Zoom par Fabienne Lissak
"Maldoror" au Théâtre de l'Athénée
Plongée sonore et visuelle dans l’imaginaire du Comte de Lautreamont
Maldoror est un mot étrange qui sonne bien mais contient "mal" et "horror" ("horreur" en espagnol). Il synthétise donc ce spectacle unique, messager du texte du comte de Lautréamont, avec ce que cela suppose comme jaillissement de mots, de fulgurances et de sonorités multiples. L'auteur donnait libre cours à son imagination farouchement rebelle, à sa fureur ou à sa goguenardise. La pièce en est le fidèle vecteur. Maldoror, être surhumain, archange du Mal, lutte sous différentes formes contre le Créateur, souvent ridiculisé, révèle son sadisme et son homosexualité.
Aidé par le cinéaste Joseph Paris, l'admirable Benjamin Lazar, qui joue aussi Cyrano au Théâtre de l'Athénée, exploite sa diction parfaite et sa très belle voix pour composer des tableaux inédits avec peu de moyens. On se laisse embarquer dans l'imaginaire du héros des surréalistes : Lautréamont, mort à 24 ans, après avoir décrit un monde en perpétuel mouvement où la violence côtoie la poésie. C'est original, au point que le metteur en scène Michel Fau est venu de Lausanne - où il prépare "La belle Hélène" d'Offenbach pour novembre - pour saluer l'extraordinaire démonstration du comédien.
Certes, la pièce ne vise pas la douceur, le son de la viole fait frissonner autant que les révélations de l'auteur "Je sens que mon âme est cadenassée... J'ai reçu la vie comme une blessure" mais c'est d'une grande théâtralité, d'un lyrisme certain.
Sur le rideau hissé de manière intermittente, le cinéaste balance des videos montrant des serpents, des insectes ; Cela fourmille, cela éclot, cela bourgeonne, cette luxuriance et sauvagerie de la nature font écho au foisonnement de mots que Benjamin Lazar égrène, habité par le texte d'un adolescent en pleine révolte, en perte de repères. Joseph Paris parvient à alterner des figures : une femme, sa nuque, une main masculine sur elle, la lune. Cette manière de travailler l'image, parfois crue, parfois avec sensualité, surprend le spectateur par son instabilité maitrisée, son art de couper, sa grâce. La figure tutélaire du cinéaste, c'est le papillon. Il symbolise "Maldoror" où les images et les mots dansent entre eux.
Certes, la pièce ne vise pas la douceur, le son de la viole fait frissonner autant que les révélations de l'auteur "Je sens que mon âme est cadenassée... J'ai reçu la vie comme une blessure" mais c'est d'une grande théâtralité, d'un lyrisme certain.
Sur le rideau hissé de manière intermittente, le cinéaste balance des videos montrant des serpents, des insectes ; Cela fourmille, cela éclot, cela bourgeonne, cette luxuriance et sauvagerie de la nature font écho au foisonnement de mots que Benjamin Lazar égrène, habité par le texte d'un adolescent en pleine révolte, en perte de repères. Joseph Paris parvient à alterner des figures : une femme, sa nuque, une main masculine sur elle, la lune. Cette manière de travailler l'image, parfois crue, parfois avec sensualité, surprend le spectateur par son instabilité maitrisée, son art de couper, sa grâce. La figure tutélaire du cinéaste, c'est le papillon. Il symbolise "Maldoror" où les images et les mots dansent entre eux.
Paru le 08/10/2019
MALDOROR L'ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUIS-JOUVET Du mercredi 2 octobre au samedi 19 octobre 2019
THÉÂTRE MUSICAL. "L’Autre Monde, c’est Cyrano; Lautréamont, c’est Maldoror". Mystérieuse, indomptée, brûlante et multiple : l’œuvre du Comte de Lautréamont fut d’abord la révolte d’un jeune homme assis à son piano dans une chambre d’hôtel parisienne au mitan du XIXe siècle. Partant de cette image initiale, Benjami...
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