Interview par Manuel Piolat Soleymat
Myriam Boyer dans "Le Chat"
d’après le roman de Georges Simenon, au Théâtre de l’Atelier
Après "Je viens d'un pays de neige", "La Vie devant soi" et "Chère Elena", Myriam Boyer retrouve le metteur en scène Didier Long dans une adaptation du roman "Le Chat", de Georges Simenon. Aux côtés de Jean Benguigui, la comédienne donne corps à cette histoire de vie et de solitude.
Le spectacle que vous interprétez au Théâtre de l'Atelier est adapté du roman de Georges Simenon et non du film qu'en a tiré Pierre Granier-Deferre. Quelles sont les différences entre le couple que vous incarnez avec Jean Benguigui et celui qui était incarné par Simone Signoret et Jean Gabin ?
En revenant au roman, Christian Lyon et Blandine Stinzy (ndlr, les deux adaptateurs) reviennent à la réalité du couple qu'a imaginé Georges Simenon. Ce n'est pas un couple qui, après avoir vécu toute sa vie ensemble, comme c'est le cas dans le film, ne peut plus se supporter, mais un couple qui se rencontre sur le tard. Et ça change tout. Car ces deux êtres s'affrontent à cause d'un problème social et non d'un problème de lassitude. Lui est un ouvrier à la retraite, elle une petite bourgeoise de province. C'est un couple d'arrangement.
Quelle sorte d'arrangement ?
Un arrangement très concret. Il vient un jour chez elle pour un petit dépannage de plomberie et elle, tout à coup, se dit que ce serait tout de même pas mal d'avoir un homme à la maison qui prenne soin d'elle, qui s'occupe des petits travaux... Et elle lui met le grappin dessus !
Ils aménagent donc ensemble : lui avec son chat, elle avec son perroquet...
C'est ça. Et très vite, leur relation vire à l'affrontement. Emile et Marguerite vont se déchirer dans une grande violence : elle se vengera sur son chat, lui sur son perroquet.
« Emile et Marguerite vont se déchirer dans une grande violence : elle se vengera sur son chat, lui sur son perroquet. »
Comment pourriez-vous décrire la relation qui les unit ?
Comme toute relation qui se noue sur le tard, elle est chargée de la vie que l'un et l'autre ont eu auparavant. Tous les deux sont veufs. Ils vivent dans le souvenir de leurs amours passées. Même si on finit par s'apercevoir que Marguerite n'a jamais été heureuse, qu'elle n'a jamais connu l'amour. Finalement, "Le Chat", c'est l'histoire de deux solitudes qui se font face.
Le rôle de Marguerite est intimement lié à l'ombre de Simone Signoret. Est-ce pour vous un poids ?
Non, bien au contraire ! C'est même un cadeau. C'est quelque chose qui me porte. Le fait que Simone soit devant, c'est pour moi comme une petite lumière. Je n'ai jamais cherché à l'imiter ou à me comparer à elle, mais lorsque les gens me disent qu'il y a une forme de proximité entre elle et moi, cela me touche profondément.
"Le Chat" est le quatrième spectacle que vous créez sous la direction de Didier Long. Qu'est-ce qui vous lie à ce metteur en scène ?
Une relation magnifique. Un jour il a dit quelque chose de très beau : « Avec Myriam, on travaille de ventre à ventre ». C'est très juste. Entre nous, il y a quelque chose qui passe par une dimension très profonde et n'a pas besoin de l'intellect. Notre relation n'est pas stérilisée par la tête. On va directement à l'urgence des pièces et des personnages.
En revenant au roman, Christian Lyon et Blandine Stinzy (ndlr, les deux adaptateurs) reviennent à la réalité du couple qu'a imaginé Georges Simenon. Ce n'est pas un couple qui, après avoir vécu toute sa vie ensemble, comme c'est le cas dans le film, ne peut plus se supporter, mais un couple qui se rencontre sur le tard. Et ça change tout. Car ces deux êtres s'affrontent à cause d'un problème social et non d'un problème de lassitude. Lui est un ouvrier à la retraite, elle une petite bourgeoise de province. C'est un couple d'arrangement.
Quelle sorte d'arrangement ?
Un arrangement très concret. Il vient un jour chez elle pour un petit dépannage de plomberie et elle, tout à coup, se dit que ce serait tout de même pas mal d'avoir un homme à la maison qui prenne soin d'elle, qui s'occupe des petits travaux... Et elle lui met le grappin dessus !
Ils aménagent donc ensemble : lui avec son chat, elle avec son perroquet...
C'est ça. Et très vite, leur relation vire à l'affrontement. Emile et Marguerite vont se déchirer dans une grande violence : elle se vengera sur son chat, lui sur son perroquet.
« Emile et Marguerite vont se déchirer dans une grande violence : elle se vengera sur son chat, lui sur son perroquet. »
Comment pourriez-vous décrire la relation qui les unit ?
Comme toute relation qui se noue sur le tard, elle est chargée de la vie que l'un et l'autre ont eu auparavant. Tous les deux sont veufs. Ils vivent dans le souvenir de leurs amours passées. Même si on finit par s'apercevoir que Marguerite n'a jamais été heureuse, qu'elle n'a jamais connu l'amour. Finalement, "Le Chat", c'est l'histoire de deux solitudes qui se font face.
Le rôle de Marguerite est intimement lié à l'ombre de Simone Signoret. Est-ce pour vous un poids ?
Non, bien au contraire ! C'est même un cadeau. C'est quelque chose qui me porte. Le fait que Simone soit devant, c'est pour moi comme une petite lumière. Je n'ai jamais cherché à l'imiter ou à me comparer à elle, mais lorsque les gens me disent qu'il y a une forme de proximité entre elle et moi, cela me touche profondément.
"Le Chat" est le quatrième spectacle que vous créez sous la direction de Didier Long. Qu'est-ce qui vous lie à ce metteur en scène ?
Une relation magnifique. Un jour il a dit quelque chose de très beau : « Avec Myriam, on travaille de ventre à ventre ». C'est très juste. Entre nous, il y a quelque chose qui passe par une dimension très profonde et n'a pas besoin de l'intellect. Notre relation n'est pas stérilisée par la tête. On va directement à l'urgence des pièces et des personnages.
Paru le 05/09/2016
(107 notes) THÉÂTRE DE L'ATELIER Du mardi 6 septembre au samedi 26 novembre 2016
COMÉDIE DRAMATIQUE. Un mari et une femme qui ne se parlent plus... quoi de plus banal ! En poussant la situation jusqu’au bout de son absurde logique, Simenon transcende la mesquinerie de ses personnages. Ils deviennent des héros tragiquement universels qui iront jusqu’à leur propre destruction. Mais, ce qui nous tou...
|