Zoom par Régis Daro
L’Éloge du chaos selon Séverine Chavier
C'est une version très personnelle, de la pièce écrite par Thomas Bernhard en 1984 «Nous sommes repus mais pas repentis (Déjeuner chez Wittgenstein)», que propose actuellement Séverine Charvier au Théâtre de Gennevilliers.
Pendant près de 3h, nous assistons au déchirement, à la souffrance, au tourment de trois protagonistes. Ritter, Dene et leur frère Voss - le philosophe aliéné - évoluent lors de cet ultime repas de famille, au milieu d'éclats de verre, d'éclats de vies, sur un plateau semblable à un véritable champ de bataille. Un moment singulier entre démence, solitude et chaos.
Un mobilier daté, de la vaisselle brisée, des bouquins, de vieux vinyles qui jonchent le sol : le décor est presque planté. Presque, car dans cette adaptation rien n'est définitif, rien n'est figé. À commencer par les murs qui encerclent le plateau ; ils deviendront successivement supports de flash back vidéo. Ils enferment comédiens et spectateurs dans un univers atypique.
La desserte, l'armoire, la bibliothèque... Elles aussi, seront emportées dans cette tourmente virulente, sonore et stridente. Elles aussi, sortiront de ce déjeuner brisées en mille morceaux. Comme la vaisselle. Comme les protagonistes.
Dans cette adaptation, le son est un élément majeur. Il relègue parfois même le texte au second plan, tant Séverine Chavrier a tenu à habiller, à illustrer, à donner vie à ces situations de psychose et d'insanité ; le tout à travers d'autres procédés que le texte en lui-même. La sonorisation des comédiens dévoile, à travers leur respiration, leur désarroi mais les musiques, le piano, les bruitages donnent aussi vie, différemment, à ces situations.
La seconde partie est plus contenue. Voss toujours au centre de ce déjeuner côtoie désormais les fantômes du passé. Fantômes d'aïeuls à la destinée sombre et aux engagements politiques obscurs. Les repères s'effacent au fil des dernières minutes. Moment poétique à l'arrivée de trois bambins... Nouveau flash back. Ritter, Dene et leur frère Voss, enfants, jouent ensemble un air de musique classique. Moment de pureté qui donne un point final au chaos. Un spectacle à découvrir au théâtre de Gennevilliers jusqu'au 17 mars.
Un mobilier daté, de la vaisselle brisée, des bouquins, de vieux vinyles qui jonchent le sol : le décor est presque planté. Presque, car dans cette adaptation rien n'est définitif, rien n'est figé. À commencer par les murs qui encerclent le plateau ; ils deviendront successivement supports de flash back vidéo. Ils enferment comédiens et spectateurs dans un univers atypique.
La desserte, l'armoire, la bibliothèque... Elles aussi, seront emportées dans cette tourmente virulente, sonore et stridente. Elles aussi, sortiront de ce déjeuner brisées en mille morceaux. Comme la vaisselle. Comme les protagonistes.
Dans cette adaptation, le son est un élément majeur. Il relègue parfois même le texte au second plan, tant Séverine Chavrier a tenu à habiller, à illustrer, à donner vie à ces situations de psychose et d'insanité ; le tout à travers d'autres procédés que le texte en lui-même. La sonorisation des comédiens dévoile, à travers leur respiration, leur désarroi mais les musiques, le piano, les bruitages donnent aussi vie, différemment, à ces situations.
La seconde partie est plus contenue. Voss toujours au centre de ce déjeuner côtoie désormais les fantômes du passé. Fantômes d'aïeuls à la destinée sombre et aux engagements politiques obscurs. Les repères s'effacent au fil des dernières minutes. Moment poétique à l'arrivée de trois bambins... Nouveau flash back. Ritter, Dene et leur frère Voss, enfants, jouent ensemble un air de musique classique. Moment de pureté qui donne un point final au chaos. Un spectacle à découvrir au théâtre de Gennevilliers jusqu'au 17 mars.
Paru le 09/03/2018
NOUS SOMMES REPUS MAIS PAS REPENTIS (Déjeuner chez Wittgenstein) THÉÂTRE DE GENNEVILLIERS - CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL Du jeudi 8 mars au samedi 17 mars 2018
COMÉDIE DRAMATIQUE. Rien ne résume mieux, peut-être, l’univers familial qu’une salle à manger. Pour Voss, personnage central de Déjeuner chez Wittgenstein, c’est précisément de la salle à manger qu’est parti « tout le mal ». « Tout ce qui était de quelque valeur a toujours été noyé dans les soupes et dans les sauces ...
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