Quelle est la genèse de cette pièce, écrite avec Isabelle Linnartz, à partir de témoignages réels?
Nous les artistes avons pour but d'éveiller les consciences, de susciter des débats. Je tente ainsi de sensibiliser, jour après jour, à l'égalité entre les femmes et les hommes. Or, tant que des femmes seront vendues, achetées, violées, battues, violentées, l'égalité entre les sexes restera lettre morte. Quand le Mouvement du Nid, association qui vient en aide aux prostituées, m'a demandé de lire leurs paroles en public, j'ai immédiatement su que j'en ferais une pièce et endosserais le rôle de Rosen Hicher, figure de proue de ces femmes (Rose dans la pièce). Mais j'ai choisi de le faire avec Isabelle dont l'œil neuf a abouti à une œuvre théâtrale à part entière, qui donne à voir sans donner de leçons, offre des moments forts, beaux, drôles...

Qu'en espérez-vous ?
Si, chaque soir, un seul spectateur homme pouvait prendre conscience de la violence qu'il est susceptible d'engendrer, ce ne serait pas vain ! Car il est ici question d'une forme d'esclavage, de traite d'êtres humains et de viol... même s'il y a échange d'argent consenti puisque, les prostitués, dans l'immense majorité des cas, n'ont pas le choix, doivent multiplier les passes qui marquent leur corps à jamais et avec des clients parfois violents.