Dossier par Caroline Fabre
«Dom Juan» au Théâtre 14
Arnaud Denis et Jean-Pierre Leroux, un tandem gagnant.
Le premier n'a pas la moitié de l'âge du second, pourtant ils ont monté ensemble une compagnie, Les Compagnons de la Chimère, il y a neuf ans et « Dom Juan » est leur huitième spectacle en commun.
Que représente cette chimère dont vous êtes les compagnons ?
Arnaud Denis: Une chimère, c'est un but, un rêve, une chose à la fois vaine et essentielle que l'on poursuit sans pouvoir l'atteindre... comme le théâtre. Car, non seulement il faut recommencer chaque soir mais en plus chercher à atteindre le chef d'œuvre, en l'occurrence ici, Dom Juan.
Jean-Pierre Leroux : Normalement, ça devrait être une chose extraordinaire qui ne se réalise pas. Or, on a fait le contraire. Je crois que l'on n'avait pas prévu d'aller si loin... même si on en rêvait. Donc, on a huit chimères à notre actif.
Arnaud, qui est Dom Juan aujourd'hui ?
A. D. C'est un grand seigneur méchant homme, un monstre intemporel. En manque d'autorité, paternelle comme divine, il enfreint les lois et transgresse les limites. C'est ça le moteur de cette pièce qui est un crachat endiamanté. La langue est sublime mais le fonds est dangereux. Je crois que Molière s'en est rendu compte lui-même, la retirant très vite de l'affiche.
Arnaud, vous avez le rôle titre, Jean-Pierre vous jouez Sganarelle. Comment avez-vous appréhendé vos rôles ?
A. D. On ne peut pas aborder une œuvre, surtout celle-la, sans en ressentir la nécessité tout comme ce qui se dit sur scène est nécessaire puisque écrit par l'auteur. Et moi, j'avais la nécessité impérieuse à la fois de retrouver la pièce dans son état d'origine et celle, depuis longtemps, de jouer ce mythe.
J-P. L. Ce rôle, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux et vu mon âge, je ne pouvais attendre ! Aussi, qu'on nous porte au pinacle ou qu'on nous descende en flèche, peu importe, je l'aurais fait. Et non, je ne suis pas trop vieux pour le rôle, car, dans la conception métaphysique d'Arnaud, Sganarelle n'est pas le valet de Dom Juan mais sa conscience qui essaie de stopper ses turpitudes... en vain.
Et la pièce ?
A. D. Je ne prétends pas la donner telle que le faisait Molière... puisqu'on n'en sait rien. Mais il n'est pas question pour moi de la dépoussiérer car elle n'en a pas besoin. Molière en jeans ça me déprime ! Ce sera monté classiquement avec des maquillages baroques. Et pour les apparitions de fantôme, j'utilise un procédé qui existait déjà du temps de Shakespeare, juste amélioré par la vidéo. En revanche, j'ai voulu retrouver l'aspect choquant de la pièce ainsi que le terrible et le merveilleux sans compter la part de comique attachée au personnage de Sganarelle. J'ai ainsi ajouté des passages en musique -une musique classique contemporaine, un requiem qui fait un peu messe noire- pour prolonger l'action. Et, par exemple, pour rendre justice à la violence du propos et la rendre encore plus gênante, le cinquième acte se passe dans une chapelle.
J-P. L. Il ne veut pas trop le dire mais sa mise en scène recèle des surprises de taille, dont une fin totalement inédite. Car Molière a quasiment écrit une pièce shakespearienne !
Arnaud Denis: Une chimère, c'est un but, un rêve, une chose à la fois vaine et essentielle que l'on poursuit sans pouvoir l'atteindre... comme le théâtre. Car, non seulement il faut recommencer chaque soir mais en plus chercher à atteindre le chef d'œuvre, en l'occurrence ici, Dom Juan.
Jean-Pierre Leroux : Normalement, ça devrait être une chose extraordinaire qui ne se réalise pas. Or, on a fait le contraire. Je crois que l'on n'avait pas prévu d'aller si loin... même si on en rêvait. Donc, on a huit chimères à notre actif.
Arnaud, qui est Dom Juan aujourd'hui ?
A. D. C'est un grand seigneur méchant homme, un monstre intemporel. En manque d'autorité, paternelle comme divine, il enfreint les lois et transgresse les limites. C'est ça le moteur de cette pièce qui est un crachat endiamanté. La langue est sublime mais le fonds est dangereux. Je crois que Molière s'en est rendu compte lui-même, la retirant très vite de l'affiche.
Arnaud, vous avez le rôle titre, Jean-Pierre vous jouez Sganarelle. Comment avez-vous appréhendé vos rôles ?
A. D. On ne peut pas aborder une œuvre, surtout celle-la, sans en ressentir la nécessité tout comme ce qui se dit sur scène est nécessaire puisque écrit par l'auteur. Et moi, j'avais la nécessité impérieuse à la fois de retrouver la pièce dans son état d'origine et celle, depuis longtemps, de jouer ce mythe.
J-P. L. Ce rôle, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux et vu mon âge, je ne pouvais attendre ! Aussi, qu'on nous porte au pinacle ou qu'on nous descende en flèche, peu importe, je l'aurais fait. Et non, je ne suis pas trop vieux pour le rôle, car, dans la conception métaphysique d'Arnaud, Sganarelle n'est pas le valet de Dom Juan mais sa conscience qui essaie de stopper ses turpitudes... en vain.
Et la pièce ?
A. D. Je ne prétends pas la donner telle que le faisait Molière... puisqu'on n'en sait rien. Mais il n'est pas question pour moi de la dépoussiérer car elle n'en a pas besoin. Molière en jeans ça me déprime ! Ce sera monté classiquement avec des maquillages baroques. Et pour les apparitions de fantôme, j'utilise un procédé qui existait déjà du temps de Shakespeare, juste amélioré par la vidéo. En revanche, j'ai voulu retrouver l'aspect choquant de la pièce ainsi que le terrible et le merveilleux sans compter la part de comique attachée au personnage de Sganarelle. J'ai ainsi ajouté des passages en musique -une musique classique contemporaine, un requiem qui fait un peu messe noire- pour prolonger l'action. Et, par exemple, pour rendre justice à la violence du propos et la rendre encore plus gênante, le cinquième acte se passe dans une chapelle.
J-P. L. Il ne veut pas trop le dire mais sa mise en scène recèle des surprises de taille, dont une fin totalement inédite. Car Molière a quasiment écrit une pièce shakespearienne !
Paru le 13/03/2014
(24 notes) THÉÂTRE 14 Du mardi 11 mars au samedi 26 avril 2014
COMÉDIE DRAMATIQUE. Pourquoi je monte Dom Juan? Oublions le pourquoi, puisque j'agis par élan et par goût. Je ne souhaite que retrouver la nécessité impérieuse de restituer sur scène le merveilleux et le terrible de cette oeuvre obscène et sublime, où le Ciel rejoint les enfers, où la comédie donne la main au scabreu...
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