Dossier par Philippe Escalier
Dix ans après
Autour de Mélanie Page, Bruno Solo et Julien Boisselier
La pièce de David Foenkinos mise en scène par Nicolas Briançon, "Dix ans après", met à l'affiche du Théâtre de Paris un trio de choc constitué de Mélanie Page, Bruno Solo et Julien Boisselier.
Mélanie Page
Comment se passe le travail avec Nicolas Briançon et quel est votre rôle dans cette pièce ?
Je le connaissais, mais c'est la première fois que nous travaillons ensemble. Ce qui est intéressant, c'est la profondeur qu'il recherche dans un personnage. Sa façon de diriger est à la fois précise et ouverte aux suggestions. C'est direct et franc, on avance sans perdre de temps. Mon personnage est une femme amoureuse, forte, ne se laissant pas marcher sur les pieds, qui aime apporter du bonheur, prenant la vie du bon côté. Mais cette femme a plusieurs facettes, elle passe par des états différents, elle est toujours sur le fil. C'est le rôle le plus compliqué que j'ai eu à jouer, un vrai défi, exactement ce que j'adore !
Vous avez dit un jour que vous étiez faite pour être sur scène. Votre dernier film était "Je vais te manquer " en 2009. Le cinéma vous manque-t-il et que ressentez-vous au théâtre ?
C'est de loin l'endroit où je me sens le mieux. J'ai commencé adolescente avec une formation de danseuse, j'ai aimé la scène et tout naturellement, après la danse, je me suis dirigée vers le théâtre. J'aime l'ambiance des plateaux, des tournages mais si je n'étais plus sur les planches, cela me manquerait beaucoup plus. Au cinéma, l'on est dans l'instant et dans l'instinct. Une pièce, c'est tout un cheminement, chaque soir est différent, c'est une construction permanente avec vos partenaires !
On vous sait comédienne, danseuse et aussi chanteuse comme dans le film d'Ivan Calbérac, "On va s'aimer"!
En effet, pour le film j'ai interprété trois chansons en studio. C'est un moment où je partageais déjà l'affiche avec Julien Boisselier qui chantait également. Avec Bruno Solo, nous avons joué ensemble dans "L'Heureux élu" d'Eric Assous. Le hasard a donc bien fait les choses : je tenais vraiment à retravailler avec eux.
Bruno Solo
Comment avez-vous été approché et qu'est ce qui vous a plu dans cette pièce ?
Pour tout dire, j'ai été contacté il y a quelques années. J'ai beaucoup d'admiration et de tendresse pour Foenkinos mais je trouvais qu'il manquait quelque chose au texte. Le temps passe, je le reçois à nouveau, je trouve qu'il a changé. Nous faisons les premières lectures, mais mon impression de départ demeure. J'ai été habitué à dire ce que je ressentais et là, je me permets, en douceur, de faire partager mon sentiment à David et à mes partenaires en leur proposant une fin différente. C'est une audace sans nom. David Foenkinos, avec une humilité, une bienveillance formidables répond oui ! Obtenir son accord et celui de toute l'équipe était capital pour moi qui aime profondément le théâtre, le travail de troupe et cette pièce.
Cela signifie que le théâtre est ce sur quoi vous allez vous concentrer dans les... dix prochaines années ?
Si seulement, je pouvais ! Maintenant, je me régale aussi devant une caméra : je tourne une série pour TF1, je suis comme un dingue, on se balade, on va à l'étranger, cela le théâtre ne nous l'offre pas. La différence fondamentale, c'est qu'au cinéma ou à la télé, on a joué alors qu'au théâtre on joue, on peut tout discuter tout le temps. Avec cette passion de se remettre en question tous les soirs, fusse sur de petits détails.
On sait que vous aimez l'Histoire, vous avez joué deux personnages historiques, Napoléon et Mendés France. Quel autre personnage aimeriez-vous incarner ?
J'ai aussi joué Nietzsche au théâtre. Si je devais en choisir un quatrième, ce serait Garibaldi. J'aime le destin de cet homme ayant eu tous les pouvoirs en main sans les exercer de façon dictatoriale, et qui a été un mercenaire utopique et généreux. J'admire ce qu'il a fait pour l'Italie, pays que j'adore.
Et physiquement ça pourrait coller !
Oui, quand ma barbe sera encore plus blanche !
Julien Boisselier
Quel est vôtre rôle et comment le ressentez-vous ?
Je joue un écrivain. J'ai cette responsabilité que l'auteur de la pièce m'a donnée. C'est pas plus dur qu'un autre rôle. Je fais avec ma personnalité et j'essaie de servir l'univers de l'auteur et du metteur en scène.
Vous avez eu au début des rôles de héros romantiques. Vous avez réussi à sortir de ce carcan. Comment cela s'est passé ?
Je dois cela à Nicolas Boukrief, qui compte pour moi et qui, le premier, m'a donné un rôle de "méchant". Cela n'a rien d'évident, moi qui commence à faire de la mise en scène au théâtre, je sais que mes choix peuvent dépendre de certains archétypes de personnages.
Peut-on dire que "12 millimètres" a été un spectacle marquant pour vous ?
Oui clairement ! D'abord, j'ai initié pour la première fois un projet, écrit par deux amis, ensuite, seul sur scène, j'ai pu m'affirmer et découvrir plein de choses sur moi et sur ce métier. Ceci étant dit, rejouer avec des partenaires, cela me parait tellement plus facile et agréable. Ce métier, c'est du partage. J'adore des gens comme Caubère mais il y a pour moi un vrai plaisir à travailler avec une équipe, à échanger sur un plateau.
"12 millimètres" célébrait votre passion pour la gastronomie !
Je suis fasciné par la cuisine, par les grands chefs. Ce sont des artistes à la recherche de quelque chose qui n'existe pas : la perfection ! Ils courent tous après cela. Ils ne supportent pas l'idée de ne pas être en cuisine un seul soir. Ils me fascinent par leur côté obsessionnel. C'est probablement l'une des plus belles qualités d'un artiste.
Obsessionnel, vous l'êtes ?
Inévitablement, jouer c'est une quête de perfection. Un cuisinier peut passer des années à élaborer un plat, un acteur des heures sur une phrase ou un mot. Plus on travaille, moins le travail se voit. On ne peut pas faire ce métier sans passion... et sans obsession !
Comment se passe le travail avec Nicolas Briançon et quel est votre rôle dans cette pièce ?
Je le connaissais, mais c'est la première fois que nous travaillons ensemble. Ce qui est intéressant, c'est la profondeur qu'il recherche dans un personnage. Sa façon de diriger est à la fois précise et ouverte aux suggestions. C'est direct et franc, on avance sans perdre de temps. Mon personnage est une femme amoureuse, forte, ne se laissant pas marcher sur les pieds, qui aime apporter du bonheur, prenant la vie du bon côté. Mais cette femme a plusieurs facettes, elle passe par des états différents, elle est toujours sur le fil. C'est le rôle le plus compliqué que j'ai eu à jouer, un vrai défi, exactement ce que j'adore !
Vous avez dit un jour que vous étiez faite pour être sur scène. Votre dernier film était "Je vais te manquer " en 2009. Le cinéma vous manque-t-il et que ressentez-vous au théâtre ?
C'est de loin l'endroit où je me sens le mieux. J'ai commencé adolescente avec une formation de danseuse, j'ai aimé la scène et tout naturellement, après la danse, je me suis dirigée vers le théâtre. J'aime l'ambiance des plateaux, des tournages mais si je n'étais plus sur les planches, cela me manquerait beaucoup plus. Au cinéma, l'on est dans l'instant et dans l'instinct. Une pièce, c'est tout un cheminement, chaque soir est différent, c'est une construction permanente avec vos partenaires !
On vous sait comédienne, danseuse et aussi chanteuse comme dans le film d'Ivan Calbérac, "On va s'aimer"!
En effet, pour le film j'ai interprété trois chansons en studio. C'est un moment où je partageais déjà l'affiche avec Julien Boisselier qui chantait également. Avec Bruno Solo, nous avons joué ensemble dans "L'Heureux élu" d'Eric Assous. Le hasard a donc bien fait les choses : je tenais vraiment à retravailler avec eux.
Bruno Solo
Comment avez-vous été approché et qu'est ce qui vous a plu dans cette pièce ?
Pour tout dire, j'ai été contacté il y a quelques années. J'ai beaucoup d'admiration et de tendresse pour Foenkinos mais je trouvais qu'il manquait quelque chose au texte. Le temps passe, je le reçois à nouveau, je trouve qu'il a changé. Nous faisons les premières lectures, mais mon impression de départ demeure. J'ai été habitué à dire ce que je ressentais et là, je me permets, en douceur, de faire partager mon sentiment à David et à mes partenaires en leur proposant une fin différente. C'est une audace sans nom. David Foenkinos, avec une humilité, une bienveillance formidables répond oui ! Obtenir son accord et celui de toute l'équipe était capital pour moi qui aime profondément le théâtre, le travail de troupe et cette pièce.
Cela signifie que le théâtre est ce sur quoi vous allez vous concentrer dans les... dix prochaines années ?
Si seulement, je pouvais ! Maintenant, je me régale aussi devant une caméra : je tourne une série pour TF1, je suis comme un dingue, on se balade, on va à l'étranger, cela le théâtre ne nous l'offre pas. La différence fondamentale, c'est qu'au cinéma ou à la télé, on a joué alors qu'au théâtre on joue, on peut tout discuter tout le temps. Avec cette passion de se remettre en question tous les soirs, fusse sur de petits détails.
On sait que vous aimez l'Histoire, vous avez joué deux personnages historiques, Napoléon et Mendés France. Quel autre personnage aimeriez-vous incarner ?
J'ai aussi joué Nietzsche au théâtre. Si je devais en choisir un quatrième, ce serait Garibaldi. J'aime le destin de cet homme ayant eu tous les pouvoirs en main sans les exercer de façon dictatoriale, et qui a été un mercenaire utopique et généreux. J'admire ce qu'il a fait pour l'Italie, pays que j'adore.
Et physiquement ça pourrait coller !
Oui, quand ma barbe sera encore plus blanche !
Julien Boisselier
Quel est vôtre rôle et comment le ressentez-vous ?
Je joue un écrivain. J'ai cette responsabilité que l'auteur de la pièce m'a donnée. C'est pas plus dur qu'un autre rôle. Je fais avec ma personnalité et j'essaie de servir l'univers de l'auteur et du metteur en scène.
Vous avez eu au début des rôles de héros romantiques. Vous avez réussi à sortir de ce carcan. Comment cela s'est passé ?
Je dois cela à Nicolas Boukrief, qui compte pour moi et qui, le premier, m'a donné un rôle de "méchant". Cela n'a rien d'évident, moi qui commence à faire de la mise en scène au théâtre, je sais que mes choix peuvent dépendre de certains archétypes de personnages.
Peut-on dire que "12 millimètres" a été un spectacle marquant pour vous ?
Oui clairement ! D'abord, j'ai initié pour la première fois un projet, écrit par deux amis, ensuite, seul sur scène, j'ai pu m'affirmer et découvrir plein de choses sur moi et sur ce métier. Ceci étant dit, rejouer avec des partenaires, cela me parait tellement plus facile et agréable. Ce métier, c'est du partage. J'adore des gens comme Caubère mais il y a pour moi un vrai plaisir à travailler avec une équipe, à échanger sur un plateau.
"12 millimètres" célébrait votre passion pour la gastronomie !
Je suis fasciné par la cuisine, par les grands chefs. Ce sont des artistes à la recherche de quelque chose qui n'existe pas : la perfection ! Ils courent tous après cela. Ils ne supportent pas l'idée de ne pas être en cuisine un seul soir. Ils me fascinent par leur côté obsessionnel. C'est probablement l'une des plus belles qualités d'un artiste.
Obsessionnel, vous l'êtes ?
Inévitablement, jouer c'est une quête de perfection. Un cuisinier peut passer des années à élaborer un plat, un acteur des heures sur une phrase ou un mot. Plus on travaille, moins le travail se voit. On ne peut pas faire ce métier sans passion... et sans obsession !
Paru le 04/02/2020
(87 notes) THÉÂTRE DE PARIS - SALLE RÉJANE Du mardi 21 janvier au jeudi 29 octobre 2020
COMÉDIE. Faut-il présenter son meilleur ami à la femme qu'on aime? Faut-il dîner tous les jeudis soir avec Bernard et Nicole? Les gens pauvres s’aiment-ils plus longtemps que les riches? Peut-on choisir son successeur quand on quitte sa femme? Un écrivain est-il forcément plus drôle qu’un assureur? Faut-il...
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