Portrait par Vincent Goupy
Philippe Caubère
L’Acteur-Soleil
Après "68 selon Ferdinand", dernier volet en date de sa monumentale autobiographie théâtrale et héroïque, il interprète seul "Recouvre-le de lumière" au théâtre du Rond-Point, en hommage au grand torero français Nimeño II. Fidèle à son aventure scénique depuis plus de vingt ans, il signe l'adaptation du livre d'Alain Montcouquiol (le frère du torero) ainsi que la mise en scène. Olé !
Philippe Caubère, alias Ferdinand Faure : un Marseillais à La Cartoucherie
Dans la saga autobiographique théâtrale que Philippe Caubère construit seul depuis vingt-deux ans, Ferdinand est son double. Il l'interprète ainsi que tous les autres personnages de son épopée scénique et personnelle, qu'ils s'appellent Ariane (Mnouchkine), Clémence (sa compagne) ou Max. Chacun de ces personnages a sa voix, sa démarche et ses tics propres, et Caubère bondit de l'un à l'autre dans des dialogues à bâtons rompus qui vous étourdissent de naturel et de vivacité.
Seul en scène, Caubère raconte tout son parcours, toute une vie de théâtre, avec ses doutes, ses affres et ses réalisations. Depuis l'amour envahissant de sa mère - auquel il doit échapper pour faire du théâtre -, jusqu'au projet d'écrire sur sa vie (le parcours initiatique de La Recherche du temps perdu de Proust !), en passant par La Cartoucherie d'Ariane Mnouchkine, ses amours mouvementées avec Clémence, Lorenzaccio à Avignon, la Belgique et l'Italie. La boucle devrait être bouclée l'année prochaine !
Les frères toreros :
Alain et Christian, Nimeño I et II
Le 10 septembre 1989, aux arènes d'Arles, Christian Montcouquiol, dit Nimeño II, le plus grand matador français, est tragiquement accroché par le taureau Pañolero, qui le laisse tétraplégique. Douze ans plus tard, en novembre 1991, Christian se donne la mort par pendaison. Son frère Alain, ancien torero lui-même sous le nom de Nimeño, avait abandonné sa carrière pour s'occuper de celle de son jeune frère, devenu Nimeño II, pendant près de vingt ans. Il a écrit depuis plusieurs livres sur la tauromachie, et raconté dans Recouvre-le de lumière (éditions Verdier) cette aventure passionnelle qui mena les deux frères dans tous les pays taurins du monde.
Philippe Caubère a vu toréer Christian pour la première fois en 1976 dans les arènes de Nîmes. Il est ébloui par "ce garçon mince, au teint blême, souple comme une fille et courageux comme un samouraï". Mais surtout, il le voit ressusciter un art théâtral très ancien, celui dont parle Mnouchkine à La Cartoucherie : "Dansant devant des monstres au péril de sa vie."
L'artiste et le torero
Plus de vingt-cinq ans après, Philippe Caubère donne son spectacle Recouvre-le de lumière dans les mêmes arènes de Nîmes, où le public réagit comme lui jadis : avec des larmes. Il y raconte, avec la "fantaisie pagnolesque" qu'il partage avec ces méridionaux, l'épopée des deux frères à travers la passion de la tauromachie, dans ce "monologue douloureux, superbe et déchirant d'un homme qui pleure la mort de son jeune frère, victime de sa passion".
On ne peut s'empêcher de penser, à propos de toute l'œuvre de Caubère reflétée dans ce spectacle, au texte de Michel Leiris en préambule à L'Âge d'Homme : "De la Littérature considérée comme une tauromachie" (1946). Analogie entre le risque couru par l'écrivain qui s'expose dans l'écriture, pour que l'œuvre en vaille la peine. Risque, certes, infiniment moindre que celui du torero face au taureau qui peut lui prendre la vie, mais nécessaire aiguillon d'un certain engagement artistique.
Caubère confiait au Monde en juin dernier : "Je sais bien que, quand je joue Ariane, Clémence ou Bruno, je ne joue pas ma vie, mais une invention. Alors qu'avec Recouvre-le de lumière, je joue le secret de ma vie."
Les chapitres
d'une épopée théâtrale
Pièces autobiographiques écrites, mises
en scène et interprétées par P. Caubère :
* 1981 "La Danse du Diable"
histoire comique et fantastique.
* 1986-1993 "Le Roman d'un acteur" épopée burlesque en 11 épisodes et 2 parties :
I. "L'Âge d'or" : 1. "Les Enfants du Soleil"
2. "Ariane ou l'Âge d'Or" (Ariane I) 3. "Jours de Colère" (Ariane II) 4. "La Fête de l'Amour"
5. "Le Triomphe de la Jalousie" 6. "Les Marches du Palais" II. La Belgique :
7. "Le Chemin de la Mort" (Le Vent du Gouffre I) 8. "Le Vent du Gouffre (II)"
9. "Le Champ de Betteraves" 10. "Le Voyage en Italie"
11. "Le Bout de la Nuit".
* 2000-2004 "L'Homme qui danse" autobiographie comique et fantastique,
6 pièces en 3 volets.
I. Claudine et le théâtre
(1er volet) : 1. "Claudine ou l'éducation" 2. "Le Théâtre selon Ferdinand"
II. 68 selon Ferdinand
(2e volet) : 1. "Octobre"
2. "Avignon"
3e volet (les pièces ne
sont pas encore écrites)
1. "Ariane" 2. "Ferdinand".
Autres pièces
1978 "Dom Juan" de Molière, m. e. s.
P. Caubère, Cartoucherie de Vincennes,
petit théâtre du film "Molière".
1995 "Que je t'aime !" courrier du cœur, de et par Clémence Massart, m. e. s. P. Caubère.
1996 "Aragon" conçue, m. e. s. et interprétée par P. Caubère, d'après l'œuvre poétique de Louis Aragon 1. "Le Communiste" (1929-1954) 2. "Le Fou" (1954-1973) 1999 "Suarès"
m. e. s. et interprétée par P. Caubère d'après deux œuvres d'André Suarès : 1. "Marsilho" (1931) 2. "Vues sur l'Europe" (1939).
Tout Caubère sur son site Internet : www.philippecaubere.fr
* Le parcours et les œuvres (avec un résumé de sa geste autobiographique), mais aussi des manifestes de l'auteur-comédien sur le théâtre, des articles sur lui, des entretiens sur son dessein artistique, les films et les vidéos. * Les articles que Caubère a fait paraître dans divers journaux l'été dernier, au début du conflit des intermittents du spectacle, et les raisons de l'annulation de ses propres représentations (Recouvre-le de lumière à Carcassonne). Mais aussi sa colère et son écœurement lorsqu'il fut censuré par un militant anticorrida, à Fréjus, * Des réactions diverses de spectateurs, dont une cocasse lettre défoulatoire d'un spectateur qui trouve tout ça "nul", sans autre forme de procès... * Vous y lirez aussi d'élégiaques et caustiques conseils aux jeunes comédiens sur la meilleure école de théâtre : celle de la vie, à condition de la vivre libre et intense !
Dans la saga autobiographique théâtrale que Philippe Caubère construit seul depuis vingt-deux ans, Ferdinand est son double. Il l'interprète ainsi que tous les autres personnages de son épopée scénique et personnelle, qu'ils s'appellent Ariane (Mnouchkine), Clémence (sa compagne) ou Max. Chacun de ces personnages a sa voix, sa démarche et ses tics propres, et Caubère bondit de l'un à l'autre dans des dialogues à bâtons rompus qui vous étourdissent de naturel et de vivacité.
Seul en scène, Caubère raconte tout son parcours, toute une vie de théâtre, avec ses doutes, ses affres et ses réalisations. Depuis l'amour envahissant de sa mère - auquel il doit échapper pour faire du théâtre -, jusqu'au projet d'écrire sur sa vie (le parcours initiatique de La Recherche du temps perdu de Proust !), en passant par La Cartoucherie d'Ariane Mnouchkine, ses amours mouvementées avec Clémence, Lorenzaccio à Avignon, la Belgique et l'Italie. La boucle devrait être bouclée l'année prochaine !
Les frères toreros :
Alain et Christian, Nimeño I et II
Le 10 septembre 1989, aux arènes d'Arles, Christian Montcouquiol, dit Nimeño II, le plus grand matador français, est tragiquement accroché par le taureau Pañolero, qui le laisse tétraplégique. Douze ans plus tard, en novembre 1991, Christian se donne la mort par pendaison. Son frère Alain, ancien torero lui-même sous le nom de Nimeño, avait abandonné sa carrière pour s'occuper de celle de son jeune frère, devenu Nimeño II, pendant près de vingt ans. Il a écrit depuis plusieurs livres sur la tauromachie, et raconté dans Recouvre-le de lumière (éditions Verdier) cette aventure passionnelle qui mena les deux frères dans tous les pays taurins du monde.
Philippe Caubère a vu toréer Christian pour la première fois en 1976 dans les arènes de Nîmes. Il est ébloui par "ce garçon mince, au teint blême, souple comme une fille et courageux comme un samouraï". Mais surtout, il le voit ressusciter un art théâtral très ancien, celui dont parle Mnouchkine à La Cartoucherie : "Dansant devant des monstres au péril de sa vie."
L'artiste et le torero
Plus de vingt-cinq ans après, Philippe Caubère donne son spectacle Recouvre-le de lumière dans les mêmes arènes de Nîmes, où le public réagit comme lui jadis : avec des larmes. Il y raconte, avec la "fantaisie pagnolesque" qu'il partage avec ces méridionaux, l'épopée des deux frères à travers la passion de la tauromachie, dans ce "monologue douloureux, superbe et déchirant d'un homme qui pleure la mort de son jeune frère, victime de sa passion".
On ne peut s'empêcher de penser, à propos de toute l'œuvre de Caubère reflétée dans ce spectacle, au texte de Michel Leiris en préambule à L'Âge d'Homme : "De la Littérature considérée comme une tauromachie" (1946). Analogie entre le risque couru par l'écrivain qui s'expose dans l'écriture, pour que l'œuvre en vaille la peine. Risque, certes, infiniment moindre que celui du torero face au taureau qui peut lui prendre la vie, mais nécessaire aiguillon d'un certain engagement artistique.
Caubère confiait au Monde en juin dernier : "Je sais bien que, quand je joue Ariane, Clémence ou Bruno, je ne joue pas ma vie, mais une invention. Alors qu'avec Recouvre-le de lumière, je joue le secret de ma vie."
Les chapitres
d'une épopée théâtrale
Pièces autobiographiques écrites, mises
en scène et interprétées par P. Caubère :
* 1981 "La Danse du Diable"
histoire comique et fantastique.
* 1986-1993 "Le Roman d'un acteur" épopée burlesque en 11 épisodes et 2 parties :
I. "L'Âge d'or" : 1. "Les Enfants du Soleil"
2. "Ariane ou l'Âge d'Or" (Ariane I) 3. "Jours de Colère" (Ariane II) 4. "La Fête de l'Amour"
5. "Le Triomphe de la Jalousie" 6. "Les Marches du Palais" II. La Belgique :
7. "Le Chemin de la Mort" (Le Vent du Gouffre I) 8. "Le Vent du Gouffre (II)"
9. "Le Champ de Betteraves" 10. "Le Voyage en Italie"
11. "Le Bout de la Nuit".
* 2000-2004 "L'Homme qui danse" autobiographie comique et fantastique,
6 pièces en 3 volets.
I. Claudine et le théâtre
(1er volet) : 1. "Claudine ou l'éducation" 2. "Le Théâtre selon Ferdinand"
II. 68 selon Ferdinand
(2e volet) : 1. "Octobre"
2. "Avignon"
3e volet (les pièces ne
sont pas encore écrites)
1. "Ariane" 2. "Ferdinand".
Autres pièces
1978 "Dom Juan" de Molière, m. e. s.
P. Caubère, Cartoucherie de Vincennes,
petit théâtre du film "Molière".
1995 "Que je t'aime !" courrier du cœur, de et par Clémence Massart, m. e. s. P. Caubère.
1996 "Aragon" conçue, m. e. s. et interprétée par P. Caubère, d'après l'œuvre poétique de Louis Aragon 1. "Le Communiste" (1929-1954) 2. "Le Fou" (1954-1973) 1999 "Suarès"
m. e. s. et interprétée par P. Caubère d'après deux œuvres d'André Suarès : 1. "Marsilho" (1931) 2. "Vues sur l'Europe" (1939).
Tout Caubère sur son site Internet : www.philippecaubere.fr
* Le parcours et les œuvres (avec un résumé de sa geste autobiographique), mais aussi des manifestes de l'auteur-comédien sur le théâtre, des articles sur lui, des entretiens sur son dessein artistique, les films et les vidéos. * Les articles que Caubère a fait paraître dans divers journaux l'été dernier, au début du conflit des intermittents du spectacle, et les raisons de l'annulation de ses propres représentations (Recouvre-le de lumière à Carcassonne). Mais aussi sa colère et son écœurement lorsqu'il fut censuré par un militant anticorrida, à Fréjus, * Des réactions diverses de spectateurs, dont une cocasse lettre défoulatoire d'un spectateur qui trouve tout ça "nul", sans autre forme de procès... * Vous y lirez aussi d'élégiaques et caustiques conseils aux jeunes comédiens sur la meilleure école de théâtre : celle de la vie, à condition de la vivre libre et intense !
Paru le 15/11/2003
RECOUVRE-LE DE LUMIÈRE THÉÂTRE DU ROND-POINT Du vendredi 7 novembre au samedi 13 décembre 2003
COMÉDIE DRAMATIQUE. En hommage au torero Nimeño II. Son coeur battait sous mes doigts... J’ai vu toréer Christian pour la première fois en 1976 dans les arènes de Nîmes, au cours d’une novillada qui lui valut sa première Cape d’or. Ce garçon mince, au teint blême, souple comme une fille et courageux comme un samouraï...
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