Philosophiquement, la vertu du doute n'est plus à démontrer. Las, notre société regorge de locuteurs bourrés de certitudes et autres vérités toutes faites. Ce texte a l'heur de nous rappeler à l'ordre ! Par le biais d'une énigme quasi policière, nous n'aurons de cesse de prendre fait et cause pour l'un des protagonistes... tout en basculant du côté de l'un comme de l'autre en permanence, le doute persistant après la sortie du théâtre. Il est également salutaire dans notre paysage théâtral : tout en apportant du grain à moudre au cheminement de notre réflexion, il ne donne aucune réponse à l'intrigue qui nous tient en haleine du début à la fin. En quelques mots, le Père Flynn est-il un ecclésiastique en empathie avec les jeunes en difficultés... ou entretient-il avec eux des relations coupables ? C'est de cette dernière attitude que la sœur Aloysius, directrice de l'école, l'accuse, quitte à fabriquer des preuves pour étayer sa certitude. Ajoutons à cela le rôle des prélats sur l'omerta concernant la pédophilie dans leurs rangs, l'homosexualité, le racisme, la violence parentale...et l'éducation progressiste et vous aurez une idée de la richesse de ce texte épicé par tant d'ingrédients. Quant à l'interprétation, après nous être habitués à la diction particulière du comédien et metteur en scène Robert Bouvier, nous ne doutons jamais de l'excellence de Josiane Stoléru ni de la parfaite interprétation d'Émilie Chesnais et d'Elphie Pambu. Autre certidude, voici un spectacle rare à voir absolument !