Pourquoi vous être penché sur le quotidien de résistants anonymes sous l'Occupation ?
Je voulais écrire un spectacle sur l'engagement. Ma grand-mère m'a raconté son quotidien sous l'Occupation et, au même moment, j'ai lu des travaux historiques sur les résistants du village où elle vivait. C'est leur spontanéité, et parfois leur inconscience face au danger, qui m'ont frappé.

Qui est Albert, votre personnage ?
Albert, le paysan qui cache un ouvrier du STO, est plutôt un taiseux, assez influençable et suiveur, il est avant tout loyal et volontaire, très admiratif d'Hortense, la chef du groupe. Aucun personnage n'est le centre de la pièce: ils s'équilibrent les uns les autres afin de faire ressortir leur solidarité de destins.

Dans quelle atmosphère plongez-vous le spectateur ?
Les couleurs racontent le contexte et l'époque : du brun et du vert, essentiellement. Des images en noir et blanc sont projetées, qui viennent rappeler la pression quotidienne de l'Occupation. Les chansons d'époque sont présentes et forment un contrepoint: la touche de légèreté à laquelle chacun pouvait s'accrocher.

"À quoi croit-on quand on a vingt ans dans un pays occupé et exsangue ?" La même question se pose aujourd'hui. Quelle réponse y apportez-vous ?
À l'époque, la frontière était celle du village, on ne savait pas ce qu'il y avait au-delà. Aujourd'hui c'est le monde, le village. Mais le choix reste le même, résister ou fuir sont les seules alternatives à l'oppression. Sous l'écume de la comédie, la pièce nous dit que l'on n'est jamais obligé de subir : il y a toujours un engagement possible, individuel et collectif.