propres textes en y enlevant progressivement toutes les consonnes. Il porte bien son nom d'artiste. Et dire qu'il ne connaissait même pas la signification du mot « azimuté » lorsqu'il l'a choisi... Inclassable !
Ils seront sur scène dès novembre...
Elie Semoun présentera son nouveau spectacle au Bataclan sur des textes cosignés avec son complice des « petites annonces », Franck Dubosc. Au programme, sont attendus plusieurs nouveaux sketchs, parmi lesquels un sondage réalisé par Toufik, Kevina, une adolescente amoureuse et le quotidien d'une maison de retraite.
Bernard Pinet fera sa rentrée parisienne au théâtre Trévise. Tous les lundis soir, ce comédien, véritable conteur des temps modernes, emplira de sa bonne humeur le plateau de ce théâtre devenu incontournable. Homme de théâtre à la truculence communicative, Bernard Pinet sera présent sur les écrans en 2002 avec le film Un chat dans la gorge, de Jacques Otmezguine, sur un scénario de Jean-Claude Grumberg aux côtés de Pierre Arditi et Roger Mirmont.
Merri, de son côté, revient sur scène dans un nouveau spectacle à l'Espace Jemmapes. Avec un humour décalé, cet homme-orchestre ponctuera ses sketchs des pensées d'un certain J.-C., qui vous rappellera certainement l'une de nos figures politiques.
Séance de rattrapage
Après un an de représentations, Christophe Alévêque au Trévise et Anne Roumanoff à Bobino terminent un parcours sans faute. Ces deux spectacles méritent un coup de chapeau tant pour les artistes que pour les productions qui ont tenu le pari de les soutenir.
Didier Bénureau, et son talent unique de comédien, joue les prolongations à la Gaîté-Montparnasse. Ce trublion du one-man show ravira les adeptes d'humour noir. Son sketch « Moralès » est devenu un standard, repris en cœur par les spectateurs.
À saluer, la performance de Romain Bouteille dans La Fusée porteuse, où le comédien interprète à tour de rôle Elvire, Sganarelle et Dom Juan, au théâtre Clavel.
Parmi les derniers venus, citons Sellig qui, avant de partir en tournée, termine un marathon de représentations au théâtre de Dix-Heures avec des
sketchs basés sur le quotidien.
Kamel au Montmartre-Galabru apporte son souffle méditerranéen où foot et voyages sont au programme.
Enfin, Lisa Bayou prolonge au Café de la Gare son « meuf show », où il est question de sexe. Avec aplomb, cette jeune comédienne ose parler de fellations et de tout ce qui a trait à l'univers sexuel. De quoi égayer les longues soirées d'hiver qui se préparent pour cette fin d'année.
Paru le 15/11/2001