Portrait par Didier Roth-Bettoni
Agnès Soral
Elle joue à armes égales avec Bernard Tapie au Théâtre de Paris. Agnès Soral, femme très femme.
Pour tenir l'affiche face à Bernard Tapie, il faut de la personnalité. Par bonheur, Agnès Soral n'en manque pas et réussit avec brio à tirer son épingle du jeu dans "Un beau salaud". Nature, brillante, expansive, séductrice, elle a plus d'un tour dans son sac d'actrice. La preuve par six.
Agnès Soral est belle
C'est une évidence. Mais elle est mieux que cela : éclatante. Sourire omniprésent et séducteur, taille haute et élancée, élégance sexy et regard bleu enjôleur, à peine entrée dans la pièce, on ne voit plus qu'elle. La beauté d'Agnès Soral n'est pas de ces beautés figées pour papier glacé, mais celle, incroyablement vivante, d'une jeune femme bien dans son corps. Et elle a beau dire qu'à 43 ans elle est désormais "une dame", on a du mal à la croire.
Agnès Soral est drôle
"J'ai envie de comédie, profonde ou légère. J'ai cette chance dans la vie de faire rire mes proches et, dans mon métier aussi, j'ai envie de rire et de faire rire. Je ne peux plus me permettre d'aller dans tous les sens, comme je l'ai fait longtemps. Aujourd'hui, j'ai un nom, il faut que je me décide sur mon style." L'actrice a donc décidé : désormais, sur scène ou à l'écran, elle se consacrera à la comédie. "J'ai pris du recul pendant deux ans, j'ai vécu aux États-Unis en me demandant si je n'allais pas arrêter ce métier. Quand j'en parlais, les gens me disaient que ce qu'ils ressentaient de plus fort chez moi, c'était ma pêche. Ils disaient que ça leur faisait du bien. Si c'est ce que je peux apporter aux gens, le sens de ma vie est là." La voilà donc délicieusement amusante dans L'Incruste, un premier film aux côtés de Titoff et Frédéric Diefenthal, dans le nouveau Lelouch, et dans ce néo-Boulevard qu'est Un beau salaud. "C'est une partition un peu particulière, celle d'une belle femme qui n'a pas forcément les bonnes blagues de la pièce, mais qui a une énergie, un franc-parler, de l'humour, qui lui permettent d'exister dans le duel face à Tapie." Vu la faconde et le dynamisme de la comédienne, nul doute qu'elle fasse des étincelles dans un registre où elle a déjà souvent excellé, en particulier dans la série télé Blague à part. "Mais comme j'avance au coup de cœur, à
l'impulsion et à l'instinct, je vais peut-être faire le contraire de ce que je dis...", nuance-t-elle. Ceux qui gardent un souvenir ému de ses compositions dramatiques ne doivent donc pas désespérer.
Agnès Soral n'est pas Lola la Punk
Car c'est bien loin du registre comique que s'est faite la révélation d'Agnès Soral, son rôle le plus célèbre étant même à des années-lumière de cela. Dans Tchao pantin de Claude Berri, elle est, en effet, la paumée Lola la Punk face à Coluche. "Berri avait compris que je pouvais faire un rôle de composition. Je n'avais qu'une culture livresque du monde de Lola, mais comme je dormais peu à l'époque, j'observais beaucoup, ça m'a aidée à choper le rôle. J'ai presque fait un travail de sociologue, en infiltrant le milieu de Lola, en essayant de comprendre." Elle a tellement bien compris qu'elle a décroché une nomination aux César et un malentendu. "Après Tchao pantin, j'ai dû me battre pour prouver aux gens que je n'étais pas le personnage. Je devais démontrer que j'étais autre chose, que je pouvais jouer autre chose."
Agnès Soral a du métier
Découverte par hasard ("J'accompagnais quelqu'un dans ce que je croyais être une agence de mannequins, c'était une agence de comédiens !"), révélée par un rôle risqué dans Un moment d'égarement où, adolescente, elle est souvent nue ("J'ai été vedette malgré moi, après j'ai culpabilisé, car ça me semblait trop facile"), Agnès Soral n'a jamais, par la suite, choisi la facilité, enchaînant, par exemple, une pièce de Françoise Dorin et une autre de Marguerite Duras, au risque de brouiller les pistes. "J'ai fait un vœu quand j'étais jeune : si j'y vais en traînant les pieds, j'arrête. Je l'ai fait pendant deux ans que j'ai mis à profit pour écrire. Et puis quand j'ai joué en même temps des choses aussi différentes que La Chatte sur un toit brûlant, au théâtre et le téléfilm Drôle de genre de Jean-Michel Carré, c'était un vrai défi : j'ai pensé : "Là, je vais savoir si c'est vraiment ça que je veux faire." La réponse a été oui. Je suis siamoise, la femme et l'actrice reliées par le cerveau : si on les sépare, elles meurent."
Agnès Soral
ne se laisse pas faire
Réputation d'insolente, de forte tête, de caractère bien trempé, Agnès Soral dément pourtant. "Je suis un électron libre, atypique, mais pas une révoltée. J'ai trop tendance à me justifier, parfois de façon un peu véhémente... Mais c'est vrai que j'ai eu beaucoup de personnages forts."
Agnès Soral a l'avenir devant elle
"Vieillir n'est pas forcément un mal", dit celle qui vient de s'écrire un spectacle intitulé Vous étiez venu pour écouter Ronsard avec la complicité de Jacques Pessis. "Cela apporte la maturité, la plénitude. C'est facile d'être beau à 20 ans, à 40 ans, il y a l'âme qui ressort. J'arrive à un âge où je peux trouver mon plein emploi car je suis en concordance totale avec mon temps : une femme qui assume ses désirs, avec de l'humour, tout en restant féminine, gracieuse, consommable, cultivant l'art de la futilité tout en pouvant tenir une discussion..." Vingt-cinq ans après ses débuts, Agnès Soral ne cultive pas la nostalgie quand elle se retourne sur son parcours bien rempli.
"J'aurais des regrets si j'avais la sensation d'être à la fin de ma carrière, mais j'ai le sentiment d'en être à son milieu. Mon seul regret peut-être : avoir été célèbre avant d'avoir su faire mon métier. La célébrité devrait être l'accomplissement d'un travail." L'avenir lui est ouvert...
Ses dates
1960 : Naissance.
1977 : Premier film, "Un moment d'égarement", de Claude Berri, où adolescente, elle trouble Jean-Pierre Marielle.
1984 : Nomination au César du
meilleur espoir pour sa composition face à Coluche dans "Tchao pantin" de Claude Berri.
1988 : Dans "Prisonnières", Charlotte Silvera lui assigne encore un rôle très dur : celui d'une infanticide. Début d'une amitié fidèle.
1989 : "Des journées entières dans les arbres", de Marguerite Duras sur scène.
1990 : Est "Calamity Jane" dans la
pièce éponyme de Jean-Noël Fenwick.
1993 : Enchaîne deux Maigret pour
la télé.
1998 : Participe à la sitcom "Blague à part" sur Canal +.
2002 : Deux rôles presque opposés : "La Chatte sur un toit brûlant" sur scène et "Drôle de genre" à la télé.
2004 : "Un beau salaud" face à Bernard Tapie. Mais aussi deux films : "L'Incruste" et "Les Parisiens" de Claude Lelouch.
C'est une évidence. Mais elle est mieux que cela : éclatante. Sourire omniprésent et séducteur, taille haute et élancée, élégance sexy et regard bleu enjôleur, à peine entrée dans la pièce, on ne voit plus qu'elle. La beauté d'Agnès Soral n'est pas de ces beautés figées pour papier glacé, mais celle, incroyablement vivante, d'une jeune femme bien dans son corps. Et elle a beau dire qu'à 43 ans elle est désormais "une dame", on a du mal à la croire.
Agnès Soral est drôle
"J'ai envie de comédie, profonde ou légère. J'ai cette chance dans la vie de faire rire mes proches et, dans mon métier aussi, j'ai envie de rire et de faire rire. Je ne peux plus me permettre d'aller dans tous les sens, comme je l'ai fait longtemps. Aujourd'hui, j'ai un nom, il faut que je me décide sur mon style." L'actrice a donc décidé : désormais, sur scène ou à l'écran, elle se consacrera à la comédie. "J'ai pris du recul pendant deux ans, j'ai vécu aux États-Unis en me demandant si je n'allais pas arrêter ce métier. Quand j'en parlais, les gens me disaient que ce qu'ils ressentaient de plus fort chez moi, c'était ma pêche. Ils disaient que ça leur faisait du bien. Si c'est ce que je peux apporter aux gens, le sens de ma vie est là." La voilà donc délicieusement amusante dans L'Incruste, un premier film aux côtés de Titoff et Frédéric Diefenthal, dans le nouveau Lelouch, et dans ce néo-Boulevard qu'est Un beau salaud. "C'est une partition un peu particulière, celle d'une belle femme qui n'a pas forcément les bonnes blagues de la pièce, mais qui a une énergie, un franc-parler, de l'humour, qui lui permettent d'exister dans le duel face à Tapie." Vu la faconde et le dynamisme de la comédienne, nul doute qu'elle fasse des étincelles dans un registre où elle a déjà souvent excellé, en particulier dans la série télé Blague à part. "Mais comme j'avance au coup de cœur, à
l'impulsion et à l'instinct, je vais peut-être faire le contraire de ce que je dis...", nuance-t-elle. Ceux qui gardent un souvenir ému de ses compositions dramatiques ne doivent donc pas désespérer.
Agnès Soral n'est pas Lola la Punk
Car c'est bien loin du registre comique que s'est faite la révélation d'Agnès Soral, son rôle le plus célèbre étant même à des années-lumière de cela. Dans Tchao pantin de Claude Berri, elle est, en effet, la paumée Lola la Punk face à Coluche. "Berri avait compris que je pouvais faire un rôle de composition. Je n'avais qu'une culture livresque du monde de Lola, mais comme je dormais peu à l'époque, j'observais beaucoup, ça m'a aidée à choper le rôle. J'ai presque fait un travail de sociologue, en infiltrant le milieu de Lola, en essayant de comprendre." Elle a tellement bien compris qu'elle a décroché une nomination aux César et un malentendu. "Après Tchao pantin, j'ai dû me battre pour prouver aux gens que je n'étais pas le personnage. Je devais démontrer que j'étais autre chose, que je pouvais jouer autre chose."
Agnès Soral a du métier
Découverte par hasard ("J'accompagnais quelqu'un dans ce que je croyais être une agence de mannequins, c'était une agence de comédiens !"), révélée par un rôle risqué dans Un moment d'égarement où, adolescente, elle est souvent nue ("J'ai été vedette malgré moi, après j'ai culpabilisé, car ça me semblait trop facile"), Agnès Soral n'a jamais, par la suite, choisi la facilité, enchaînant, par exemple, une pièce de Françoise Dorin et une autre de Marguerite Duras, au risque de brouiller les pistes. "J'ai fait un vœu quand j'étais jeune : si j'y vais en traînant les pieds, j'arrête. Je l'ai fait pendant deux ans que j'ai mis à profit pour écrire. Et puis quand j'ai joué en même temps des choses aussi différentes que La Chatte sur un toit brûlant, au théâtre et le téléfilm Drôle de genre de Jean-Michel Carré, c'était un vrai défi : j'ai pensé : "Là, je vais savoir si c'est vraiment ça que je veux faire." La réponse a été oui. Je suis siamoise, la femme et l'actrice reliées par le cerveau : si on les sépare, elles meurent."
Agnès Soral
ne se laisse pas faire
Réputation d'insolente, de forte tête, de caractère bien trempé, Agnès Soral dément pourtant. "Je suis un électron libre, atypique, mais pas une révoltée. J'ai trop tendance à me justifier, parfois de façon un peu véhémente... Mais c'est vrai que j'ai eu beaucoup de personnages forts."
Agnès Soral a l'avenir devant elle
"Vieillir n'est pas forcément un mal", dit celle qui vient de s'écrire un spectacle intitulé Vous étiez venu pour écouter Ronsard avec la complicité de Jacques Pessis. "Cela apporte la maturité, la plénitude. C'est facile d'être beau à 20 ans, à 40 ans, il y a l'âme qui ressort. J'arrive à un âge où je peux trouver mon plein emploi car je suis en concordance totale avec mon temps : une femme qui assume ses désirs, avec de l'humour, tout en restant féminine, gracieuse, consommable, cultivant l'art de la futilité tout en pouvant tenir une discussion..." Vingt-cinq ans après ses débuts, Agnès Soral ne cultive pas la nostalgie quand elle se retourne sur son parcours bien rempli.
"J'aurais des regrets si j'avais la sensation d'être à la fin de ma carrière, mais j'ai le sentiment d'en être à son milieu. Mon seul regret peut-être : avoir été célèbre avant d'avoir su faire mon métier. La célébrité devrait être l'accomplissement d'un travail." L'avenir lui est ouvert...
Ses dates
1960 : Naissance.
1977 : Premier film, "Un moment d'égarement", de Claude Berri, où adolescente, elle trouble Jean-Pierre Marielle.
1984 : Nomination au César du
meilleur espoir pour sa composition face à Coluche dans "Tchao pantin" de Claude Berri.
1988 : Dans "Prisonnières", Charlotte Silvera lui assigne encore un rôle très dur : celui d'une infanticide. Début d'une amitié fidèle.
1989 : "Des journées entières dans les arbres", de Marguerite Duras sur scène.
1990 : Est "Calamity Jane" dans la
pièce éponyme de Jean-Noël Fenwick.
1993 : Enchaîne deux Maigret pour
la télé.
1998 : Participe à la sitcom "Blague à part" sur Canal +.
2002 : Deux rôles presque opposés : "La Chatte sur un toit brûlant" sur scène et "Drôle de genre" à la télé.
2004 : "Un beau salaud" face à Bernard Tapie. Mais aussi deux films : "L'Incruste" et "Les Parisiens" de Claude Lelouch.
Paru le 15/03/2004
UN BEAU SALAUD THÉÂTRE DE PARIS Du vendredi 30 janvier au samedi 29 mai 2004
COMÉDIE. “Le jour de son anniversaire, François décide de quitter sa femme pour une plus jeune. Quel beau salaud! Classique? Déjà vu? Mais quand c’est Bernard Tapie qui orchestre cette comédie moderne et qui perd le contrôle entre une “ex” trop maternelle, une “légitime” trop compréhensive, une “ maîtresse...
|