Portrait par Manuel Piolat Soleymat
Juliette
On n’a pas tous les jours 20 ans !
Au milieu des années 1980, elle faisait ses premiers pas de chanteuse à Toulouse. Devenue, depuis, l'artiste fétiche de la scène intello-déjantée française, Juliette célèbre aujourd'hui ses 20 ans de chansons sur les planches de la Salle Gaveau. Un récital qui promet de réserver moult surprises...
Décidément, Juliette ne fait rien comme les autres. Pour pareille occasion, certaines auraient mis les petits plats dans les grands, se seraient lovées dans une robe au décolleté ambitieux (elle en a les moyens !). Elle, non. Elle enfile un bleu de travail et plonge les mains dans le cambouis ! Oui, vous avez bien lu. Juliette fête ses 20 ans de carrière au milieu de moteurs et de pièces détachées, dans l'ambiance laborieuse d'un garage automobile. Histoire de prouver qu'écrire des chansons, c'est un vrai travail.
Depuis toujours, la chanteuse aime donner corps à ses extravagances, se sentir libre. Non seulement dans ses chansons, mais également sur scène et dans la vie. Dès ses débuts, dans des pianos-bars de la région toulousaine, elle impose sa forte personnalité. "Généralement, lorsque les gens viennent dans les pianos-bars, c'est plutôt pour le bar que pour le piano ! L'artiste est un peu considéré comme un fond musical... Mais moi, à l'époque, j'étais déjà assez teigne pour exiger un minimum d'attention !" Comment s'y prenait-elle ? Tout simplement en criant : "On se tait quand je chante !" Peu à peu, de scène en scène, elle conquiert un public de véritables aficionados. Après avoir interprété des chansons de Boby Lapointe, Boris Vian, Édith Piaf..., elle crée son propre répertoire : Juliette devient enfin Juliette. En 1985, elle est invitée au Printemps de Bourges. Le franc succès qu'elle y obtient lance définitivement sa carrière. Il lui faudra cependant attendre douze ans pour être consacrée par une Victoire de la musique. Celle de la
révélation de l'année, en 1997.
En dehors des modes...
Son univers l'a souvent placée un peu en marge des autoroutes de la chanson française. Et pour cause ! Textes et musiques très écrits, humour décapant, intelligence du propos..., Juliette s'est toujours moquée des tendances et des normes.
"La musique que j'aime, que je compose, est pour moi en dehors des modes, même si, à vue de nez, on peut se dire : c'est un peu rétro, un peu obsolète, un peu je ne sais quoi... Moi, j'ai été bercée par Maurice Ravel et Franck Zappa, c'est-à-dire par de la musique très arrangée, très construite. Il est rare que je fasse une chanson qui tienne en deux phrases, avec un petit refrain. J'ai envie de raconter des histoires, d'écrire comme des courts-métrages." Pour elle, peu importe que certaines de ses chansons, dépassant cinq ou six minutes, soient écartées des programmations radiophoniques. Ce qui prime avant tout c'est l'artistique, le plaisir qu'elle prend à faire son métier.
Changement de programme
tous les soirs !
Juliette, hédoniste ? D'une certaine façon, oui. Par exemple, à Gaveau (salle qu'elle investit pour la troisième fois), ne croyez pas qu'elle va se soumettre au passage obligé de ses chansons les plus populaires. Ce serait mal la connaître ! Elle a décidé de choisir, subjectivement, les titres qui lui font le plus plaisir, en s'autorisant à changer le programme, si l'envie lui en prend.
"Sur scène, tout est remis en cause en permanence. Moi-même, je ne sais pas toujours ce que je vais faire ou dire. Mes musiciens et moi sommes souvent dans l'improvisation. Tout le monde est sur le qui-vive, prêt à réagir, à rebondir. Évidemment, tout ça repose sur une structure, des points de repère, faute de quoi ça pourrait s'arrêter très vite, ou au contraire
continuer très longtemps !"
Sans a priori...
Vous l'avez compris, il s'agit d'une artiste exigeante. Mais elle n'en reste pas moins ouverte sur ce qui l'entoure, refusant les tours d'ivoire. Preuve en est, elle vient d'écrire une chanson pour Olivia Ruiz, jeune chanteuse issue de la Star Academy, que l'on croirait à tort aux antipodes de son monde. Mais en plus de l'humour, Juliette détient dans sa caisse à outils une belle qualité : elle évite les a priori.
"Avoir fait la Star Academy, c'est une maladie qui se soigne ! Olivia est une fille talentueuse et sympathique à qui je souhaite une belle carrière. Je ne pense pas qu'elle soit la plus grande chanteuse du monde, mais moi non plus ! Entre deux chanteuses qui ne sont pas les plus grandes du monde, on peut s'entendre !"
Sa discographie :
Que tal (1991, enregistrement public).
Irrésistible (1993).
Rimes féminines (1996).
Deux pianos à Gaveau
(1998, enregistrement public).
Assassins sans couteaux (1998).
Le Festin de Juliette (2002).
À paraître :
Ma vie, mon œuvre (vol. 1) 20 ans, 20 chansons (mars 2004).
Nouvel album prévu pour
l'automne 2004.
Depuis toujours, la chanteuse aime donner corps à ses extravagances, se sentir libre. Non seulement dans ses chansons, mais également sur scène et dans la vie. Dès ses débuts, dans des pianos-bars de la région toulousaine, elle impose sa forte personnalité. "Généralement, lorsque les gens viennent dans les pianos-bars, c'est plutôt pour le bar que pour le piano ! L'artiste est un peu considéré comme un fond musical... Mais moi, à l'époque, j'étais déjà assez teigne pour exiger un minimum d'attention !" Comment s'y prenait-elle ? Tout simplement en criant : "On se tait quand je chante !" Peu à peu, de scène en scène, elle conquiert un public de véritables aficionados. Après avoir interprété des chansons de Boby Lapointe, Boris Vian, Édith Piaf..., elle crée son propre répertoire : Juliette devient enfin Juliette. En 1985, elle est invitée au Printemps de Bourges. Le franc succès qu'elle y obtient lance définitivement sa carrière. Il lui faudra cependant attendre douze ans pour être consacrée par une Victoire de la musique. Celle de la
révélation de l'année, en 1997.
En dehors des modes...
Son univers l'a souvent placée un peu en marge des autoroutes de la chanson française. Et pour cause ! Textes et musiques très écrits, humour décapant, intelligence du propos..., Juliette s'est toujours moquée des tendances et des normes.
"La musique que j'aime, que je compose, est pour moi en dehors des modes, même si, à vue de nez, on peut se dire : c'est un peu rétro, un peu obsolète, un peu je ne sais quoi... Moi, j'ai été bercée par Maurice Ravel et Franck Zappa, c'est-à-dire par de la musique très arrangée, très construite. Il est rare que je fasse une chanson qui tienne en deux phrases, avec un petit refrain. J'ai envie de raconter des histoires, d'écrire comme des courts-métrages." Pour elle, peu importe que certaines de ses chansons, dépassant cinq ou six minutes, soient écartées des programmations radiophoniques. Ce qui prime avant tout c'est l'artistique, le plaisir qu'elle prend à faire son métier.
Changement de programme
tous les soirs !
Juliette, hédoniste ? D'une certaine façon, oui. Par exemple, à Gaveau (salle qu'elle investit pour la troisième fois), ne croyez pas qu'elle va se soumettre au passage obligé de ses chansons les plus populaires. Ce serait mal la connaître ! Elle a décidé de choisir, subjectivement, les titres qui lui font le plus plaisir, en s'autorisant à changer le programme, si l'envie lui en prend.
"Sur scène, tout est remis en cause en permanence. Moi-même, je ne sais pas toujours ce que je vais faire ou dire. Mes musiciens et moi sommes souvent dans l'improvisation. Tout le monde est sur le qui-vive, prêt à réagir, à rebondir. Évidemment, tout ça repose sur une structure, des points de repère, faute de quoi ça pourrait s'arrêter très vite, ou au contraire
continuer très longtemps !"
Sans a priori...
Vous l'avez compris, il s'agit d'une artiste exigeante. Mais elle n'en reste pas moins ouverte sur ce qui l'entoure, refusant les tours d'ivoire. Preuve en est, elle vient d'écrire une chanson pour Olivia Ruiz, jeune chanteuse issue de la Star Academy, que l'on croirait à tort aux antipodes de son monde. Mais en plus de l'humour, Juliette détient dans sa caisse à outils une belle qualité : elle évite les a priori.
"Avoir fait la Star Academy, c'est une maladie qui se soigne ! Olivia est une fille talentueuse et sympathique à qui je souhaite une belle carrière. Je ne pense pas qu'elle soit la plus grande chanteuse du monde, mais moi non plus ! Entre deux chanteuses qui ne sont pas les plus grandes du monde, on peut s'entendre !"
Sa discographie :
Que tal (1991, enregistrement public).
Irrésistible (1993).
Rimes féminines (1996).
Deux pianos à Gaveau
(1998, enregistrement public).
Assassins sans couteaux (1998).
Le Festin de Juliette (2002).
À paraître :
Ma vie, mon œuvre (vol. 1) 20 ans, 20 chansons (mars 2004).
Nouvel album prévu pour
l'automne 2004.
Paru le 15/03/2004
JULIETTE : MA VIE, MON ŒUVRE, MON ORCHESTRE SALLE GAVEAU Du jeudi 18 mars au dimanche 11 avril 2004
CHANSONS. "Bienvenue dans mon atelier... Certains croient que je répète et prépare mes chansons dans l'atmosphère ouatée et décadente d'un salon rouge rococo. Il n'en est rien. Je bosse dans un garage, au milieu des pneus, des bidons d'huile de vidange, des moteurs que je démonte pour me distraire. Parce qu...
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