Dossier par Alain Bugnard
Angels in America
Aurélie Van Den Daele & Pascal Neyron
Milieu des années 1980, États-Unis. Sous la pression de la « modernité », le monde occidental amorce sa décadence. Le sida fait son apparition. Les destins de Prior, Louis, Joe, Harper, Belize et Roy - tous à la recherche de leur véritable identité - se croisent dans cette pièce de Tony Kushner créée en 1991 et adaptée pour la télévision en 2003.
Aurélie Van Den Daele, mise en scène
Pourquoi remonter ce spectacle aujourd'hui ?
Cette pièce m'est apparue comme une fable, une épopée qui ne traite pas seulement de l'arrivée du sida. Elle révèle une société en mutation de laquelle a surgi notre monde actuel. C'est ce qui m'intéresse souvent au théâtre : l'histoire immédiate mise en perspective avec notre présent. Cette version écourtée par Tony Kushner lui-même - spectacle en deux parties de 4h30 avec entracte, à voir en intégral ou en deux fois ! - met l'accent sur le désir de classification qui opère dans nos sociétés et qui rend difficiles certaines révolutions. Les personnages de Kushner se cherchent : ils sont mormons, juifs, noirs, homosexuels et ils sont perdus dans ce « grand melting pot où rien ne s'est mélangé ». Cette phrase d'ouverture est plus que jamais d'actualité.
Avec le recul du temps justement, cette « mutation » du monde présentée comme angélique n'était-elle pas en réalité démoniaque ?
L'ange de Tony Kushner n'est pas un ange classique : il est en colère ! (Comme Lucifer.) Dieu a quitté le paradis et les a délaissés pour sa créature, l'homme. Les anges sont perdus et amers. Ils missionnent Prior comme prophète de cet occident mal portant. Ils sont ambivalents et troubles, comme les personnages de Kushner.
Quels ont été vos partis pris esthétiques ?
La mise en scène de cette odyssée cinématographique aux lieux multiples est un casse-tête pour un metteur en scène ! Comme l'imaginaire guide les personnages, nous avons choisi de développer un espace qui soit une sorte de «non lieu» public, à la fois réaliste, austère ou féerique, suggérant New York, l'Antarctique, l'hôpital, le diorama mormon... accompagné de tubes des années 1980 (David Bowie, Bronski Beat...).
Pascal Neyron est Joe
Pour quelles raisons ce projet a-t-il retenu votre attention ?
C'est un projet fou, une fantaisie! Monter Kushner, c'est s'attaquer à un mythe, un monument du théâtre américain. Aurélie nous a proposé une aventure collective merveilleuse, qui a encore des secrets à nous révéler, et que l'arrivée de Donald Trump met en lumière. Au-delà de la question homosexuelle et du sida, c'est un réquisitoire politique sur une certaine vision de la vie et de l'amour.
Quel personnage incarnez-vous ?
Je joue Joseph Pitt dit Joe, l'assistant ambitieux d'un juge de New York. Il est mormon, très imprégné de cette éducation et nourrit une très grande culpabilité : ses fantasmes le dirigent de plus en plus vers les hommes, ce qui met sa femme, Harper dans un état dépressif avancé comme elle cherche la vérité à son sujet. On assiste, durant la pièce, à l'émancipation de Joe, de son carcan social, non sans mal et sans heurts, avant son inévitable chute.
Pourquoi remonter ce spectacle aujourd'hui ?
Cette pièce m'est apparue comme une fable, une épopée qui ne traite pas seulement de l'arrivée du sida. Elle révèle une société en mutation de laquelle a surgi notre monde actuel. C'est ce qui m'intéresse souvent au théâtre : l'histoire immédiate mise en perspective avec notre présent. Cette version écourtée par Tony Kushner lui-même - spectacle en deux parties de 4h30 avec entracte, à voir en intégral ou en deux fois ! - met l'accent sur le désir de classification qui opère dans nos sociétés et qui rend difficiles certaines révolutions. Les personnages de Kushner se cherchent : ils sont mormons, juifs, noirs, homosexuels et ils sont perdus dans ce « grand melting pot où rien ne s'est mélangé ». Cette phrase d'ouverture est plus que jamais d'actualité.
Avec le recul du temps justement, cette « mutation » du monde présentée comme angélique n'était-elle pas en réalité démoniaque ?
L'ange de Tony Kushner n'est pas un ange classique : il est en colère ! (Comme Lucifer.) Dieu a quitté le paradis et les a délaissés pour sa créature, l'homme. Les anges sont perdus et amers. Ils missionnent Prior comme prophète de cet occident mal portant. Ils sont ambivalents et troubles, comme les personnages de Kushner.
Quels ont été vos partis pris esthétiques ?
La mise en scène de cette odyssée cinématographique aux lieux multiples est un casse-tête pour un metteur en scène ! Comme l'imaginaire guide les personnages, nous avons choisi de développer un espace qui soit une sorte de «non lieu» public, à la fois réaliste, austère ou féerique, suggérant New York, l'Antarctique, l'hôpital, le diorama mormon... accompagné de tubes des années 1980 (David Bowie, Bronski Beat...).
Pascal Neyron est Joe
Pour quelles raisons ce projet a-t-il retenu votre attention ?
C'est un projet fou, une fantaisie! Monter Kushner, c'est s'attaquer à un mythe, un monument du théâtre américain. Aurélie nous a proposé une aventure collective merveilleuse, qui a encore des secrets à nous révéler, et que l'arrivée de Donald Trump met en lumière. Au-delà de la question homosexuelle et du sida, c'est un réquisitoire politique sur une certaine vision de la vie et de l'amour.
Quel personnage incarnez-vous ?
Je joue Joseph Pitt dit Joe, l'assistant ambitieux d'un juge de New York. Il est mormon, très imprégné de cette éducation et nourrit une très grande culpabilité : ses fantasmes le dirigent de plus en plus vers les hommes, ce qui met sa femme, Harper dans un état dépressif avancé comme elle cherche la vérité à son sujet. On assiste, durant la pièce, à l'émancipation de Joe, de son carcan social, non sans mal et sans heurts, avant son inévitable chute.
Paru le 25/11/2017
(9 notes) CARTOUCHERIE - L'AQUARIUM Du mercredi 11 novembre 2015 au dimanche 10 décembre 2017
COMÉDIE DRAMATIQUE. New-York, 1985. Tandis que le président Reagan chante les vertus de la mondialisation libérale, se croisent en coulisses les destins de Prior et Louis, qui s’aiment mais que la maladie sépare ; de Joe et Harper, autre couple à la dérive (sexualité incertaine pour lui, foi religieuse asphyxiante po...
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