Dossier par Philippe Escalier
C'est parti... Comme en 14 !
Ne soyez surtout pas apeurés par le thème, ce spectacle est aux antipodes de la tragédie, il respire la vie et enthousiasme tous les publics.
Au Théâtre 13 jusqu'au 26 octobre.
Divine surprise !
En deux journées de décembre 1917 passées dans la salle de garde d'un hôpital, Dany Laurent retrace la vie quotidienne de quatre femmes et d'un jeune homme, faite de joies et de souffrances, de guerre et d'espoir de paix.
Les dialogues étincelants de Dany Laurent nous promènent en permanence entre le rire et les larmes. Ces deux journées passées dans une infirmerie d'hôpital sont inoubliables. Il faut se mobiliser en masse et prendre d'assaut le théâtre 13 !
Dany Laurent peut faire le V de la victoire. Rarement salle aura été en aussi parfaite osmose avec le spectacle en train de se jouer sous ses yeux. Aucun temps mort (chose rare dans une pièce de deux heures), des répliques brillantes et dans le même temps, des personnages subtils aux caractères affirmés, une distribution parfaite rehaussée par la mise en scène précise et sensible d'Yves Pignot. Nous sommes le 24 décembre 1917. Les Français viennent de perdre Douaumont. L'infirmerie de l'hôpital surchargé est menée de main de maître par Marguerite (superbe Marie Vincent), espèce de dragon au cœur tendre toujours sur la brèche. Suzy, belle fille pacifiste (Valérie Karsenti, radieuse et si convaincante) lui apporte une aide indispensable en compagnie de la jeune Louise (Rosalie Symon) qui tremble pour son fiancé parti au front. Autour d'elles, gravitent la comtesse (Colette Venhard, plus vraie que nature en grande dame digne) et son fils cadet, Pierre, handicapé mental, rôle difficile parfaitement maîtrisé par Pierre-Vincent Chapus. Ces personnages liés les uns aux autres vont vivre, devant nous, des moments aux couleurs contrastées. Durant cette période de guerre où les femmes ont pris courageusement les rênes du pays en mains, où l'ordre établi vacille, les sentiments sont plus exacerbés qu'à l'accoutumée, le rire toujours jumelé aux larmes. Dany Laurent, dotée d'un sens aigu de la psychologie, a su recréer une ambiance réelle et naturelle à la consistance palpable, nourrie de dialogues au cordeau jaillissant avec une force ininterrompue. Ce faisant, elle a trouvé le secret d'un spectacle aussi vivant qu'émouvant. Si vous laissez passer Comme en 14 ! (dernière représentation le 26 octobre), vous serez impardonnables !
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Marie Vincent, Valérie Karsenti, Rosalie Symon, Colette Venhard incarnent ces femmes courageuses, tenaces et passionnées. En compagnie de Pierre-Vincent Chapus, elles sont mises en scène par Yves Pignot qui, avec l'auteur, nous a parlé de ce spectacle ouvrant la saison du Théâtre 13.
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Yves Pignot
a joué à la Comédie-Française l'ensemble du répertoire classique sous la direction des plus grands. On l'a vu récemment au théâtre dans Rameau le fou et au cinéma dans Fanfan la Tulipe. Jusqu'en 2002, il a dirigé l'École supérieure d'art dramatique de la Ville de Paris.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans Comme en 14 ! ?
La chronique tout d'abord. Nous avons des tas de petites histoires dans la grande Histoire. Dany Laurent écrit formidablement bien, avec un vrai sens de la repartie. Elle sait, par petites touches, apporter toutes les composantes de la vie et, en très peu de temps, tout est là. L'histoire de ces femmes nous touche directement en plein cœur ! Je revendique l'envie de sentiments et de sensations. Peter Brook disait " le diable c'est l'ennui ! ". Je ne veux pas de diable dans les spectacles que je mets en scène !
Visiblement, vous aimez travailler avec des femmes ?
Et comment ! Je les trouve plus clairvoyantes que les hommes, souvent plus franches. J'aime bien leur univers. Il y a eu beaucoup de femmes dans les spectacles que j'ai faits, comme Ma chère Sophie, à partir de lettres de Diderot, Les paroles s'envolent, autre adaptation d'échanges épistolaires, et Actrices, créée il y a quelques semaines en Avignon, où l'on retrouve l'esprit d'Almodovar, et qui a connu un énorme succès en Espagne et en Europe.
Pour en venir à votre carrière, quels sont les grands moments que vous retenez ?
Les huit ans au Français : j'y ai appris mon métier. Il y a aussi la rencontre avec mon complice Nicolas Briançon sur Jacques et son maître, avec Strehler (un homme qui avait toujours le mot public à la bouche !) pour La Trilogie de la villégiature. Je n'oublie pas Les Jumeaux vénitiens avec Gildas Bourdet. Et puis mon travail avec les élèves... enfin... je n'aime pas ce mot, je devrais parler de futurs acteurs. Vous savez, on ne leur apprend pas grand-chose, il s'agit juste de les mettre sur des rails, leur faire prendre confiance en eux en respectant leur personnalité
Dany Laurent
a joué notamment dans L'École des femmes, Peau d'âne, Grasse matinée. Elle est l'auteur de nouvelles pour enfants, de Macolette et de Comme en 14 !
En toile de fond de votre pièce, il y a la guerre. Faut-il en déduire que vous avez écrit une pièce dramatique ?
Du tout ! On découvre dans l'infirmerie un lieu de vie où l'on se parle, on s'embrasse, on échange des idées. À partir d'une idée de Marie Vincent, j'ai voulu montrer la veille et le jour de Noël, la vie de ces femmes qui vont se confronter, s'affronter, s'aimer, en gardant une espérance et une énergie vrillées au corps. C'est une pièce optimiste avant tout, abordant des problèmes qui nous touchent tous.
La guerre permet aux femmes de prendre les rênes. C'est aussi ce que vous avez voulu montrer ?
Oui, j'ai eu envie d'écrire quelque chose qui aurait pu s'appeler La Chambre des femmes, à une époque où elles tiennent les usines, les campagnes. On les voit vivre comme derrière un rideau, on découvre leur sensualité. Et les hommes sont omniprésents, on parle d'eux tout le temps.
Le projet a été difficile à monter ?
Il a fallu un peu de temps. On a eu la chance que Colette Nucci adore le spectacle (après une lecture publique) et mette immédiatement son théâtre à notre disposition. Sinon, tout a été fait de façon artisanale avec des gens de théâtre de divers milieux. C'est une équipe formidable ! Valérie Karsenti voulait être présente à la rentrée, quoi qu'il arrive. Yves Pignot avait dit aussi que ça ne se ferait pas sans lui. L'enthousiasme a été général. C'est vraiment une belle aventure !
En deux journées de décembre 1917 passées dans la salle de garde d'un hôpital, Dany Laurent retrace la vie quotidienne de quatre femmes et d'un jeune homme, faite de joies et de souffrances, de guerre et d'espoir de paix.
Les dialogues étincelants de Dany Laurent nous promènent en permanence entre le rire et les larmes. Ces deux journées passées dans une infirmerie d'hôpital sont inoubliables. Il faut se mobiliser en masse et prendre d'assaut le théâtre 13 !
Dany Laurent peut faire le V de la victoire. Rarement salle aura été en aussi parfaite osmose avec le spectacle en train de se jouer sous ses yeux. Aucun temps mort (chose rare dans une pièce de deux heures), des répliques brillantes et dans le même temps, des personnages subtils aux caractères affirmés, une distribution parfaite rehaussée par la mise en scène précise et sensible d'Yves Pignot. Nous sommes le 24 décembre 1917. Les Français viennent de perdre Douaumont. L'infirmerie de l'hôpital surchargé est menée de main de maître par Marguerite (superbe Marie Vincent), espèce de dragon au cœur tendre toujours sur la brèche. Suzy, belle fille pacifiste (Valérie Karsenti, radieuse et si convaincante) lui apporte une aide indispensable en compagnie de la jeune Louise (Rosalie Symon) qui tremble pour son fiancé parti au front. Autour d'elles, gravitent la comtesse (Colette Venhard, plus vraie que nature en grande dame digne) et son fils cadet, Pierre, handicapé mental, rôle difficile parfaitement maîtrisé par Pierre-Vincent Chapus. Ces personnages liés les uns aux autres vont vivre, devant nous, des moments aux couleurs contrastées. Durant cette période de guerre où les femmes ont pris courageusement les rênes du pays en mains, où l'ordre établi vacille, les sentiments sont plus exacerbés qu'à l'accoutumée, le rire toujours jumelé aux larmes. Dany Laurent, dotée d'un sens aigu de la psychologie, a su recréer une ambiance réelle et naturelle à la consistance palpable, nourrie de dialogues au cordeau jaillissant avec une force ininterrompue. Ce faisant, elle a trouvé le secret d'un spectacle aussi vivant qu'émouvant. Si vous laissez passer Comme en 14 ! (dernière représentation le 26 octobre), vous serez impardonnables !
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Marie Vincent, Valérie Karsenti, Rosalie Symon, Colette Venhard incarnent ces femmes courageuses, tenaces et passionnées. En compagnie de Pierre-Vincent Chapus, elles sont mises en scène par Yves Pignot qui, avec l'auteur, nous a parlé de ce spectacle ouvrant la saison du Théâtre 13.
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Yves Pignot
a joué à la Comédie-Française l'ensemble du répertoire classique sous la direction des plus grands. On l'a vu récemment au théâtre dans Rameau le fou et au cinéma dans Fanfan la Tulipe. Jusqu'en 2002, il a dirigé l'École supérieure d'art dramatique de la Ville de Paris.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans Comme en 14 ! ?
La chronique tout d'abord. Nous avons des tas de petites histoires dans la grande Histoire. Dany Laurent écrit formidablement bien, avec un vrai sens de la repartie. Elle sait, par petites touches, apporter toutes les composantes de la vie et, en très peu de temps, tout est là. L'histoire de ces femmes nous touche directement en plein cœur ! Je revendique l'envie de sentiments et de sensations. Peter Brook disait " le diable c'est l'ennui ! ". Je ne veux pas de diable dans les spectacles que je mets en scène !
Visiblement, vous aimez travailler avec des femmes ?
Et comment ! Je les trouve plus clairvoyantes que les hommes, souvent plus franches. J'aime bien leur univers. Il y a eu beaucoup de femmes dans les spectacles que j'ai faits, comme Ma chère Sophie, à partir de lettres de Diderot, Les paroles s'envolent, autre adaptation d'échanges épistolaires, et Actrices, créée il y a quelques semaines en Avignon, où l'on retrouve l'esprit d'Almodovar, et qui a connu un énorme succès en Espagne et en Europe.
Pour en venir à votre carrière, quels sont les grands moments que vous retenez ?
Les huit ans au Français : j'y ai appris mon métier. Il y a aussi la rencontre avec mon complice Nicolas Briançon sur Jacques et son maître, avec Strehler (un homme qui avait toujours le mot public à la bouche !) pour La Trilogie de la villégiature. Je n'oublie pas Les Jumeaux vénitiens avec Gildas Bourdet. Et puis mon travail avec les élèves... enfin... je n'aime pas ce mot, je devrais parler de futurs acteurs. Vous savez, on ne leur apprend pas grand-chose, il s'agit juste de les mettre sur des rails, leur faire prendre confiance en eux en respectant leur personnalité
Dany Laurent
a joué notamment dans L'École des femmes, Peau d'âne, Grasse matinée. Elle est l'auteur de nouvelles pour enfants, de Macolette et de Comme en 14 !
En toile de fond de votre pièce, il y a la guerre. Faut-il en déduire que vous avez écrit une pièce dramatique ?
Du tout ! On découvre dans l'infirmerie un lieu de vie où l'on se parle, on s'embrasse, on échange des idées. À partir d'une idée de Marie Vincent, j'ai voulu montrer la veille et le jour de Noël, la vie de ces femmes qui vont se confronter, s'affronter, s'aimer, en gardant une espérance et une énergie vrillées au corps. C'est une pièce optimiste avant tout, abordant des problèmes qui nous touchent tous.
La guerre permet aux femmes de prendre les rênes. C'est aussi ce que vous avez voulu montrer ?
Oui, j'ai eu envie d'écrire quelque chose qui aurait pu s'appeler La Chambre des femmes, à une époque où elles tiennent les usines, les campagnes. On les voit vivre comme derrière un rideau, on découvre leur sensualité. Et les hommes sont omniprésents, on parle d'eux tout le temps.
Le projet a été difficile à monter ?
Il a fallu un peu de temps. On a eu la chance que Colette Nucci adore le spectacle (après une lecture publique) et mette immédiatement son théâtre à notre disposition. Sinon, tout a été fait de façon artisanale avec des gens de théâtre de divers milieux. C'est une équipe formidable ! Valérie Karsenti voulait être présente à la rentrée, quoi qu'il arrive. Yves Pignot avait dit aussi que ça ne se ferait pas sans lui. L'enthousiasme a été général. C'est vraiment une belle aventure !
Paru le 09/10/2003
COMME EN 14 THÉÂTRE 13 - GLACIÈRE Du mardi 16 septembre au dimanche 26 octobre 2003
COMÉDIE DRAMATIQUE. Une pièce écrite pour le courage de ces femmes qui, dans les tourments de la Grande Guerre, confrontées à l’horreur de l’incompréhensible, ont voulu conserver malgré tout leur confiance en l’Homme. Nous sommes en 17, en hiver, presqu’à Noël. Et Noël, où qu’on soit, quoi qu’on vive, quand on le v...
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