Interview par Alain Bugnard
Clément Poirée
"La Nuit des rois" aux Quartiers d’Ivry
Après «Beaucoup de bruit pour rien» et «Homme pour homme» de Bertolt Brecht, Clément Poirée a choisi de se pencher sur cette fable shakespearienne.
Quelle lecture faites-vous de «La Nuit des rois» ?
Il y a dans cette pièce un entrelacs de questions brûlantes. Sommes-nous condamnés à n'avoir de relation qu'avec l'idée qu'on se fait de l'autre? Avec nos propres fantasmes? La solitude est-elle un horizon indépassable? C'est une pièce sur une humanité qui boite, empêtrée dans un idéalisme stérile. Et c'est aussi une comédie extraordinairement vivifiante sur le désir-monstre qui transcende les genres, les lois, les formes.
Dans quel univers avez-vous choisi de faire évoluer votre troupe ?
«Twelfth night» - c'est le titre orignal - désigne le douzième jour après Noël. C'est donc au cœur de l'hiver que je situe la fable. Nous sommes un peu comme dans les communs d'une grande demeure endormie. Olivia d'un côté, Orsino de l'autre ont plongé leur suite dans une forme d'hibernation. L'une est ivre de son deuil et l'autre est ivre de musique et d'amour solitaire.
Quelles impressions souhaitez-vous laisser aux spectateurs ?
Mal aux côtes ! J'aimerais qu'ils rient beaucoup. Shakespeare tire de ce premier constat morbide d'un monde à l'âme malade, une comédie désopilante autant que touchante où tout est mis cul par-dessus tête. L'entrée par effraction du désir incarné par Viola/Sébastien est porteur d'un désordre jubilatoire. J'aimerais aussi que le public entende cette charge salutaire : l'idéalisme c'est la mort. Ce sont les "pauvres monstres" - ceux qui sont dépareillés, non conformes, corrompus - qui sont porteurs de la joie et de la vie.
Il y a dans cette pièce un entrelacs de questions brûlantes. Sommes-nous condamnés à n'avoir de relation qu'avec l'idée qu'on se fait de l'autre? Avec nos propres fantasmes? La solitude est-elle un horizon indépassable? C'est une pièce sur une humanité qui boite, empêtrée dans un idéalisme stérile. Et c'est aussi une comédie extraordinairement vivifiante sur le désir-monstre qui transcende les genres, les lois, les formes.
Dans quel univers avez-vous choisi de faire évoluer votre troupe ?
«Twelfth night» - c'est le titre orignal - désigne le douzième jour après Noël. C'est donc au cœur de l'hiver que je situe la fable. Nous sommes un peu comme dans les communs d'une grande demeure endormie. Olivia d'un côté, Orsino de l'autre ont plongé leur suite dans une forme d'hibernation. L'une est ivre de son deuil et l'autre est ivre de musique et d'amour solitaire.
Quelles impressions souhaitez-vous laisser aux spectateurs ?
Mal aux côtes ! J'aimerais qu'ils rient beaucoup. Shakespeare tire de ce premier constat morbide d'un monde à l'âme malade, une comédie désopilante autant que touchante où tout est mis cul par-dessus tête. L'entrée par effraction du désir incarné par Viola/Sébastien est porteur d'un désordre jubilatoire. J'aimerais aussi que le public entende cette charge salutaire : l'idéalisme c'est la mort. Ce sont les "pauvres monstres" - ceux qui sont dépareillés, non conformes, corrompus - qui sont porteurs de la joie et de la vie.
Paru le 17/01/2015
(23 notes) THÉÂTRE ANTOINE VITEZ - SCÈNE D'IVRY Du lundi 5 janvier au dimanche 1 février 2015
COMÉDIE. Dans cette nuit, on croise des âmes malades: Orsino, malade de désir, un désir impatient, cruel; Olivia, qui prétend échapper à la nature et à la vie; Malvolio malade d’orgueil, d’amour propre; Tobie noyé dans l’alcool. Soudain, survient l’objet du désir – juvénile, à la fois homme et femme, Viola...
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