Quand on est jeune et plein d'envies, comme Max Fontenay et Sam Berger, se rêver la vedette d'un musical made in Broadway est autrement exaltant que de combler la file d'attente d'un Pôle Emploi made in EU. Mais pour se retrouver en haut de l'affiche, il faut tout d'abord un sujet. Eva Perón, Louis XIV ou Julien Sorel ayant déjà fait l'affaire, pourquoi pas Gutenberg ? Précisons, pour les amateurs d'Histoire, que le récit de la vie de l'imprimeur ici conté pourrait être tiré d'un manuel scolaire de Jules Michelet : le gentil imprimeur, dont l'invention va enfin sortir l'humanité des ténèbres du Moyen Âge, et son assistante Helvetica (comme la police) devront en effet lutter contre les intrigues de Moine (le méchant), prêt à tout pour faire triompher l'illettrisme.

(Le journalisme mainstream serait-il l'avatar du monachisme médiéval ?) Il faut ensuite à Max et Sam de l'argent (ce qui est déjà beaucoup plus compliqué). En attendant de se faire repérer par un producteur et d'être de la revue à Mogador, ils endossent à eux deux les trente personnages de leur épopée - à l'aide d'un système de casquettes permettant aux spectateurs d'identifier chaque personnage et de ne pas perdre le fil de cette histoire, davantage cousue dans de la bure que de la soie. Ce spectacle des Américains Scott Brown et Anthony King a rencontré son public aux Etats-Unis. Souhaitons le même destin à cette adaptation française interprétée par Philippe d'Avilla et Sébastien Valter.