Ils sont douze. Douze aveugles qui attendent, dans une forêt, alors que le jour décline, le retour du prêtre qui doit les mener jusqu'à l'hospice où ils doivent passer la nuit. Mais leur guide est parmi eux, mort. Perdus dans un monde qui leur échappe, ces femmes et ces hommes mettent en voix les sensations et les prises de conscience qui les assaillent... « Le texte est un entrelacs complexe de motifs simples, déclare le metteur en scène Daniel Jeanneteau, une partition précise de silences et de mots, de répétitions, de cris confus et de respirations. Il ne raconte rien, mais il produit de l'espace, du froid, du temps, un monde de visions affectant les sens. Il appelle une mise en œuvre chorale de la parole, avec une attention particulière aux questions du son, de la spatialité des voix, des tessitures. Il demande aussi de réunir une communauté d'humains, à la fois non différenciés et solitaires, sans nom mais solidement incarnés, sans visage mais tous singuliers... » Dans la mise en scène du directeur artistique du Studio-Théâtre de Vitry, cette communauté d'humains est bien sûr composée de douze comédiens, mais également des spectateurs qui prennent place sur des chaises, parmi eux. Plongé dans une sorte de brouillard, le public est ainsi invité à faire l'expérience d'une représentation au sein de laquelle il y a beaucoup moins à voir, qu'à écouter et à ressentir.