Portrait par Alain Bugnard
Natalie Dessay
"Légende d’une vie" Au Montparnasse
Entourée de Macha Méril, Bernard Alane, Valentine Galey, Gaël Giraudeau et sous la direction de Christophe Lidon, la célèbre cantatrice nous invite à découvrir le théâtre de Stefan Zweig.
Écrite en 1919, "Legende eines Lebens" interroge le regard que nous portons sur les figures de légende. « Tout a commencé autour de Macha Méril : elle m'a présenté Christophe Lidon qui m'a proposé cette pièce que je ne connaissais pas. Comme beaucoup de Français, si j'apprécie les biographies et nouvelles de Zweig, son théâtre, qui n'est pratiquement jamais joué, m'était inconnu. J'ai découvert des personnages magnifiques et une histoire étonnante, qui n'est ni un drame, ni une comédie mais une crise familiale. »
La légende en question est le poète Karl Amadeus Franck, personnage fictif dans lequel le spectateur pourra retrouver des éléments biographiques du poète allemand Friedrich Hebbel, de Richard Wagner, de Gustav Mahler ou Dostoïevski, et dont nous pénétrons l'intimité à travers le regard de sa femme, Leonor, qui lui voue un culte depuis sa disparition, vingt ans plus tôt. « Leonor est la gardienne du mausolée et de la légende qui accompagne cet homme. Naturellement, comme toutes les légendes, elle ne demande qu'à se fissurer ! Une femme va surgir du passé et cette femme, c'est Macha, l'ancienne amoureuse et muse du poète. Cette vérité oubliée bouleverse le monde de Leonor qui devra effectuer un parcours personnel tout au long de la pièce : son monde s'écroule, elle ne peut plus rester stoïque et sûre d'elle-même.
Elle est aussi confrontée à son fils, Gaël Giraudeau, qui veut se lancer sur les traces de son père, immense artiste national, fêté, célébré : la difficulté de prendre sa suite génère beaucoup de souffrances chez lui mais également l'incompréhension de sa mère. Sa fille, Valentine Galey, a compris qu'elle devait s'enfuir pour sa survie. Enfin, le biographe officiel du père, Bernard Alane, essaie en permanence de colmater les brèches et s'aperçoit qu'il a été dupé par Leonor ! La pièce parle des relations mère/fils, du mensonge, de notre rapport au passé, aux anciennes gloires. Les icônes sont avant tout des êtres humains et non des créatures immaculées, même si la mort magnifie les défunts ! Nous évoluons dans une atmosphère dorée, proche de l'univers de Klimt. Le théâtre Montparnasse offre l'écrin à l'italienne qui convient à cette pièce. »
Celle qui interpréta brillamment Manon, Cléopâtre, Violetta ou encore la Reine de la nuit poursuit ainsi sa nouvelle carrière dramatique, entamée en 2015 avec le monologue "Unt" d'Howard Barker. « Le théâtre m'apporte la liberté. À l'opéra, on est très contraint par la musique. On a peu de marge de manœuvre car la musique dit tout, impose le rythme. Au théâtre, la musique, ce sont les acteurs qui la créent, qui décident de faire un silence, d'induire un rythme. Les personnages d'opéra sont aussi très stéréotypés, quasiment toujours les mêmes et ceux que je ne pouvais pas interpréter vocalement m'étaient interdits, comme Lady Macbeth ou Tosca. J'étais abonnée aux jeunes premières ad vitam aeternam ! »
Cette exploration du répertoire dramatique se poursuivra en janvier aux Quartiers d'Ivry avec "Certaines n'avaient jamais vu la mer", mise en scène par Richard Brunel de la Comédie de Valence, une pièce adaptée « du très beau roman de Julie Otsuka au sujet de familles japonaises qui ont émigré aux États-Unis au début du XXe siècle et ont été déclarées "ennemis de l'intérieur" après Pearl Harbor, puis envoyées dans des camps de prisonniers jusqu'à la fin de la guerre. L'écriture, à la première personne du pluriel, est à la fois informative et particulièrement émouvante. Elle donne accès à une page méconnue de l'Histoire et dont les Américains ne se vantent pas. C'est une pièce chorale avec douze comédiens sur le plateau, quatre garçons et huit filles. » Tout en poursuivant sa fructueuse collaboration musicale et scénique avec Michel Legrand, Natalie Dessay continue à donner des récitals classiques avec Philippe Cassard et nous promet de nombreuses surprises théâtrales et musicales en 2019.
La légende en question est le poète Karl Amadeus Franck, personnage fictif dans lequel le spectateur pourra retrouver des éléments biographiques du poète allemand Friedrich Hebbel, de Richard Wagner, de Gustav Mahler ou Dostoïevski, et dont nous pénétrons l'intimité à travers le regard de sa femme, Leonor, qui lui voue un culte depuis sa disparition, vingt ans plus tôt. « Leonor est la gardienne du mausolée et de la légende qui accompagne cet homme. Naturellement, comme toutes les légendes, elle ne demande qu'à se fissurer ! Une femme va surgir du passé et cette femme, c'est Macha, l'ancienne amoureuse et muse du poète. Cette vérité oubliée bouleverse le monde de Leonor qui devra effectuer un parcours personnel tout au long de la pièce : son monde s'écroule, elle ne peut plus rester stoïque et sûre d'elle-même.
Elle est aussi confrontée à son fils, Gaël Giraudeau, qui veut se lancer sur les traces de son père, immense artiste national, fêté, célébré : la difficulté de prendre sa suite génère beaucoup de souffrances chez lui mais également l'incompréhension de sa mère. Sa fille, Valentine Galey, a compris qu'elle devait s'enfuir pour sa survie. Enfin, le biographe officiel du père, Bernard Alane, essaie en permanence de colmater les brèches et s'aperçoit qu'il a été dupé par Leonor ! La pièce parle des relations mère/fils, du mensonge, de notre rapport au passé, aux anciennes gloires. Les icônes sont avant tout des êtres humains et non des créatures immaculées, même si la mort magnifie les défunts ! Nous évoluons dans une atmosphère dorée, proche de l'univers de Klimt. Le théâtre Montparnasse offre l'écrin à l'italienne qui convient à cette pièce. »
Celle qui interpréta brillamment Manon, Cléopâtre, Violetta ou encore la Reine de la nuit poursuit ainsi sa nouvelle carrière dramatique, entamée en 2015 avec le monologue "Unt" d'Howard Barker. « Le théâtre m'apporte la liberté. À l'opéra, on est très contraint par la musique. On a peu de marge de manœuvre car la musique dit tout, impose le rythme. Au théâtre, la musique, ce sont les acteurs qui la créent, qui décident de faire un silence, d'induire un rythme. Les personnages d'opéra sont aussi très stéréotypés, quasiment toujours les mêmes et ceux que je ne pouvais pas interpréter vocalement m'étaient interdits, comme Lady Macbeth ou Tosca. J'étais abonnée aux jeunes premières ad vitam aeternam ! »
Cette exploration du répertoire dramatique se poursuivra en janvier aux Quartiers d'Ivry avec "Certaines n'avaient jamais vu la mer", mise en scène par Richard Brunel de la Comédie de Valence, une pièce adaptée « du très beau roman de Julie Otsuka au sujet de familles japonaises qui ont émigré aux États-Unis au début du XXe siècle et ont été déclarées "ennemis de l'intérieur" après Pearl Harbor, puis envoyées dans des camps de prisonniers jusqu'à la fin de la guerre. L'écriture, à la première personne du pluriel, est à la fois informative et particulièrement émouvante. Elle donne accès à une page méconnue de l'Histoire et dont les Américains ne se vantent pas. C'est une pièce chorale avec douze comédiens sur le plateau, quatre garçons et huit filles. » Tout en poursuivant sa fructueuse collaboration musicale et scénique avec Michel Legrand, Natalie Dessay continue à donner des récitals classiques avec Philippe Cassard et nous promet de nombreuses surprises théâtrales et musicales en 2019.
Paru le 20/09/2018
(135 notes) THÉÂTRE MONTPARNASSE Du mercredi 12 septembre 2018 au dimanche 6 janvier 2019
COMÉDIE DRAMATIQUE. Vienne, 1919. Un jeune auteur cherche à s’extirper du souvenir de son père, poète devenu icône nationale. Le jeune homme étouffe dans la maison familiale où tout est organisé par sa mère, femme autoritaire et intransigeante, autour du culte du grand homme. C’est alors que revient au sérail une fem...
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